mardi 9 juillet 2013

Contre la toux, le miel plus efficace que les sirops



Le miel est vraiment bon contre la toux… Des chercheurs ont mené l’enquête...En effet, une petite cuillère de miel avant d’aller se coucher calmerait bien la toux nocturne des enfants. La preuve scientifique vient d’être apportée.

Vous voulez dire qu’une étude très sérieuse a permis de vérifier la véracité d’une vieille recette de grand-mère ?Oui, exactement, c’est la revue scientifique Pediatrics qui le révèle. En fait, des chercheurs ont recruté 300 enfants de 1 à 5 ans qui souffraient d’une infection respiratoire. La moitié recevait 10g de miel et l’autre moitié du sirop de datte. Le tout était donné une demi-heure avant d’aller au lit.

Alors, quels sont les résultats ?Et bien le miel faisait mieux que le sirop de datte, il a clairement des vertus apaisantes. Non seulement, la toux était moins fréquente et moins sévère mais l’enfant avait aussi une meilleure qualité de sommeil. Et, on aurait pu sans douter, les parents aussi pouvaient enfin dormir sur leurs deux oreilles. Ca aussi, les chercheurs l’ont mesurés

Et sait-on quel miel est le plus efficace ?
Alors, tous les miels n’ont pas été comparés. Mais, les enfants avaient avalé du miel d'eucalyptus, d'agrumes ou de plantes aromatiques, type lavande ou romarin, et les résultats étaient comparables avec ces 3 miels. Les auteurs de l’étude donnent malgré tout un conseil. Selon eux, c’est parce que le miel est très riche en antioxydants qu’il peut être une arme efficace contre les infections à l'origine du rhume». Or, ce sont les miels les plus sombres qui contiennent le plus d'antioxydants.

Est-ce que l’on peut en conclure que le miel est une alternative aux sirops contre la toux ?Oui, et d’ailleurs l’Organisation mondiale de la santé encourage déjà l’utilisation de traitements simples, peu chers et ayant peu d’effets indésirables à base de miel et de jus de citron. C’est d’autant plus utile qu’aucun médicament n’a démontré qu’il diminuait la durée et l’intensité des épisodes de toux. Et depuis 2010, 3 types de sirop comme les mucolytiques, sont contre-indiqués chez le nourrisson. Cependant, dans la majorité des cas, la toux disparaît, toute seule, au bout de 10 jours.

Contre la toux, le miel plus efficace que les sirops



Le miel est vraiment bon contre la toux… Des chercheurs ont mené l’enquête...En effet, une petite cuillère de miel avant d’aller se coucher calmerait bien la toux nocturne des enfants. La preuve scientifique vient d’être apportée.

Vous voulez dire qu’une étude très sérieuse a permis de vérifier la véracité d’une vieille recette de grand-mère ?Oui, exactement, c’est la revue scientifique Pediatrics qui le révèle. En fait, des chercheurs ont recruté 300 enfants de 1 à 5 ans qui souffraient d’une infection respiratoire. La moitié recevait 10g de miel et l’autre moitié du sirop de datte. Le tout était donné une demi-heure avant d’aller au lit.

Alors, quels sont les résultats ?Et bien le miel faisait mieux que le sirop de datte, il a clairement des vertus apaisantes. Non seulement, la toux était moins fréquente et moins sévère mais l’enfant avait aussi une meilleure qualité de sommeil. Et, on aurait pu sans douter, les parents aussi pouvaient enfin dormir sur leurs deux oreilles. Ca aussi, les chercheurs l’ont mesur

Et sait-on quel miel est le plus efficace ?
Alors, tous les miels n’ont pas été comparés. Mais, les enfants avaient avalé du miel d'eucalyptus, d'agrumes ou de plantes aromatiques, type lavande ou romarin, et les résultats étaient comparables avec ces 3 miels. Les auteurs de l’étude donnent malgré tout un conseil. Selon eux, c’est parce que le miel est très riche en antioxydants qu’il peut être une arme efficace contre les infections à l'origine du rhume». Or, ce sont les miels les plus sombres qui contiennent le plus d'antioxydants.

Est-ce que l’on peut en conclure que le miel est une alternative aux sirops contre la toux ?Oui, et d’ailleurs l’Organisation mondiale de la santé encourage déjà l’utilisation de traitements simples, peu chers et ayant peu d’effets indésirables à base de miel et de jus de citron. C’est d’autant plus utile qu’aucun médicament n’a démontré qu’il diminuait la durée et l’intensité des épisodes de toux. Et depuis 2010, 3 types de sirop comme les mucolytiques, sont contre-indiqués chez le nourrisson. Cependant, dans la majorité des cas, la toux disparaît, toute seule, au bout de 10 jours.

Le sport intensif abîme le coeur

Il faut de la modération en tout ! C’est du bon sens, mais on aurait pu croire qu’avec le sport on pouvait se lâcher !Et bien non ! Boire, manger ou faire du sport, c’est pareil : il faut consommer avec modération. On aurait pu croire que le sport ou plutôt l’activité physique échappait à cette règle, mais une étude vient de montrer qu’il n'en est rien : activité physique ou sport, point trop n’en faut !

Mais pourtant tous les médecins ne cessent de répéter que pratiquer une activité physique est bon pour tout.Oui je ne vais pas revenir sur ce point qui fait l'unanimité, à savoir qu’un exercice 4 à 5 fois par semaine, de 30 à 40 mn est excellent pour la santé cardiovasculaire et la santé en général. Mais certains médecins allaient au-delà et pensaient que courir des marathons immunisait contre les attaques cardiaques. Mais force est de le reconnaître : un exercice trop poussé et pratiqué très régulièrement  comme des marathons ou des semi-marathons produit des contraintes insupportables pour le cœur, même si le risque de s’écrouler au cours d’un tel exercice est faible : il ne ne dépasse pas 1 décès pour 200 000 participants.

Donc quelle est la durée idéale pour la santé d’une activité physique ?Une étude a permis de répondre à cette question :elle a suivi 416 000 adultes pendant 8 ans en moyenne et a montré que 40 à 50 mn d’exercice vigoureux et quotidiens diminue le risque de décès d’environ 40%. Ce n'est pas tout : pour ces durées, on observe aussi une diminution du nombre de maladie d'Alzheimer, de maladie des coronaires, de diabète, d’ostéoporose  et même de dépression.

L'activité physique est donc bien le médicament universel  !Oui mais seulement lorsque l'activité dure  40mn en moyenne. Mais cette même étude montre aussi qu’aller au-delà de de 45 mn, n’apporte aucun bénéfice supplémentaire et abime le cœur.

Et que se passe-t-il au niveau du cœur ?On a vu se produire des microdéchirures sur le muscle cardiaque qui se réparent si on reste au repos pendant la semaine suivante. A la longue, des troubles du rythme peuvent apparaitre comme une fibrillation auriculaire qui est trois fois plus fréquente chez les anciens marathoniens que dans la population tout venante. Les plaques d’athérosclérose ont aussi été retrouvées agrandies  dans les coronaires des marathoniens réguliers. En un mot trop de sport, tue le cœur .

L'eau du robinet pour nettoyer les plaies

Elle a tout pour elle! Peu onéreuse et tout aussi efficace que des produits plus sophistiqués, c’est l’eau du robinet pour nettoyer les plaies !C’est ce que vient de démontrer de façon très scientifique une équipe américaine : l’eau du robinet fait aussi bien que des solutions antiseptiques classiques pour nettoyer et éviter l’infection d’une plaie. L’expérience s’est déroulée dans un service d’urgence d’un hôpital californien. Les plaies dues à des traumatismes et accidents constituent une des principales causes d'admission. Les médecins ont comparé 2 traitements de nettoyage de ces lésions : les traditionnelles solutions antiseptiques et l’eau du robinet pour laver les plaies. Et l’eu est sortie gagnante !

Pourquoi faut-il laver une plaie ?Pour enlever les corps étrangers qui n’ont pas manqué de se mettre à l’intérieur. La peau constitue une véritable barrière hermétique à quasiment tout, mais dès qu’une brèche est constituée , les germes, les poussières, la terre bref tout ce que la peau a touché en se blessant peut se loger à l’intérieur. Et créer une infection. L’infection est la complication la plus fréquente et la plus grave pour toutes les plaies.

Comment on explique –t-on que l’eau fait aussi bien que des produits classiques ?Les chercheurs font observer que l’eau du robinet par sa constitution neutre  et son ajout en chlore, tue les bactéries. De plus en l’appliquant généreusement , quasiment à la douchette, elle exerce un effet mécanique en débarrassant le fond de la plaie de tout ce qu’elle contient. Dernier avantage , elle est économiquement imbattable.

Quels conseils  peut-on donner?Revenir à ce que préconisaient nos grand-mères : elles avaient donc bien raison de mettre les genoux ensanglantés des petits sous la douche et de les laver au savon de Marseille. La mousse entraîne aussi tous les corps étrangers.  Après ce bon lavage à grande eau et en serrant fort les dents, il suffit de mettre un antiseptique et protéger par un pansement qui évite les surinfections et les traumatismes sur cette partie sensible .
En revanche, ce qu’elles négligaient, c’était de vérifier que la vaccination anti-tétanique était bien à jour.  Et le rappel, c'est tous les 10 ans !

Nos doigts, reflets de notre caractère

Nos doigts en disent long sur nous et en particulier sur notre caractère! Pour notre identité, il y a les empreintes digitales. Ce sont les marques laissées par des sillons sur les pulpes des doigts. Le dessin qu’elles forment est propre à chacun d’entre nous ce qui permet donc une identification. Ces lignes apparaissent bien avant la naissance, très tôt dans la vie intra-utérine et seront définitives. La probabilité d’en trouver 2 semblables est infime : de l’ordre d’une chance sur 64 milliards et même chez des vrais jumeaux, elles sont différentes.

Voilà pour l’identité, mais pour le caractère, que disent nos doigts ?Là il faut regarder la longueur des doigts et en particulier celle de l’index et de l’annulaire. Je m’explique : si votre annulaire, le 4ème doigt, est plus long que votre index , c’est que vous avez tendance à être violent verbalement!

Comment peut-on en arriver à cette conclusion?De récentes recherches américaines ont montré que la longueur des doigts est directement liée aux hormones qui agissent pendant le développement de l’embryon. Les œstrogènes, hormones féminines, favorisent l’allongement de l’index, alors que la testostérone, leur homologue masculin, contribue à former de longs annulaires. Donc la différence de longueur entre les deuxième et quatrième doigts de la main, permet d’estimer l’exposition prénatale à l’hormone masculine, la testostérone.

Mais de là à rapporter cela au caractère, il y a un certain pas à franchir ...Et bien les Américains l’ont fait . Ils ont étudié le caractère et en particulier, l’agressivité verbale de nombreuses personnes. Conclusion : les hommes et les femmes dont l’annulaire est plus long que l’index font preuve de davantage d’agressivité verbale.

Ejaculation féminine : ce n'est pas un phénomène de foire mais les études sont rares


L'éjaculation féminine est-elle encore taboue ? Bien qu'elle soit aujourd'hui universelle, elle reste un mystère pour un bon nombre de femmes et de spécialistes. Pour Peggy Sastre, cela s'explique surtout par le manque d'études sérieuses sur le sujet. Notre chroniqueuse s'est attardée sur celle du gynécologue Zlatko Pastor, qui montre à quel point le décryptage de ce phénomène peut s'avérer compliqué. 


 (Crédit photo : _LYNNN/FLICKR cc)
(Crédit photo : _LYNNN/FLICKR cc)

Non, l'éjaculation féminine n'a rien d'un mythe. Le phénomène est même documenté depuis plus de 2000 ans aux quatre coins de la planète. Est-il pour autant courant, voire universel et accessible avec un chouïa de préparation technique comme certaines spécialistes de la question le prétendent ? On peut très légitimement en douter.

Le problème, comme le soulignait récemment Ovidie, vient déjà d'un souci de terminologie. Pas uniquement parce que le mot "éjaculation" désigne un phénomène exclusivement masculin (par extension, il en est certes venu à signifier l'éjaculation de sperme, mais techniquement parlant, il concerne n'importe quelle expulsion de liquide corporel un peu vive – on peut éjaculer de l'urine, par exemple), mais surtout parce qu'il désigne, chez la femme, des réalités différentes.

La grande hétérogénéité des travaux scientifiques

L'étude du gynécologue Zlatko Pastor publiée ce mois-ci dans "The Journal of Sexual Medicine" tente justement de démêler ce sac de nœuds et de proposer "une classification simple et rigoureuse des différents types de fluides expulsés au cours de l'activité sexuelle" féminine. Le médecin les catégorise suivant leur source, leur mécanisme d'origine, leur volume et leur composition, en se fondant sur l'examen de 46 études et de cinq livres publiés sur la question et en langue anglaise, entre 1948 et 2012.

Le premier souci auquel s'est heurté ce médecin du centre hospitalier universitaire de Motol, en République Tchèque, c'est la très grande hétérogénéité des travaux scientifiques disponibles. Au départ, en cherchant plusieurs mots-clés sur deux grandes bases de données scientifiques (Embase et le Web of Science), il s'est retrouvé avec 413 sources.

Un nombre qu'il a dû ensuite réduire en ciblant autant que faire se peut l'homogénéité des méthodes et des phénomènes étudiés. Par exemple, les études concernant la satisfaction sexuelle de femmes souffrant d'incontinence urinaire, sans pour autant mentionner l'expulsion d'un fluide quelconque pendant les rapports, ont dues être écartées de l'écrémage final.

J'ai dit "autant que faire se peut", parce que les études sur l'éjaculation féminine souffrent malheureusement d'une très grande hétérogénéité, en particulier dans leur méthodes d'échantillonnage et d'acquisition des données. C'est ainsi que, selon les études, entre 10 et 54% des femmes auraient expérimenté le phénomène, en expulsant une quantité de liquide allant d'1ml à près d'un litre ! Ce qui est assez peu probable, vu que la "prostate féminine" ne représente qu'entre le quart et le cinquième de la prostate masculine – qui produit pour sa part des éjaculats de 3,2 ml en moyenne.

L'éjaculation féminine recouvre trois réalités

Un autre problème, comme le dit Pastor, c'est que "des expulsions pendant l'orgasme de divers types de fluides, en diverses quantités et venant d'endroits divers sont considérés à tort comme relevant du même phénomène". Pour le médecin, "l'éjaculation féminine" recouvre au moins trois réalités :

1. La lubrification vaginale "normale"
Le fluide est dans ce cas de la cyprine, une sécrétion plasmatique produite par les glandes de Bartholin, s'écoulant sur les parois du vagin et provoquée par un pic de peptide vasoactif intestinal. Sa composition et sa quantité change selon l'intensité et la durée de l'excitation sexuelle, mais ce liquide translucide contient en général de l'eau, de la pyridine, du squalène, de l'urée, de l'acide acétique, de l'acide lactique, des aldéhydes, des cétones ainsi qu'une abondante flore bactérienne.

2. L'éjaculation féminine à proprement parler
Selon les études (et peut-être les femmes), il s'agit d'un liquide blanchâtre ou translucide, produit par les glandes de Skene ou "prostate féminine" dont seraient dotées entre la moitié et les deux-tiers des femmes. Ces glandes sont aussi de taille et de localisation variables. La substance qui différencie cet "éjaculat" des autres fluides potentiellement expulsés, c'est l'antigène prostatique spécifique, que l'on retrouve aussi dans le sperme. Certaines études montrent que ce liquide peut se mélanger à de l'urine d'une structure biochimique légèrement modifiée, mais quand même produite par la vessie.

3. Un symptôme de stress et d'incontinence urinaires
L'incontinence urinaire concerne entre 20 et 45% de la population féminine. Un type spécifique de cette incontinence, explique Pastor, peut être considérée à tort comme de l'éjaculation féminine : il s'agit de l'incontinence coïtale, ou le fait d'uriner sans le vouloir pendant un rapport sexuel. Là encore, les chiffres sont extrêmement volatiles : selon les études, la chose concernerait entre 0,2 et 66% des femmes !

Historiquement, l'éjaculation féminine a été considérée comme un symptôme intermittent voire constant d'incontinence urinaire, mais les progrès en analyse biochimique des fluides expulsés permettent aujourd'hui de différencier les phénomènes. Et de fait, de distinguer un phénomène pathologique et traitable (l'incontinence coïtale) d'un autre qui ne l'est pas (l'éjaculation féminine).

Désamorcer ce "phénomène de foire"

L'étude de Pastor est doublement intéressante. Premièrement, elle permet de désamorcer le trip "phénomène de foire" qui a pu s'emparer de l'éjaculation féminine ces dernières années en le présentant comme une variation certes rare, mais loin d'être exceptionnelle de la réponse sexuelle féminine.

Deuxièmement, elle souligne combien les études sérieuses sur le sujet sont encore trop rares et bien trop lacunaires en termes d'homogénéité méthodologique et même de fiabilité – la grande majorité des articles parus sur le sujet se fonde sur des questionnaires ou des données collectées par les participantes, sans le moindre contrôle de la part des équipes de recherche.
Avec l'éjaculation féminine, on a peut-être le parangon des difficultés que connaît la science du sexe. La réaction la plus commune, c'est de dire les deux termes antithétiques. La sexualité serait un sujet "sensible", qui cadre mal avec la froideur des laboratoires, véritables "casseurs" de spontanéité, d'intimité et j'en passe et des meilleures. Je n'ai jamais partagé ce point de vue. La première des émancipations, c'est l'information et cette information s'acquière avant tout par des procédures standardisées, des méthodes et des observations reproductibles.

Tant que l'éjaculation féminine restera dans les limbes méthodiques que Pastor vient de mettre en évidence, elle fera le bonheur des marchands de mystères et d'autres "guides pratiques" qui ne reposent sur aucun fait scientifique. Avec un grand risque de déception voire d'endoctrinement au coin de la rue.

Aujourd'hui, la première nécessité est un consensus sur la terminologie et la classification de l'éjaculation féminine. Le but, c'est de permettre des "diagnostics plus précis" et de garantir "l'information correcte des professionnels de santé et du grand public". Et après, on verra ce qu'on peut conseiller aux femmes pour atteindre ce type d'excitation et d'orgasme. Pas avant.

Pourquoi les femmes minimisent leur nombre de partenaires et les hommes le gonflent


Don Juan, nymphomane... Homme ou femme, la multiplication des conquêtes n'est pas perçue de la même manière. Et ces stéréotypes genrés autour du libéralisme sexuel nous conduisent à mentir, quel que soit notre sexe, sur le nombre de partenaires au cours d'une vie. Explications scientifiques de notre chroniqueuse Peggy Sastre, auteur de "No Sex" et "Ex Utero".


Le nombre de partenaires sexuels que l'on avoue varie suivant le sexe - Un homme et une femme au lit (www.rowenawaack.com/FLICKR/CC)

 Le nombre de partenaires sexuels que l'on avoue varie suivant le sexe, mais hommes et femmes mentent (R.WAACK/FLICKR/CC)

Une des questions qui revient le plus souvent en matière d'études scientifiques sur les comportements sexuels des humains est : dans quelle mesure peut-on faire confiance à leurs sujets d'étude ? Après tout, rien ne dit qu'une fois devant son questionnaire, monsieur ou madame le cobaye dira la vérité à monsieur ou madame le chercheur – une réalité démultipliée par la spécificité culturelle du sexe, vecteur de toute une palanquée de notions socialement très significatives (dans le sens grave) pour une très grande majorité d'individus.

En d'autres termes, on ne balance pas "comme ça" les détails de sa sexualité à des inconnus, même dans la froideur et l'objectivité des laboratoires : on pense d'abord à ce pour qui (ou pour quoi) on risque de passer. Et cette "désirabilité sociale" (surprise) n'est pas en général la même selon que vous soyez un homme ou une femme.

L'autre question est donc : se pourrait-il que ce que nous pensons savoir sur les différences sexo-comportementales entre les hommes et les femmes soit d'abord lié à la manière dont chaque sexe est disposé à se dépeindre, notamment vis-à-vis d'attentes et de représentations sociales distinctes ? C'est une possibilité que poursuit depuis maintenant plusieurs années la psychologue américaine Terri D. Fisher.

Homme, femme et nombre de partenaires sexuels qui diffère

En 2003, elle s'était ainsi attelée à décrypter l'un des plus gros points noirs des études sur la sexualité : le fait que les hommes et les femmes ne déclarent pas, en moyenne, le même nombre de partenaires sexuels. Une des plus énormes impossibilités statistiques du genre.

De fait, dans quasiment toutes les enquêtes sur les comportements sexuels humains – que ce soient les historiques, à l'instar de HiteKinsey et Masters & Jonhson, ou de plus récentes, des sondages à grande échelle aux enquêtes épidémiologiques visant à modéliser la transmission des maladies sexuellement transmissibles –, les hommes rapportent plus de partenaires que les femmes. Assez typiquement, les réponses varient de 5 à 9 partenaires masculins et 8 à 14 partenaires féminins chez les personnes de 40 ans et plus.

Pourtant, il est statistiquement impossible que le nombre moyen des partenaires diffère d'un sexe à l'autre. La dispersion du résultat au sein de chaque sexe peut certes être différente – par exemple, une proportion plus ou moins grande dans chaque sexe d'individus ayant un très petit ou un très grand nombre de partenaires –, mais, quelle que soit cette dispersion au sein des populations féminine et masculine, la moyenne devrait être la même. Et elle ne l'est pas. Pourquoi ?

Une explication parfois avancée pour expliquer cette anomalie statistique est le mauvais échantillonnage des enquêtes. Les prostituées, par exemple, ont un très grand nombre de rapports sexuels et leur non-présence dans l'échantillon peut abaisser la moyenne féminine. Mais l'inégalité demeure lorsque l'on demande aux sujets de ne pas inclure les rapports avec ces prostituées.

Une autre explication concerne la mémorisation de ses partenaires : les hommes interrogés seraient portés à donner rapidement des estimations assez approximatives (et exagérées), alors que les femmes auraient tendance à comptabiliser avec précision les souvenirs de chaque partenaire. Idem avec des explications plus psychologisantes : les hommes comptabiliseraient absolument tous leurs rapports sexuels, les femmes seuls ceux qui ont a minima compté sentimentalement dans leur vie.

Mais, quoi qu'il en soit, cela n'explique pas suffisamment l'écart entre les deux moyennes.

Implication sociale d'une sexualité débridée plus ou moins valorisée

Avec sa collègue Michele G. Alexander, Fisher avait donc décidé de faire remplir un questionnaire à 200 étudiants âgés de 18 à 25 ans, dans des conditions un peu particulières. Un premier groupe devait le faire de manière anonyme ; le second savait que ses réponses pouvaient être lues par l'examinateur ; le troisième répondait aux mêmes questions… en croyant être branché à un détecteur de mensonges.

Résultat : quelle que soit la méthode, les résultats des hommes ne variaient guère, en se situant entre 3,7 et 4 partenaires. Les résultats des femmes, par contre, étaient très différents. Celles qui remplissaient de manière anonyme confessaient 3,4 partenaires en moyenne. Celles dont les réponses étaient lues par les examinateurs 2,6 seulement. Et ce chiffre grimpait à 4,4 lorsque les étudiantes craignaient le verdict du détecteur de mensonges. Quasiment du simple au double...

Selon cette étude, ce sont les femmes qui tendraient à minimiser leur nombre réel de partenaires sexuels ; l'implication sociale d'une sexualité risquant de passer pour débridée étant plus grande chez elles que chez les hommes, où elle est au contraire plutôt valorisée.

"Nous vivons dans une culture qui attend réellement une attitude différente de la part de chaque sexe", soulignait T. D. Fisher. Cette année, dans une étude qui reprend les mêmes fondements méthodiques que celle de 2003, elle enfonce le clou :

"Il se pourrait que la sexualité soit simplement un type spécifique de comportement jugé plus négativement quand ce sont les femmes qui s'y adonnent."

On ne saurait être plus claire...

Sexualité, détecteur de mensonge et idéologie hypergenrée

Dans cette nouvelle étude, 293 étudiants américains en psychologie âgés de 18 à 25 ans devaient remplir un questionnaire portant sur 124 comportements, sexuels ou non. Auparavant, les comportements non sexuels avaient été classés par d'autres étudiants selon leur degré de masculinité (par exemple : porter des vêtements sales, faire des blagues de cul) ou de féminité (mentir sur son poids, écrire de la poésie), mais aussi selon leur degré de négativité par rapport à tel ou tel sexe (par exemple, chanter sous la douche ou adopter les vêtements du sexe opposé était jugé plus négativement chez un homme ; tricher à un examen ou se moquer d'autrui était considéré plus dévalorisant chez une femme, etc.).

Résultat : avec ou sans détecteur de mensonge et quand ils étaient interrogés sur des comportements non sexuels, les deux sexes se conformaient de la même manière à leurs propres stéréotypes. En matière de comportements sexuels, par contre, le regard social ou l'"idéologie hypergenrée", selon la chercheuse, agissait à plein régime : les hommes déclaraient ainsi beaucoup plus de partenaires sexuels quand ils n'étaient pas branchés au détecteur de mensonges et inversement chez les femmes, qui minimisaient le nombre de leurs expériences quand la pression de l'honnêteté leur semblait moins forte.

Aujourd'hui, les deux sexes semblent mentir à part égales, les deux pour se faire bien voir, mais pas de la même façon. Un homme ayant beaucoup de conquêtes semble encore une denrée valorisée. Inversement chez les femmes, où la réserve sexuelle est encore relativement appréciée – ou jugée comme telle.

Je dis "relativement", car, l'une des surprises de cette nouvelle étude, c'est que les femmes sont passées devant les hommes en matière de partenaires déclarés. Même si, sans détecteur de mensonges, elles en rapportent moins qu'avec, au total, le chiffre surpasse celui de leur congénères masculins. Faut-il y voir la trace d'une évolution des mœurs ? Certainement, pour Terri D. Fisher :

"La société a changé, même en dix ans, et bon nombre de chercheurs ont observé que certaines différences entre hommes et femmes et dans certains domaines du comportement sexuel ont globalement disparu."

Reste qu'il y a toujours "quelque chose de spécifique au comportement sexuel eu égard à une disposition différente entre hommes et femmes à révéler leurs comportements, sauf s'il y a une contrainte à l'honnêteté". Et si le défi pour les dix prochaines années était, justement, que la sexualité cesse d'être "quelque chose de spécifique" et de si socialement impliquant, pour les hommes, les femmes et pour tout le monde ?

Le préservatif vous fait débander ? Rendez-le ludique !


La Fondation Gates souhaite financer la révolution du préservatif. Son objectif : des capotes qui préservent les sensations (voire les augmentent) pour lutter contre les grossesses non désirées et le sida. Mais, en attendant cette nouvelle génération, que faire pour rendre le préservatif désirable ? Réponse avec le docteur Ronald Virag, auteur d’"Érection, mode d’emploi".



Le 4 avril 2013, Pierre Bergé, le président de Sidaction, a demandé la mise en place de la gratuité des préservatifs dans tous les collèges et lycées (SIPA).Comment faire en sorte que le préservatif procure de l'envie plutôt que d'être un "tue-l'amour" ? (SIPA)

Le préservatif reste, pour l’homme, le moyen le plus sûr et le moins onéreux de se protéger des MST et d’éviter d’enfanter quand on ne le souhaite pas. Le choix de proposer de financer la recherche pour l’améliorer, voire le revaloriser, est loin d’être anecdotique : il y a une défiance certaine vis-à-vis de la capote, vécue comme une gêne, un obstacle à une sexualité harmonieuse. La preuve, on s’en débarrasse dès qu’on peut – ou on l’oublie dangereusement.

Le principal reproche que les hommes font au préservatif masculin, c’est la perte de l’érection au moment où il faut en vêtir son pénis. Que se passe-t-il alors ? C’est une question de réaction chimique. Rappelons-nous que, pour qu’un homme bande, il faut que soit annulé le message chimique qui maintient la verge au repos en permanence. Ce message est sous la dépendance du système nerveux sympathique, dont le médiateur est une amine, sœur jumelle de l’adrénaline.

La capote, un "tue-l’érection" ?

Au comble de l’excitation et du désir, notre homme secrète une quantité importante d’adrénaline qui peut contrecarrer l’érection, laquelle se nourrit heureusement d’autres réactifs la favorisant et l’entretenant. La pose du préservatif, élément perturbateur, produit alors un surcroît de ces catécholamines nocives pour la bandaison. Souvent, juste au moment où on est au cœur de l’action, une augmentation d’adrénaline, et patatras : l’homme perd son érection.

Si cela se reproduit, il vivra la capote comme un "tue-l’érection", s’en méfiera voire refusera d’en porter. Ceci est d’autant plus fréquent chez les personnes plus âgées qui, après une séparation, un veuvage, se remettent sur le marché et doivent réapprendre à avoir une activité sexuelle avec un préservatif.

Deuxième élément : le préservatif revient à mettre une sorte de barrière entre la personne que l’on désire beaucoup et soi-même, quelque chose qui empêche la fusion complète entre les corps dénudés. Barrière autant psychologique que physique. Le préservatif est alors pour eux synonyme de diminution de la sensibilité et du plaisir sexuel.

Support d'un phallus à jamais performant

Il est loin pourtant de n’avoir que des effets négatifs ou purement préventifs : il peut être un adjuvant dans la lutte contre l’éjaculation prématurée, emmagasinant un onguent diminuant l’hypersensibilité du gland, réputée être le pourvoyeur de nombreuses fêtes inachevées.

Pas étonnant alors que l’on pense à améliorer les préservatifs, en utilisant ce que les technologies modernes apportent en matière de textile, de biochimie, voire de micro-informatique. Le préservatif pourrait devenir le support d’un phallus à jamais performant.

Hosannah inscrit dans le culte de la performance qui a cours dans nos sociétés occidentales. On veut la fermière et l’argent du beurre : protection et plaisir optimum sans aucune contrainte. On est loin des étuis contraceptifs utilisés par les Égyptiens et qui remonteraient à  6000 ans avant J.-C. Et du "gant de Vénus", comme l’appelait Shakespeare.

Savoir rire pendant le sexe

En attendant les améliorations des préservatifs, il est toujours possible de modifier son rapport aux capotes. En l’intégrant dans le jeu érotique, on retire au préservatif son aspect anxiogène, et le pic d’adrénaline qui va avec. Un peu comme la prostituée au grand cœur incarnée par Julia Roberts le fait dans "Pretty Woman" quand elle sort de son sac un lot de préservatifs de toutes les couleurs et demande lequel Richard Gere préfère !

Le sexe, ce n’est pas les travaux forcés, il faut aussi savoir en rire. Avoir un maximum de protection, c’est important, mais il ne faut pas pour autant percevoir le préservatif uniquement comme le symbole du côté dangereux du sexe – et ce d’autant qu’il préserve avant tout de grossesses non désirées et de MST, dont le sida. L'objectif : faire en sorte qu’il soit à la fois présent pour un maximum de protection et invisible.

En faire non seulement un objet ludique coloré, avec du goût, créateur de sensations nouvelles ; et, pourquoi pas, avec l’argent de Melinda et Bill Gates, le porte-avion de nouvelles thérapeutiques !

Le cerveau des victimes de violences sexuelles serait modifié : ce n'est pas irréversible


Des modifications anatomiques de certaines aires du cerveau seraient observées chez les femmes ayant subi dans leur enfance des violences sexuelles. C'est la conclusion d'une étude publiée par l'"American Journal of Psychiatry". Comment expliquer ce processus ? Explications de Muriel Salmona, psychiatre spécialiste de psychotraumatologie.

Image d'un cerveau humain aux rayons X (PURESTOCK/SIPA).
                                 Image d'un cerveau humain aux rayons X (PURESTOCK/SIPA).

Une étude récente menée par une équipe de chercheurs internationaux (allemands, américains et canadiens), et publiée début juin 2013 dans l'"American Journal of Psychiatry", a mis en évidence des modifications anatomiques visibles par IRM de certaines aires corticales du cerveau de femmes adultes ayant subi dans l’enfance des violences sexuelles.

Fait remarquable, ces aires corticales qui ont une épaisseur significativement diminuée par rapport à celles de femmes n’ayant pas subi de violences sont celles qui correspondent aux zones somato-sensorielles des parties du corps ayant été touchées lors des violences (zones génitales, anales, buccales, etc.). Et l’épaisseur de ces zones corticales est d’autant plus diminuée que les violences ont été plus graves (viols, plusieurs agresseurs,…).

Or les aires somato-sensorielles du cortex cérébral sont une véritable carte géographique du corps, elles permettent d’avoir une représentation du schéma corporel, et d’intégrer les informations sensorielles et kinesthésiques (position et mouvement dans l’espace) qui viennent des parties du corps concernées.

Comprendre les dysfonctionnements sexuels des victimes

Ces modifications peuvent-elles permettre de mieux comprendre les dysfonctionnements sexuels très fréquents que présentent les femmes victimes de violences sexuelles dans l’enfance :

- d’un côté une "hypo-sexualisation" : évitement phobique de contact sexuel, absence de sensation et d’excitation, anorgasmie, vaginisme, douleurs génitales

- et de l’autre une "hypersexualisation" : multiplication des partenaires, excitation inappropriée, conduites sexuelles compulsives, conduites à risque, abaissement du seuil de la douleur et risque prostitutionnel ?

Selon les auteurs, les modifications corticales pourraient être une adaptation du cerveau pour protéger la victime des effets traumatiques des violences.

Cette étude corrobore de nombreuses recherches cliniques et neuro-biologiques qui, depuis plus de dix ans, ont montré que l’impact des violences sexuelles chez les victimes est non seulement psychologique(avec des troubles psychotraumatiques très fréquents), mais également neuro-biologique, (avec des atteintes de circuits neurologiques et des perturbations endocriniennes des réponses au stress).

Ces atteintes ont été bien documentées, elles laissent des séquelles cérébrales visibles par IRM, avec une diminution de l’activité et du volume de certaines structures (par diminution du nombre de synapses), et pour d’autres une hyperactivité, ainsi qu’une altération du fonctionnement des circuits de la mémoire et des réponses émotionnelles.

Des modifications génétiques observées 

Récemment, des altérations épigénétiques ont également été mises en évidence chez des victimes de violences sexuelles dans l’enfance, avec la modification d’un gène (NR3C1) impliqué dans le contrôle des réponses au stress et de la sécrétion des hormones de stress (adrénaline, cortisol), altérations qui peuvent être transmises à la génération suivante.

L’ensemble des ces conséquences est à l’origine de nombreuses atteintes à l’intégrité psychique et physique des victimes qui sont actuellement très bien répertoriées avec de nombreux troubles psychiatriques [1] et des troubles somatiques liés au stress et à l’hypervigilance [2].

On sait qu’avoir subi des violences sexuelles dans l’enfance peut être le déterminant principal de la santé cinquante ans après (cf. étude ACE de Felitti et Anda) si aucune prise en charge adaptée n’a été mise en place.

Ces nombreuses recherches ont déjà permis de faire le lien entre les découvertes neuro-biologiques et la clinique des psychotraumatismes.

La compréhension du lien fait appel à l’élaboration d’un modèle théorique, c’est à dire d’une explication qui permet de mieux appréhender la réalité, le modèle ne pouvant prétendre expliquer la réalité dans sa totalité.

Le rôle de la mémoire traumatique de l’événement

J’ai largement participé à cette élaboration – que je présente dans "Le livre noir des violences sexuelles" – qui permet de décrire les mécanismes psychiques et neuro-biologiques à l’œuvre lors des violences, et de donner une explication et une cohérence aux différents symptômes psychotraumatiques, qui, sinon, paraissent paradoxaux et sont difficilement compréhensibles.

Dans ce modèle théorique, les violences aboutissent à la constitution d’une mémoire traumatique de l’événement, différente de la mémoire autobiographique normale, non intégrée et piégée dans certaines structures de l’encéphale.

Véritable machine à remonter le temps, cette mémoire traumatique fait au moindre lien revivre à l’identique les pires moments des violences (avec la même détresse, les mêmes douleurs et sensations, le même scénario des violences, les mêmes paroles et comportements de l’agresseur). Une véritable torture…

La mémoire traumatique transforme alors en terrain miné la vie des victimes. Elles vont devoir mettre en place des stratégies de survie pour y échapper, en évitant toute situation rappelant les violences dans une hypervigilance et dans un contrôle continuel, mais également en s’anesthésiant pour ne pas ressentir les états de détresse, de désespoir et de panique réactivés par la mémoire traumatique quand elle s’allume malgré tout.

Pour s’anesthésier, l’alcool, les drogues sont efficaces, mais également les conduites à risque, les mises en danger et les situations stressantes qui vont créer un état de survoltage émotionnel qui entraînera à nouveau une disjonction, une dissociation et une anesthésie émotionnelle.

Des risques d'anesthésie sensorielle

Ces mécanismes expliquent que, même à l’âge adulte, une situation qui rappelle le contexte ou les sensations des violences subies dans l’enfance, comme une relation sexuelle, même désirée et avec une personne qu’on aime, puisse être redoutée, évitée, mal supportée, et au mieux hyper-contrôlée en bloquant toute excitation et toute sensation sexuelle.

De même, tout attouchement, toute exploration, toute représentation, toute visualisation des parties du corps qui ont subi des violences sont redoutés et évités (avec souvent chez les victimes une mauvaise représentation anatomique de leurs organes génitaux). En revanche, si elles sont anesthésiées et déconnectées par des situations stressantes ou par de la prise d’alcool ou de drogue, les actes sexuels seront possibles.

Par exemple, des actes douloureux provoqueront aussitôt une déconnexion et une anesthésie sensorielle et permettront ainsi de laisser le corps réagir aux stimulations. De même, pour certaines, se laver les parties génitales sera impossible sauf à le faire avec de l’eau très chaude, brûlante ou très froide, ou en utilisant des gants de crin pour se déconnecter sensoriellement.

A contrario, en dehors de toute situation sexuelle, un contexte, un lieu, une parole, une odeur peut provoquer un allumage de mémoire traumatique avec une intrusion de sensations génitales très dérangeantes, d’images sexuelles violentes, d’injures, de douleurs, voire d’un état d’excitation discordant (par exemple face à des images violentes) qui sont en fait des réminiscences des violences ; les injures sexuelles et l’excitation étant celles de l’agresseur.

Le manque de sensations explique l’amincissement cortical

Cet évitement et ce blocage de tout contact sexuel et de toute sensation (hyposexualisation) pour se protéger de tout allumage de la mémoire traumatique et de son cortège de mal-être, d’angoisse, de détresse, est une explication possible des résultats de l’article de l’"American Journal of Psychiatry".

Ce sont les stimulations et l’utilisation des parties du corps qui permettent par neuroplasticité un développement normal des zones corticales de ces parties par augmentation des connexions neuronales, voire même un épaississement si elles sont beaucoup utilisées. Un manque de contact et de sensations pourrait donc expliquer l’amincissement cortical des représentations somato-sensorielles de ces zones.

De même, le développement inapproprié de conduites dissociantes avec des comportements sexuels compulsifs et stressants (masturbation compulsive, multiplication des partenaires, conduites à risques, sexualité violente) pour s’anesthésier (hypersexualité) ne permettra pas le développement des zones corticales puisque les sensations seront déconnectées du cortex, les zones génitales seront perçues comme étrangères, n’appartenant pas à la personne.

Au-delà des violences sexuelles, les autres violences commises dans l’enfance dont les violences psychologiques peuvent entraîner les mêmes traumatismes et les mêmes modifications du cortex cérébral dans les zones corticales de la représentation de soi et de l’estime de soi, avec des évitements phobiques dans la relation à autrui.

Mais une récupération de ces atteintes est possible

Mais si la neuro-plasticité du cerveau est en cause pour générer des modifications des circuits émotionnels, des circuits de la mémoire et des zones d’intégration corticales lors des violences et de la remise en scène de celles-ci avec la mémoire traumatique, elle peut également permettre une récupération de ces atteintes si les violences sont stoppées et la mémoire traumatique traitée (et transformée en mémoire autobiographique) .

D’où l’importance de ne pas abandonner sans protection, ni soin, les enfants puis les adultes qui ont été victimes de violences sexuelles.

Pour cela, il est nécessaire de mieux connaître la réalité de ces violences et leur fréquence (plus de la moitié des viols sont commis sur des mineurs et ils sont de 12 à 20% à avoir subi des agressions sexuelles) et de mieux connaître les conséquences sur la santé et les mécanismes que nous venons de voir, de former les professionnels, et et d’informer le public.

Pour reprendre la conclusion de l’article :

"De telles études ont le pouvoir d’élucider les fondements biologiques des impacts néfastes des traumatismes de l’enfance, ce qui peut conduire à l’amélioration des stratégies de prévention et d’intervention sur les troubles traumatiques tels que le dysfonctionnement sexuel, en ciblant sur la forte neuro-plasticité du cerveau humain."

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