Les hommes ont plus besoin de faire l’amour que les femmes
L’idée reçue. Malgré l’abondance d’informations sur la sexualité, nous sommes encore victimes de préjugés qui peuvent compliquer notre vie sexuelle. Chaque mois, Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste, remet à sa place l’une de ces croyances.
Voilà encore une idée reçue qui a la vie dure ! Si celle-ci nous arrange bien parce qu’elle explique l’harmonie sexuelle difficile, l’infidélité masculine ou la fatigue des femmes à mesure que le soir tombe, elle n’est pas scientifiquement avérée. La faute à un certain nombre de confusions.



La faute au physique
La première est physique. La pulsion sexuelle est aussi forte et aussi puissante chez l’un que chez l’autre. Mais alors que la femme l’accueille dans le secret de son ventre, l’homme bande et éjacule. Parce que le témoignage de son excitation est visible, il est facilement reconnu par lui et par tous. Celui de la femme, lui, l’est moins.

La faute à la moralité
La deuxième raison est historique et culturelle. Pendant des siècles, la suspicion a pesé sur le désir féminin. Le danger était qu’une femme trop désirante recherche ailleurs que chez son mari la satisfaction de ses pulsions, avec le risque d’enfants adultérins. On a donc longtemps préféré croire que le désir féminin était tout entier tourné vers la maternité, et qu’il devait s’y cantonner. Et les femmes de s’en convaincre !Aujourd’hui, avec la liberté sexuelle et l’invitation à la sexualité plaisir, la femme, inévitablement porteuse de son histoire, continue de se débattre entre les rôles de maman et de putain.
La faute aux hormones
La troisième raison est hormonale. Mois après mois, le corps de la femme fertile travaille à la maturation d’ovocytes, dans un but de procréation, puis à son élimination en cas de non-fécondation. L’homme, lui, est toujours prêt à engendrer. Pourtant, si la période d’ovulation est celle dans laquelle la femme se sent la plus ouverte à l’éventualité sexuelle, imaginer que le rythme hormonal rendrait compte du rythme du désir serait réduire la sexualité à une pulsion instinctive de reproduction. La sexualité ne concernerait donc que les femmes fertiles, une fois par mois ! Or, depuis le temps des cavernes, l’être humain a évolué. De l’état de nature, il a cheminé vers l’état de culture, et ce que nous nommons aujourd’hui sexualité, c’est cet univers privilégié dans lequel hommes et femmes cherchent à se rencontrer, à se plaire, à se faire du bien, à se révéler et à révéler leurs émotions. Si l’élan instinctif de se reproduire est le cadre dans lequel se construit notre excitation, il n’en est qu’un tremplin.

La faute à la peur
La quatrième raison est psychologique. Dans l’enfance, nous accueillons avec curiosité, mais également défiance, la pulsion sexuelle, qui peut être interprétée comme une expression possiblement agressive et donc coupable. Si les hommes, guerriers, chasseurs et pénétrants, ne s’en inquiètent pas trop, les femmes ont parfois du mal à trouver la même légitimité à leur expression sexuelle. Dès lors, elles peuvent craindre leur propre désir. En cautionnant l’idée qu’elles en auraient moins que les hommes, elles préfèrent sans doute penser qu’en se soumettant à celui de l’homme – normal, lui – elles n’ont pas à affronter la sauvagerie imaginée du leur.