Déjà remarquée chez l’animal, l'observation se confirme chez l’Homme : les plus grands consommateurs de caféine ont moins de risques de déclencher un carcinome basocellulaire, le plus commun des cancers de la peau. En revanche, les mécanismes d’action de la substance active du café restent incompris.
« On va boire un café ? » Ce refrain très fréquent pourrait encore gagner en popularité pendant l’été. Des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital, aux États-Unis, viennent de montrer dans la revue Cancer Research que les plus consommateurs de café sont aussi les moins à risques de déclencher un carcinome basocellulaire, la forme la plus fréquente de cancer de la peau, mais aussi la plus bénigne.
Leurs résultats se sont basés sur l’analyse d’une cohorte de 112.897 personnes exactement. Parmi elles, 22.786 ont contracté un carcinome basocellulaire, soit 20 % de l’échantillon. En comparant les données entre elles, les scientifiques ont noté une corrélation inverse entre la consommation de café et le taux de carcinome basocellulaire. Plus généralement, la probabilité d’apparition de ces tumeurs semble directement liée à la quantité de caféine ingérée (on la trouve dans le café mais aussi le thé, le chocolat ou les colas). En revanche, les gros buveurs de décaféiné ne profitent pas de cet avantage. C’est la preuve qu’il fallait aux chercheurs pour démontrer l’effet protecteur de la caféine.
Le carcinome basocellulaire est le plus souvent lié au rayonnement solaire. Il se soigne bien s'il est pris en charge suffisamment tôt et a la particularité de ne jamais métastaser. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
L’action de la caféine toujours mystérieuse
Ce constat est cohérent avec celui observé chez l’animal. En effet, des souris supplémentées en caféine déclaraient moins de cancers de la peauque les autres. Cependant, d’après les statistiques, la molécule ne procure aucun bénéfice contre les autres tumeurs de la peau, qui sont le carcinome spinocellulaire et le mélanome (forme la plus agressive).
Comme ces cancers sont moins fréquents (1.953 cas pour le premier, 741 cas pour le second sur l'ensemble du panel), les auteurs suggèrent que leurs effectifs ne sont pas suffisamment importants pour constater une significativité. Ils laissent entendre que malheureusement, ces chiffres ne pourront qu’augmenter avec le temps et comptent tester de nouveau, dans une dizaine d’années, l'éventuelle corrélation avec la consommation de caféine.
Restent donc encore de nombreuses inconnues, à commencer par le mécanisme physiologique sous-jacent expliquant l’effet protecteur de la caféine. Des recherches doivent être entreprises en ce sens.
Il ne faut pas pour autant avaler des litres de café chaque jour. Si cette période estivale et de coups de soleil, facteurs de risques concernant le cancer de la peau, la boisson ne paraît pas inadaptée, elle a aussi des effets néfastes sur la santé. Son action psychostimulante peut à plus long terme favoriser des périodes de dépressions ou d’angoisses et entraîner des troubles digestifs et moteurs. À consommer donc avec modération.