mardi 13 décembre 2011

Sida : un traitement préventif 100 % efficace chez les souris

Des chercheurs américains viennent de démontrer l’efficacité d’une thérapie préventive contre le Sida sur des souris, sans passer par un vaccin. La technique, qui consiste à faire produire des anticorps par un muscle, est prometteuse : son efficacité contre le virus est totale. Les premiers tests sur les humains pourraient être lancés dès la fin 2012.

Ce n’est sûrement pas un hasard du calendrier. Alors que l’on marque aujourd’hui même la Journée mondiale de lutte contre le Sida, la revue Nature a publié dans son édition de la veille les travaux très encourageants d’une équipe américaine dirigée par le prix Nobel David Baltimore. Les chercheurs du California Institute of Technology (Caltech) sont parvenus à protéger des souris contre une infection par le VIH grâce à une technique analogue à la thérapie génique. Baptisée VIP pour vectored immunoprophylaxis, cette technique consiste en une injection dans les muscles de la patte d’un rongeur d'un virus inoffensif (un adénovirus modifié) équipé d’un gène codant pour des anticorps capables de combattre le VIH.

Après l'injection, ces anticorps sont synthétisés à fortes concentrations dans les cellules musculaires, puis diffusent dans la circulation sanguine. Ils peuvent alors détruire le virus du Sida lorsque celui-ci est injecté via intraveineuse. Il ne s’agit pas d’un vaccin à proprement parler, qui implique une stimulation du système immunitaire naturellement présent. Néanmoins, ce procédé est bien préventif et protège les souris d’une infection par le VIH sur le long-terme.

En réalité, sur les cinq anticorps différents utilisés, deux – nommés b12 et VRC01 – se sont révélés efficaces au point de neutraliser complètement le virus du Sida, même quand celui-ci se retrouvait à des doses cent fois supérieures à une infection naturelle. Un an après l’injection unique de l’antidote, les taux d’anticorps détectés étaient encore suffisamment élevés pour prévenir une nouvelle intrusion du VIH.

« Une solution de repli » contre le VIH

Cependant, il ne faut pas crier victoire trop vite ! Premièrement, il arrive régulièrement que des résultats prometteurs sur des souris ou même des singes se révèlent négatifs chez l’Homme. De plus, Dennis Burton, spécialiste américain de l’immunologie et du Sida, reste mesuré dans son optimisme, à cause du procédé utilisé. « Le meilleur de tous les traitements reste le vaccin. C’est une méthode éprouvée et testée qui présente très peu de risques. Mais si cela ne fonctionne pas, nous devons opter pour une solution de repli. Nous avons ces anticorps sous la main. Si cela fonctionne chez l’être humain, et c’est une idée concevable, nous disposerions d’une réponse dès maintenant. »

Le VIH tue toujours près de 2 millions de personnes chaque année mais ses jours sont peut-être en danger.
Le VIH tue toujours près de 2 millions de personnes chaque année mais ses jours sont peut-être en danger. © visualscience.ru/en/

Désormais, les chercheurs du Caltech espèrent changer de cobaye et expérimenter leur méthode sur des Hommes. Les tests pourraient même commencer d’ici un an, à la fin de l’année 2012. Là, les scientifiques se confronteront probablement aux difficultés intrinsèques à la méthode. Par exemple, il est pour le moment impossible d’éteindre le gène d’origine exogène. Alors que faire en cas de réaction allergique ?

Il reste donc quelques réponses à apporter, mais si cette piste débouchait sur des résultats satisfaisants, alors on aurait franchi un grand pas. Rappelons que plus de 30 millions de personnes sont infectées et que chaque année, 2 millions de nouveaux cas sont déclarés. La promesse d’un traitement préventif semble se rapprocher, néanmoins nous ne touchons pas encore du doigt cette réalité. Mais plus le temps passe, et plus les heures du Sida sont comptées...

Comment le cerveau contrôle notre fatigue musculaire

Tous les sportifs le savent : la performance passe par un bon mental et un dépassement de soi. La physiologie a déjà révélé le rôle du cerveau, qui freine l'activité physique quand l'effort devient trop intense. Des chercheurs suisses viennent de découvrir la région cérébrale qui réalise ce contrôle : c'est le cortex insulaire.

Dès lors que l'organisme doit effectuer un mouvement, le cerveau envoie un message nerveux aux muscles concernés pour qu’ils se contractent ou se relâchent. En contrepartie, le muscle informe l’encéphale de son état de forme. De fait, lorsque le muscle ne peut plus suivre le rythme imposé, le cerveau lui donne l’ordre de s’arrêter. Apparaît alors l'épuisement, qui conduit l'organisme à réduire ses efforts. Si le concept était connu, personne n’avait réussi à comprendre quelle région cérébrale prenait la décision de stopper les machines.

Désormais, le mystère est levé. Kai Lutz et des chercheurs de l’université de Zurich ont révélé leur découverte dans les pages de la revue European Journal of Neuroscience. Une recherche qui s’est effectuée en trois temps.

Ils ont tout d'abord demandé à des volontaires courageux de faire des flexions des cuisses, jusqu’à épuisement. En étudiant en parallèle les influx nerveux émanant des muscles en direction du cerveau, ils ont identifié que les efforts trop intenses conduisaient à l’inhibition du cortex moteur primaire, la région de l'encéphale qui contrôle les mouvements volontaires. En anesthésiant temporairement la moelle épinière avec une drogue, c’est-à-dire en empêchant l’information musculaire de remonter jusqu’au cerveau, l’inhibition s’est révélée beaucoup moins forte, soulignant l’importance du message afférent.

L’insula, la clef de voûte

Jusque-là, rien de bien surprenant. Dans une deuxième phase, les chercheurs ont observé les clichés obtenus à partir d’IRM fonctionnelle pour repérer quelles zones s’activaient de plus en plus intensément à mesure que la fatigue augmentait. Deux régions sont sorties du lot : le thalamus et le cortex insulaire, également appelé insula. La précision s’est donc nettement affinée.

Le cortex insulaire, ici au milieu de la coupe, est impliqué dans de nombreuses fonctions, notamment l'aptitude à la dépendance ou à la conscience
Le cortex insulaire, ici au milieu de la coupe, est impliqué dans de nombreuses fonctions, notamment l'aptitude à la dépendance ou à la conscience. © Henry Gray, Gray's Anatomy DP

La réponse se trouve dans le troisième et dernier épisode. Forts de leurs résultats précédents, les chercheurs ont placé des volontaires sur un vélo stationnaire et les ont bardés de capteurs pour étudier les relations entre le cortex moteur primaire et les deux régions qu’ils suspectent. L’analyse des données montre que la communication entre l’insula et les zones motrices s’intensifie au fur et à mesure que la fatigue progresse. C’est donc le cortex insulaire qui prend la décision de stopper le mouvement.

Le lien entre insula et fatigue musculaire étant démontré, Kai Lutz espère désormais « développer des stratégies pour optimiser la performance musculaire, mais aussi enquêter sur les maladies qui induisent une réduction des aptitudes physiques ». Une découverte prometteuse en physiologie du sport qui entrouvre la voie vers de nouvelles approches thérapeutiques et pratiques. Ainsi, les coachs sportifs ne demanderont peut-être plus à leurs athlètes de muscler leur jeu, mais de développer leur insula...

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