lundi 27 août 2012

Pourquoi nos doigts sont-ils ridés quand ils sont mouillés ?



C’est la grande question existentielle de tous les temps : mais pourquoi nos doigts ressemblent-ils à des doigts de petits vieux tous talés, ridés, quand ils sont mouillés ?
Un article publié dans le journal Brain, Behavior and Evolution [1] donne une nouvelle réponse à cette éternelle question. Sa réponse est : à cause de la traction !

La réponse habituelle déjà donnée est que le fait d’être ridés est simplement le résultat de l’absorption de l’eau par nos doigts et nos orteils après avoir trempé pendant une longue période dans l’eau. Mais il y a un problème avec cette explication. Premièrement, pourquoi sont-ce seulement nos doigts et orteils qui deviennent ridés ? Deuxièmement, pourquoi est-ce une caractéristique si inhabituelle chez les mammifères, car seuls les êtres humains et les macaques ont les doigts qui rident ainsi ? Troisièmement : pourquoi, s’il s’agit simplement d’une histoire d’osmose, est-ce que nos doigts et orteils cessent-il de rider de la sorte quand les nerfs qui vont jusqu’à eux sont coupés ?

L’article suggère que les doigts ridés permettent un meilleur drainage de l’eau pour assurer un meilleur pouvoir de traction, tout comme le font les pneus sur un véhicule. En examinant les doigts trempés de 28 sujets, les scientifiques ont découvert que chaque doigt affichaient un modèle de rides identique, des rainures déconnectées qui divergent d’autant plus l’une de l’autre qu’elles s’éloignent des empreintes digitales. Ce qui permet à l’eau d’être plus efficacement drainée des doigts quand ils sont comprimés contre des objets, ce qui donne plus de surface et une meilleure prise.

Bien entendu, il ne s’agit que d’une théorie, et les scientifiques ont encore à étudier si ces "petits ruisseaux" minutieux permettent réellement une meilleure prise, tout comme expliquer pourquoi on trouve ces caractéristiques chez si peu d’espèces. Il reste donc encore du chemin avant de pouvoir définitivement répondre aux questions des enfants dans le bain !

La jalousie, ce fléau : et si c'était une question d'hormones ?


LE PLUS. Quand on est jaloux, on peut voir ça comme un charmant défaut. Ou comme une grande souffrance, à la fois subie et infligée à l'autre. Le phénomène méritait d'être étudié, et c'est qu'ont fait des chercheurs. Résultat : les hormones auraient une part de responsabilité dans la jalousie. Pour le Plus, Peggy Sastre, auteure de "No sex" et "Ex utero", analyse les résultats de ces études.



Couple (OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA)

La jalousie, un parasite sexué

Plus qu'un vilain défaut, la jalousie est ce "monstre qui s'engendre lui-même et naît de ses propres entrailles", comme l'écrivait Shakespeare dans Othello, un drame vieux de plus de quatre siècles et qui en demeure peut-être la description la plus juste. Plus près de nous, David Buss la définit comme une "passion dangereuse", ruinant couples, amitiés, partenariats... et apportant chaque année sa petite contribution aux statistiques criminelles. Une sale bête, je vous le dis (le premier qui fait référence à Valérie Trierweiler, je le bifle).

Pour les psychologues évolutionnaires, habitués à regarder l’humanité à travers des lunettes darwiniennes, la jalousie est, dans sa variante amoureuse, la résultante prévisible de la sélection sexuelle. Séduire un partenaire est une chose, le conserver en est une autre, tout aussi cruciale : cela suppose de prendre garde aux forces de dissolution du couple, au premier rang desquelles l’irruption d’un tiers tentateur.

Mais la logique darwinienne, friande s'il en est de diversité, parle volontiers de jalousies au pluriel : chaque sexe n’a pas tout à fait les mêmes raisons d’avoir peur de la fidélité de son partenaire, et donc d’être jaloux.

Pour l’homme, la principale menace est l’infidélité sexuelle, dont le résultat direct peut être une progéniture illégitime – cet "enfant dans le dos" ne partageant aucun gène avec son père supposé. Avant les tests de paternité, c’est-à-dire pendant 99,97 % (environ, hein) de l’évolution humaine, cette issue était impossible à vérifier.

Pour la femme, le risque majeur concerne plutôt l’infidélité émotionnelle, c’est-à-dire l’hypothèse que son partenaire s’attache durablement à une concurrente, au point de quitter purement et simplement le foyer. Pour le dire en termes plus génériques et plus conformes à notre passé paléolithique, un homme qui part, c'est un homme qui minimise son investissement marital et parental, crucial pour la survie de la descendance.

Exploration scientifique de la jalousie

On aurait donc une jalousie masculine à dominante sexuelle et une jalousie féminine à dominante émotionnelle. En 1999, pour tester cette hypothèse, une équipe dirigée par David Buss avait conçu un questionnaire reflétant des scènes de la vie quotidienne où les deux formes de jalousie étaient clairement distinctes et les réponses possibles mutuellement exclusives.

Administré à 1122 sujets nord-américains (374 hommes, 748 femmes), le test avait conclu que les hommes se montraient deux fois plus anxieux à l’idée d’une infidélité sexuelle qu’à l’idée qu’une infidélité émotionnelle.

Un autre test – un questionnaire un peu plus complexe où six dilemmes étaient présentés, mélangeant à divers degrés les jalousies émotionnelles et sexuelles, ainsi que des jugements sur soi ou sur son partenaire – avait été administré à 234 Américains, 190 Coréens et 316 Japonais.

On y retrouvait la différence de perception entre les sexes, avec certaines variations culturelles : les Japonais étaient ainsi les moins sensibles à la distinction entre jalousie émotionnelle ou sexuelle – bien que cette différence puisse aussi s'expliquer par la faiblesse des échantillons asiatiques rassemblés par les chercheurs.

La jalousie est-elle hormonale ?

D'où la question que se pose la communauté scientifique depuis maintenant plusieurs dizaines d'années : et si la jalousie avait une grosse composante hormonale ? Pour certains chercheurs, la jalousie féminine serait ainsi directement liée à leur niveau d’estrogènesPlusieurs étudesmontrent aussi que les femmes manifestent de subtils changements comportementaux suivant les phases de leur cycle menstruel.

D'autres ont observé que ces modifications ciblaient principalement des indices de "bonne qualité" génétique chez d'éventuels partenaires masculins, comme la masculinité des traits et certaines odeurs corporelles, et étaient tout particulièrement notables pendant la phase fertile, où les risques de conception sont les plus importants.

Ces petites variations hormonales toucheraient aussi les hommes, pour qui les femmes ovulantes sont plus attirantes que les autres (au niveau du visage, de la voix ou des habits). De même, certaines études ont montré que les hommes cherchaient davantage à "surveiller leur partenaire" (ie. étaient jaloux) quand celle-ci était proche de son pic ovulatoire, et d'autant plus si elle était séduisante. De manière cohérente, d'autres recherches observent enfin que les femmes dont les partenaires masculins ne manifestent pas de "bons" indices génétiques sont aussi celles qui ont le plus de chances d'aller voir ailleurs au moment de l'ovulation.

Quelle jalousie pour les femmes sous pilule ?

Récemment, une équipe de psychologues, de pharmacologues et d'endocrinologues hollandais et écossaisont poussé un peu plus loin ces hypothèses : et si la contraception hormonale (la pilule) avait une incidence sur ce genre de comportements en général, et sur la jalousie en particulier ?

Là encore, leur idée ne tombe pas du ciel, elle est confortée par de nombreuses études antérieures, montrant par exemple que la pilule modère les modifications comportementales citées plus haut, en minimisant la préférence des femmes envers les indices de "bon patrimoine" génétique ou en diminuant leur degré d'attirance auprès des hommes.

Ces scientifiques ont donc émis l'hypothèse que, quand les femmes ne prennent pas la pilule et que leur cycle est régulier, leur jalousie serait exacerbée au moment de l'ovulation et que, quand elle prennent la pilule, elle serait exacerbée tout court par rapport aux périodes où elles ne baignent pas dans un bain estrogénique artificiel.

Pour ce faire, ils ont enrôlé 29 femmes blanches, de 20 à 33 ans, et participant déjà à des tests cliniques sur l'inhibition de l'ovulation induite par la prise d'un contraceptif hormonal. Pour les stimuler un peu, elles étaient soit payées, soit inscrites à un tirage au sort leur permettant de gagner un iPhone ou son équivalent en monnaie sonnante et trébuchante. Parmi ces participantes, 13 entretenaient une relation sentimentale et 16 étaient célibataires – les chercheurs ne le précisent pas, mais je suppute que tout ce beau monde était hétérosexuel.

Sur un minimum de quatre mois, ces femmes ont ensuite été soumises à un questionnaire classique de mesure de la jalousie, le tout durant trois sessions – deux quand elles ne prenaient pas la pilule (pendant la phase fertile et la phase non-fertile), et une quand elles la prenaient. Quand elles ne prenaient pas la pilule, leurs cycles étaient contrôlés par échographie transvaginale, jaugeant la taille de leurs follicules ovariens, et par prélèvements sanguins, mesurant leurs niveaux de progestérone.

La phase "non fertile" du test se déroulait au moins six jours après leur ovulation, la phase fertile, moins de 48 heures après. Pour la phase "pilule" du test, les participantes devaient la prendre pendant au moins trois mois – si les contraceptifs pouvaient être de marques différentes, il s'agissait toujours d'une formule estroprogestative – et répondre au questionnaire au moins 15 jours après le début de leur troisième plaquette.

Complexité de la jalousie, avec ou sans hormones de synthèse

Les résultats des tests ont confirmé les hypothèses des chercheurs, ainsi que les conclusions des études antérieures : globalement, les femmes étaient décroissamment jalouses 1/en phase fertile, 2/en phase pilule, 3/en phase non-fertile. Détail intéressant : les participantes sous pilule ET en couple se montraient bien plus jalouses que leurs camarades célibataires en phase fertile.

Ce qui assoit une autre hypothèse faite sur la jalousie : le phénomène, on s'en doutait, est loin d'être simple et peut se renforcer/s'atténuer en fonction de la situation conjugale de chacun.

Si les femmes ont plus de chances d'être jalouses au moment de leur ovulation, ce sont aussi là qu'elles sont le plus de risques d'aller voir ailleurs si leur partenaire n'est pas un bon parti génétique – un partenaire, qui, à son tour, psychotera davantage quand sa chère et tendre secrétera des estrogènes à tire-larigot.

Et la pilule qui "fait croire" au cerveau que madame est enceinte, tout en modifiant ses préférences reproductives, peut aussi transformer ses "motifs" de jalousie et augmenter son angoisse que monsieur décide d'abandonner sa fictive progéniture.

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