mardi 17 mai 2011

Drapo m se peyi m

Drapo m se peyi m

M chita dèyè plim je m
Pou m gad jan blan je vèt ap souse peyi m
M kache dèyè fas mwen
Pou m gad eskanp figi drapo m
K’ap pèdi valè douvan lòt nasyon

Solèy la vomi fyèl drapo peyi m
Chak fwa gwo zotobre yo ap fè ti figi nan tan kwi
Kè Papa Desalin plen kou fan fanm gwos,
Kou kalbas,gonfle kou blad…
Podyab, li te goumen anven !

Nan tout pèp sou latè se nou ki pi reyisi
Nou rive konstwi Ayiti ak prela,tant aprè yon lane.
Drapo n flote pi wo nan ma labou.
Adye wi dan…
Premye repiblik nèg ki leve kanpe,
Koupe chenn nan pye, men ki maltrete.

Drapo m se peyi m
Ayiti se peyi n
Jouk ki lè n’ap fè yon chenn
Poun vanse nan yon sèl chimen
Jouk kilè n’ap sispann nan mouri èbo
Pou yon ti pòsyon nan bèchon jwaye.
                                                                                            
                                                                                   Jean Roumain CADET

Citations(Conscience)



  • Le rire est le propre de l'homme, car l'esprit s'y délivre des apparences.



  • Savoir, et ne point faire usage de ce qu'on sait, c'est pire qu'ignorer.



  • Le souvenir commence avec la cicatrice.



  • Il n'est pas bon que le pouvoir d'observer se développe plus vite que l'art d'interpréter.



  • Le courage nourrit les guerres, mais c'est la peur qui les fait naître.



  • L'erreur est facile à tous ; plus facile peut-être à celui qui croit savoir beaucoup.



  • L'adolescent est l'être qui blâme, qui s'indigne, qui méprise.



  • La défiance est mère de sûreté.



  • Former les hommes, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu.



  • L'homme est un être toujours et en tout essentiellement trompeur.



  • L'un sème, l'autre récolte.



  • Il faut être rameur avant de tenir le gouvernail, avoir gardé la proue et observé les vents avant de gouverner soi-même le navire.



  • Il n'y a point de génie sans un grain de folie.



  • Le commencement est beaucoup plus que la moitié de l'objectif.



  • Les racines de l'éducation sont amères, mais ses fruits sont doux.



  • C'est un petit pas pour l'homme mais un bond de géant pour l'humanité.



  • Nous piétinerons éternellement aux frontières de l'Inconnu, cherchant à comprendre ce qui restera toujours incompréhensible. Et c'est précisément cela qui fait des nous des hommes.



  • Je n'ai pas peur des ordinateurs. J'ai peur qu'ils viennent à nous manquer.



  • Une aptitude ne reste une aptitude que si elle s'efforce de se dépasser, que si elle est un progrès.



  • Nous sommes dans un siècle de l'image. pour le bien comme pour le mal, nous subissons plus que jamais l'action de l'image.
  • Citations d'amour



    • Les plaisirs de l'amour font oublier l'amour du plaisir.



    • L'amour commence par l'amour ; et l'on ne saurait passer de la plus forte amitié qu'à un amour faible.



    • Les amours meurent par le dégoût, et l'oubli les enterre.



    • L'amour et l'amitié s'excluent l'un l'autre.



    • De toutes les formes de prudence, la prudence en amour est peut-être celle qui est la plus fatale au vrai bonheur.



    • Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder dans la même direction.



    • Le désir est l'appétit de l'agréable.



    • On dit que le désir naît de la volonté, c'est le contraire, c'est du désir que naît la volonté. Le désir est fils de l'organisation.



    • Ce qui fait la beauté des choses est invisible.



    • Toute passion et toute action s'accompagnent logiquement de plaisir ou de peine.



    • Il y a deux passions qui ont toujours marqué les actions humaines : l'amour du pouvoir et l'amour de l'argent.



    • Que reste-t-il de la vie, excepté d'avoir aimé ?



    • L'amour, c'est le cri de l'aurore,
      L'amour c'est l'hymne de la nuit.



    • L'amour fait songer, vivre et croire.



    • Naît-on deux fois ? Oui. La première fois, le jour où l'on naît à la vie ; la seconde fois, le jour où l'on naît à l'amour.



    • L'amour de la science, sans l'amour de l'étude, a pour défaut l'incertitude ou la perplexité.



    • Toute passion et toute action s'accompagnent logiquement de plaisir ou de peine.



    • L'égoïsme n'est pas l'amour de soi, mais une passion désordonnée de soi.



    • Le désir est l'appétit de l'agréable.



    • Rien n'est difficile pour ceux qui s'aiment.

    VIH-Sida : un vaccin efficace chez les singes

    Un vaccin contre l’équivalent du VIH vient de prouver son efficacité chez le singe. S’il ne protège que la moitié des animaux, il permet néanmoins d’explorer le fonctionnement du système immunitaire contre l’infection par le virus du Sida, et surtout d’espérer accélérer le développement d’un vaccin destiné aux humains.
    L’obtention d’un vaccin efficace contre le virus du Sida n’est peut-être pas une utopie. Selon un article paru tout récemment dans la revue Science Translational Medicine, des scientifiques du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) auraient en effet réussi à protéger des singes contre un homologue du VIH.
    Cette nouvelle encourageante intervient presque deux années après celle révélée par une autre étude, réalisée, elle, sur des humains. En Thaïlande, entre 2003 et 2006, 16.000 volontaires avaient reçu un vaccin contre le VIH, dirigé contre la protéine de surface gp120. Selon l’étude baptisée RV144 et publiée en septembre 2009, les six doses vaccinales injectées aux patients avaient permis de réduire modestement les taux d’infection (31 %), par rapport à la population ayant reçu un placebo.

    Cinquante pour cent de protection
    Cette fois-ci, chez le singe, la protection n’est toujours pas totale, mais elle atteint tout de même un taux plus important puisque 50 % des animaux ont résisté à l’infection par le SIV (virus de l’immunodéficience simienne), l'homologue du VIH chez les primates non humains. Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont utilisé 129 singes, la moitié d’entre eux ayant reçu le vaccin, l’autre un placebo.
    Le vaccin anti-SIV est de type prime-boost, un type de vaccin considéré aujourd’hui comme l'un des plus efficaces. Il consiste en une vaccination en deux étapes, la première conférée par l’administration d’un morceau d’ADN codant pour l’antigène à cibler (qui sera alors directement traduit par les cellules touchées), la seconde par l’injection des antigènes portés par un vecteur viral modifié. Ces deux injections successives permettent théoriquement d’augmenter les chances de fabriquer des anticorps neutralisants.
    S'il est modifié pour porter des antigènes et s'il est atténué pour ne pas rendre malade, l'adénovirus peut devenir un vaccin efficace.
    S'il est modifié pour porter des antigènes et s'il est atténué pour ne pas rendre malade, l'adénovirus peut devenir un vaccin efficace. © DR
    Ensuite, ces singes ont été inoculés par voie rectale (pour simuler une exposition sexuelle) à raison de 12 doses de virus à chaque animal. Pour vérifier l’étendue de la possible protection, deux souches différentes de SIV ont été utilisées (appelées SIVmac251 et SIVsmE660), chaque singe n’ayant été en contact qu’avec l’une ou l’autre des souches.
    Malheureusement, le vaccin ne semble pas avoir un champ d’action très large, car s’il a permis de protéger la moitié des singes contre le virus SIVsmE660, en revanche, il n’a eu aucun effet bénéfique contre le virus SIVmac251.

    Une meilleure compréhension du mécanisme immunitaire
    Grâce à des analyses plus poussées, les scientifiques ont pu mieux comprendre les éléments immunitaires et génétiques importants pour la mise en place du mécanisme de protection face au SIV. C’est ainsi qu’ils ont pu montrer la nécessité de la présence d’anticorps neutralisants et de lymphocytes CD4+ ciblant spécifiquement les protéines d’enveloppe du SIV dans la résistance à l'infection virale. De plus, la présence dans le génome de deux allèles (du gène TRIM5) restrictifs au virus permet de limiter le risque d’infection par rapport aux singes qui possèdent au moins un allèle permissif.
    Chez les singes devenus séropositifs, un élément permet aussi de limiter la propagation du virus. En effet, les singes infectés par le virus SIVsmE660 et possédant un allèle particulier de la classe des CMH I ont un taux sanguin de virus dix fois plus faible que chez les singes dépourvus de cet allèle.
    « Cette étude commence à élucider les mécanismes de la protection du vaccin contre les virus d'immunodéficience et met en avant la nécessité d’analyser ces corrélats génétiques et immunitaires de protection dans de futurs essais de stratégies de vaccins anti-VIH », concluent les auteurs. Si le vaccin contre le VIH n'est donc pas encore prêt, la recherche avance...

    Baclofène : un médicament contre l'alcoolisme ?

    Malgré une indication pour des pathologies très différentes, le baclofène (ou Liorésal) bénéficie d’une bonne réputation dans le traitement de l’addiction à l’alcool et est d’ores et déjà prescrit par certains médecins. Les études sont pourtant trop limitées pour conclure définitivement de son efficacité.
    • À lire, notre dossier sur l'alcool et ses effets
    Cinq millions de Français auraient « un usage problématique d’alcool » et avec 52.000 décès par an, ce toxique est la seconde cause de mortalité évitable dans notre pays, derrière le tabac. La dépendance à l’alcool est très difficile à traiter et un médicament utilisé dans d’autres indications, le baclofène, fait actuellement l’objet de débats intenses.
    Alors que son Autorisation de mise sur le marché (AMM) ne prévoit pas sa prescription dans le traitement de l'alcoolisme, certains médecins n’hésitent pas à en faire la promotion. D’autres affichent leur prudence. Comment fonctionne cette molécule ? Quelle est son efficacité réelle ? Quelle est actuellement le consensus scientifique ? Les réponses de François Paille, secrétaire général de la Fédération française d’addictologie (FFA).
    Prescriptions hors AMM
    Le baclofène est commercialisé depuis 1974 sous le nom de Liorésal. C’est un myorelaxant indiqué contre les contractures spastiques (contractions musculaires excessives) de la sclérose en plaques et des troubles liés aux atteintes de la moelle épinière.
    Depuis plusieurs années toutefois, il est utilisé en France contre la dépendance alcoolique, mais dans le cadre de prescriptions hors AMM ! Selon la synthèse réalisée par François Paille en début d’année 2011, « les données de la littérature internationale et l’expérience clinique ont montré un effet positif de cette molécule sur la rechute chez les patients alcoolodépendants après sevrage ». Mais il y a des « mais » !

    Des études encore trop limitées
    Les études portent en effet sur de petites cohortes de patients. « Presque toutes [ces études] sont affectées de biais méthodologiques qui atténuent la portée de leurs conclusions », souligne François Paille. Professeur de pharmacologie clinique et membre de l’Académie nationale de médecine, Jean-Paul Giroud partage cet avis : « les études cliniques sur le baclofène sont encore trop limitées pour le moment, pour que l’on puisse conclure à son efficacité ».
    Les deux experts s’accordent donc à considérer que le baclofène souffre d’un réel déficit d’évaluation scientifique. En toute logique, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) souligne qu’ « il n’est pas possible de faire des recommandations sur l’utilisation du baclofène chez l’alcoolodépendant. Les données ne permettent pas de confirmer ou d’infirmer son efficacité, de définir des doses efficaces bien tolérées et une durée de traitement ».

    Pour traiter l'alcoolisme, un médicament ne suffit pas
    « L’Afssaps a recensé à peu près 20.000 prescriptions de Liorésal qui seraient, compte tenu des posologies utilisées, probablement en rapport avec l’alcoolodépendance. Le phénomène de la prescription hors AMM s’il est en augmentation, reste donc malgré tout limité », explique François Paille.
    « La tolérance est globalement assez bonne. Mais des études sur de plus grandes populations sont nécessaires pour préciser le rapport bénéfice/risque », précise-t-il. Autrement dit, « on ne peut pas espérer traiter une pathologie aussi complexe (que l’alcoolisme) seulement par un traitement médicamenteux. La prise en charge de base repose sur un accompagnement psychosocial global. Les médicaments, d’efficacité nécessairement limitée, apportent une aide supplémentaire. »

    Une bonne réputation
    Pourquoi un tel engouement pour cette molécule ? François Paille estime que si le baclofène connaît aujourd’hui un relatif succès, cela tient avant tout au « bruit médiatique » dont il fait l’objet. « Un certain nombre de médecins font la promotion de ce produit dans les médias. Cette dernière est d’autant mieux reçue que les praticiens comme les patients, sont toujours en attente d’une sorte de traitement médicamenteux "miracle" de l’alcoolo-dépendance ». Or en thérapeutique, les miracles n’existent pas...
    Plus remarquable encore est l’intérêt soutenu que les milieux proches des alcooliers portent à ce produit. Au point d’exiger le lancement d’études cliniques. Cela signifie-t-il qu’il y aurait une réticence à autoriser ces dernières ?

    Drapeau national d'Haiti

    l'Émile, ou De l’éducation

    Publié en 1762, comme son titre l’indique, l'Émile, ou De l’éducation de Jean-Jacques Rousseau est un traité d’éducation ou, aussi bien, un traité sur « l'art de former les hommes ». Il demeure, aujourd’hui encore, l’un des ouvrages les plus lus et les plus populaires sur le sujet, à tel point qu’au Japon, l’autorité du développement de l’enfant impose à tous les instituteurs d’écoles maternelles la lecture de l’Émile.
    Les quatre premiers livres décrivent l’éducation idéale d’un jeune garçon fictif, Émile, et sont ordonnés chronologiquement, abordant, étape par étape, les questions éducatives qui émergent à mesure qu’il grandit. Le dernier livre traite de l’éducation des filles à partir d’un autre exemple fictionnel : Sophie, élevée et éduquée pour être l’épouse d’Émile.
    Parallèlement aux théories proprement pédagogiques, l’Émile comprend la célèbre Profession de foi du Vicaire savoyard (livre IV), qui fournit, sur les idées religieuses de Rousseau, de précieuses indications. Elle se voulait un modèle quant à la manière d’introduire les jeunes gens aux questions religieuses. Le personnage du vicaire savoyard mêlerait les caractères de deux religieux que Rousseau avait connus étant enfant : l’abbé Gaime, natif d'Héry-sur-Alby et en poste à Turin, et l’abbé Gâtier, d’Annecy.

    Sommaire

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    Livre I : 0/5 ans : L'enfance[modifier]

    Il est essentiellement traité, dans ce premier livre, du développement physique de l’enfant… Le livre I de l’Émile traite de l'enfant qui ne parle pas encore. Les gestes plus humbles de la nourrice sont déjà orientés vers la fin visée : empêcher que la nature ne soit contrariée et que l'enfant ne découvre qu'il peut commander par des signes.

    Livre II : 5/12 ans : L’Enfance[modifier]

    Pour Rousseau, cet âge doit moins être celui des livres que celui où s’étendent et se multiplient les relations d’Émile avec le monde, de façon à développer les sens, et à habituer l’enfant à procéder, à partir des données sensibles, à des déductions.
    Ce livre se conclut par l’exemple d’un garçon pour qui cette phase de l’éducation a réussi. Le père emmène l’enfant faire du cerf-volant, et lui demande de trouver la position du cerf-volant à partir de son ombre. Bien qu’on ne lui ait pas appris à le faire, l’enfant, ayant développé sa capacité de compréhension du monde physique, et sa capacité à procéder à des inférences, y parvient sans peine. (D’une certaine manière, il y a, dans cette approche les prémices de la méthode Montessori).

    Livre III : 12/15 ans : L'Âge de la Force[modifier]

    Ici, commence à se poser la question du choix d’un métier. Rousseau considère comme nécessaire l’apprentissage d’un métier manuel, moins pour des raisons économiques que pour des raisons sociales : l’apprentissage est un moyen idéal de socialisation.

    Livre IV : 15/20 ans : La Puberté[modifier]

    Le quatrième livre est particulièrement consacré à l’amour et à la religion. La Profession de foi du Vicaire savoyard – souvent éditée à part –, qui examine les origines de la foi, fut l’objet de multiples controverses.

    Livre V : l’Âge Adulte : le mariage, la famille, et l’éducation des femmes[modifier]

    Moment de la rencontre de Sophie, qui constitue une transition entre le Livre IV - dans lequel le développement du corps produit l'ouverture sur autrui et l'éveil à la sexualité - et la fin de la pédagogie de Rousseau, qui consiste à former un citoyen juste. La rencontre de Sophie est à la fois rencontre amoureuse, mais aussi entrée dans la vie sociale, par le mariage et la vie de famille que cela suppose. Émile va devoir, sur les prescriptions de son gouverneur, quitter momentanément Sophie, pour lui revenir citoyen. C'est là qu'apparaissent le moment des voyages d'une part, afin de comprendre les mœurs et usages d'autres peuples et ainsi pouvoir choisir les plus convenables, et le moment du résumé du « contrat social » ; ces deux étapes sont deux faces - l'une pratique, l'autre théorique - d'un même enseignement : assimiler les fondements et les raisons de la société civile, pourtant corrompue alors. Car où qu'Émile soit allé, c'est l'intérêt particulier, l'abus de pouvoir, et le dépérissement de l'État qui règne. Où habiter quand tout est corrompu ? Le choix sera le suivant : là où Émile est né. Quelle sera la fonction de l'homme éduqué selon la nature au milieu d'une institution pervertie ? Émile évitera au maximum cette perversion en habitant en campagne, là où les mœurs et les usages sont les plus stables ; sa mission sera d'exercer sa nature, c'est-à-dire être juste, et de fonder une famille avec Sophie. C'est le moment de la paternité d'Émile qui marque du reste la fin de son éducation.

    La puissance d'un baiser

    La Puissance d'un baiser
    Abordez le sujet de l’éducation avec Éric et il évoquera très certainement son enfance. Troisième d’une famille de huit enfants, il a grandi dans un quartier résidentiel agréable et tout le voisinage considérait sa famille comme un foyer modèle. Médecin et père de famille dévoué, le père d’Éric rentrait de son cabinet à l’heure chaque soir et s’absentait rarement le week-end. Sa mère, femme au foyer, se consacrait aussi à ses enfants. Pourtant ni Éric ni aucun de ses frères et sœurs n’aimait être à la maison, en particulier quand leur père était présent.

    Notre foyer fonctionnait à merveille, mais seulement en apparence. En réalité, il était dirigé par la peur. Non pas que mon père nous ait jamais battus, bien qu’il nous ait fessés ou giflés à de très rares occasions. Mais malheur à nous si nous le mettions en colère. Nous ne savions jamais quel genre de punition nous recevrions…
    Papa était passé maître dans l’art de la discipline et maintenait l’ordre en nous paralysant par une crainte permanente. Un soir d’été, il attrapa mon frère aîné Jérémie en train de se glisser hors de sa chambre par la fenêtre pour sortir avec ses amis. Papa courut à l’extérieur et attendit qu’il fût en sécurité sur le sol. Puis il décréta : « Eh bien, fils, il est clair que tu préfères traîner à l’extérieur. Peut-être alors que tu devrais y rester. »
    Pendant le reste de l’été, Jérémie a dû prendre ses repas à l’extérieur, avec les chiens. « Peut-être qu’ainsi il apprendra à se comporter en être civilisé », expliqua papa aux plus jeunes d’entre nous. Jérémie quitta la maison à l’âge de seize ans et n’y remit jamais les pieds.
     
    Une autre fois, papa interdit toute sortie à ma sœur aînée Marie, la sainte nitouche de la famille, pendant un été entier. Marie se montrait généralement très responsable, mais à la fin de sa seconde, elle avait manqué un cours et papa l’avait appris. Je la revois encore, parlant à ses amies à travers la clôture de notre jardin, jour après jour, semaine après semaine. Cette punition fut sans doute parmi les plus humiliantes.
     
    Quant à moi, j’avais de nombreuses raisons de craindre pardessus tout de croiser le chemin de mon père. Mais un exemple suffira. Je devais avoir onze ou douze ans quand j’essayai de fumer pour la première fois. Mon père me prit sur le fait. Il m’envoya d’abord dans ma chambre où j’attendis sa venue pendant ce qui ressembla à une éternité. Puis il entra et m’expliqua que deux options s’offraient à moi. Je pouvais soit fumer entièrement tout le paquet que je venais d’entamer, soit l’exposer sur le rebord de ma fenêtre pendant un mois et expliquer à tous ceux qui entreraient (y compris mes frères, mes sœurs et mes amis) pourquoi il se trouvait à cet endroit et à quel point mon père jugeait le tabac répugnant. Je savais où me conduirait la première option (j’aurais sans nul doute été très malade), alors je choisis la seconde.
     
    Pendant le mois qui suivit, je n’eus qu’une seule obsession : empêcher les gens d’entrer dans ma chambre. Je conservais même une crainte des cigarettes des années encore après l’incident. Je redoutais tant le tabac que chaque fois que je marchais dans la rue, je veillais à rester à l’écart du moindre mégot traînant sur le trottoir. Je craignais que papa passe par hasard et s’imagine que j’avais fumé.
    Un jour, je reçus un devoir d’anglais pour lequel je savais qu’il me faudrait écrire le mot « cigarette ». J’étais si effrayé à la pensée de la conclusion qu’en tirerait mon père que je détruisis le devoir et prétextai n’importe quoi pour ne pas le présenter.
    Essayer de fumer une cigarette peut sembler insignifiant, mais pas pour mon père… Au lycée, j’étais devenu assez rancunier à son égard et je faisais tout ce que je pouvais pour le contrarier. Il avait peut-être le dernier mot à la maison, me disais-je, mais nulle part ailleurs. Je pense qu’il est inutile de préciser que nous n’avons jamais eu (et n’avons toujours pas) la moindre relation digne d’être mentionnée.
     
    Le récit d’Éric est malheureux, mais il éveillera certainement des souvenirs familiers pour de nombreux adultes : le souvenir d’un incident similaire qui gâcha ce qui aurait pu être une enfance heureuse. Malheureusement, les parents sont parfois à ce point aveuglés par leurs principes qu’ils sont incapables de suivre leur cœur. Prêts à « faire ce qui est juste » à tout prix, ils règnent sur leur territoire, mais trop souvent, ils perdent leurs enfants en chemin.

    La discipline est probablement le mot le plus galvaudé du vocabulaire de l’éducation et aussi le moins compris. La discipline ne consiste pas seulement à punir. Qu’est-ce alors ? Il s’agit de direction, mais pas de contrôle ; de persuasion, mais pas de privation ou de coercition. Elle peut inclure la punition ou la menace de punition, mais jamais la cruauté ni la force. Elle ne devrait jamais impliquer l’usage d’un châtiment corporel, une attitude qui, selon moi, révèle une certaine banqueroute morale. Elle impliquera toujours une prise en compte affectueuse de la disposition intérieure de l’enfant. Comme mon grand-père, l’auteur Eberhard Arnold, l’exprimait : « C’est l’élément crucial. Elever un enfant devrait signifier l’aider à devenir ce qu’il est déjà dans l’esprit de Dieu. »

    Heureusement, à travers notre éducation, mes frères, mes sœurs et moi avons reçu une telle considération de la part de nos parents et il en résulta une relation d’amour et de confiance réciproques qui perdura, sans discontinuer, jusqu’à la fin de leur vie. Bien entendu, cette relation était fondée sur une bonne part de discipline à l’ancienne, y compris des réprimandes tellement bruyantes et dramatiques (en particulier si nous répondions à notre mère) que nous restions honteux pendant des heures, certains que les voisins avaient tout entendu.

    Les insultes et les moqueries étaient considérées comme des péchés capitaux dans notre maison. Comme tous les garçons et les filles, nous nous moquions parfois des adultes qui sortaient du lot à cause de l’une ou l’autre particularité, comme Nicolas, un voisin têtu qui bégayait et Guillaume, le bibliothécaire de l’école, pédant et extrêmement grand. Cependant, même si nos cibles ignoraient tout des jeux de mots qu’elles nous inspiraient, nos parents n’y décelaient aucune trace d’humour. Ils avaient du flair pour la cruauté, peu importe où elle se cachait, et ne la toléraient pas un seul instant.

    Leurs colères ne duraient toutefois jamais longtemps et même si une punition était méritée, elle était parfois annulée à la faveur d’un baiser. Un jour, à l’âge de huit ou neuf ans, je mis mon père dans une telle colère qu’il menaça de me fesser. Alors que j’attendais le premier coup, je levai les yeux vers lui et, avant que je comprenne ce qui m’arrivait, je m’écriai : « Papa, je suis désolé. Fais ce que tu as à faire. Je sais que tu m’aimes encore. » A mon grand étonnement, il se pencha, mit ses bras autour de moi et dit avec une tendresse qui venait du plus profond de son cœur :« Christoph, je te pardonne. » Mes excuses l’avaient complètement désarmé. Cet incident m’ayant permis de comprendre à quel point mon père m’aimait, il est toujours resté très vivace dans ma mémoire. L’anecdote m’enseigna aussi une leçon que je n’ai jamais oubliée et dont je m’inspirai des années plus tard avec mes propres enfants : ne craignez pas de discipliner un enfant, mais dès que vous voyez ses regrets, veillez à lui pardonner immédiatement et complètement.

    Comme la situation serait différente si chacun d’entre nous était prêt à appliquer une telle compassion, non pas en nous contentant d’embrasser nos propres enfants, mais en défendant la cause de tous les enfants, partout ! En l’état actuel des choses, nous élevons une génération d’enfants non seulement que nous n’aimons pas, mais que nous craignons. Les signes en sont nombreux : depuis les couvre-feux nocturnes dans certaines villes jusqu’à la répression d’actes insignifiants comme les graffitis. Mais le plus alarmant de tous ces signes est sans doute la progression fulgurante du taux d’incarcération juvénile.
    Malgré l’échec manifeste de « solutions » aussi sinistres, l’attitude adoptée envers les jeunes et les enfants à risque et les lois votées pour régler leur sort deviennent de plus en plus répressives chaque année. Au Texas, des tests de lecture normalisés en primaire servent à estimer le nombre de nouvelles cellules de prison qui seront nécessaires au moment où ces enfants seront adultes (de faibles résultats étant supposés indiquer une plus grande propension au crime).

    Il y a belle lurette que les traits de caractère des enfants sont utilisés pour prédire leur comportement d’adulte ; les psychologues et les psychiatres s’y emploient depuis des décennies. Mais qu’apprend-on d’une société dont les responsables misent sur l’échec de la génération suivante, sans qu’aucune protestation ne s’élève ? Qu’apprend-on sur la façon dont nous considérons les enfants, si nous laissons les gardiens-mêmes de leur avenir nourrir des rêves aussi fatalistes ?
    De toute évidence, l’exploration satisfaisante de questions aussi cruciales sort du champ de ce livre. Ainsi que l’examen des nombreux autres problèmes qui devraient être abordés au préalable, comme la raison pour laquelle tant de jeunes condamnés rencontraient déjà des problèmes en classe et quels obstacles ont entravé leurs progrès à ce moment-là.
    J’hésite aussi, en l’espace de ces quelques pages, à conseiller le lecteur sur la façon d’orienter et de discipliner l’enfant à la maison; après tout, chaque petit présente un ensemble unique de points forts et de points faibles, de promesses et de défis à relever, comme chaque parent. Il vaut peut-être mieux suivre la sagesse de Janusz Korczak (1878-1942), remarquable pédiatre juif, dont je raconterai l’histoire plus tard. Il écrit :
    Vous êtes vous-même l’enfant que vous devez apprendre à connaître, à éduquer et, par-dessus tout, à éclairer. Exiger que d’autres vous donnent les réponses revient à confier la naissance de votre enfant à une étrangère. Certains constats seront uniquement engendrés par votre propre douleur et il s’agira des plus précieux. Recherchez en votre enfant cette partie inconnue de vous-même.
    Pour ce qui est des constats nés dans la douleur, mon épouse Verena et moi en avons récolté à profusion en élevant huit enfants. Comme la plupart des parents, nous modifierions probablement beaucoup de choses si nous avions l’opportunité de tout recommencer. Un jour trop indulgents, le lendemain trop stricts, il nous est également souvent arrivé de soupçonner à tort ou d’avaler n’importe quoi. Evidemment, nous avons aussi appris plusieurs leçons fondamentales.

    Quand un enfant est conscient d’avoir mal agi et que sa bêtise n’entraîne pas la moindre conséquence, il apprend qu’il peut très bien s’en tirer en toute impunité. Il est terrible pour l’enfant de recevoir ce message. Si le problème et la bêtise peuvent paraître insignifiants avec un tout petit, il n’en demeure pas moins que l’absence de réaction peut avoir des répercussions bien plus tard. Le vieux dicton « Petits enfants, petits soucis ; grands enfants, grands soucis » est facile à écarter. Comme la plupart des clichés, il contient pourtant une vérité significative. Un enfant de six ans chaparde peut-être des bonbons, mais à seize ans, il pourrait voler à l’étalage. Or, si la volonté d’un petit enfant peut être orientée avec une facilité relative, un adolescent rebelle ne peut être discipliné qu’au prix des efforts les plus épuisants.
    Les conséquences sont donc nécessaires, mais elles ne suffisent pas. La discipline implique davantage que le flagrant délit et la punition. Il est bien plus important d’incliner la volonté de l’enfant vers le bien, ce qui nécessite de l’encourager chaque fois qu’il opte pour le bien au lieu du mal ou, comme ma mère avait coutume de l’expliquer, de le « rallier au bien ». Bien sûr, il ne s’agit en rien de manipulation, mais les élever ne consiste jamais uniquement à les faire obéir. Notre objectif sera plutôt toujours de les aider à gagner la confiance qui leur permettra d’explorer la vie tout en connaissant leurs limites. C’est en effet la meilleure préparation à la vie d’adulte.

    Un journaliste demanda à l’auteur Anthony Bloom ce qui ressortait le plus clairement de son éducation maintenant qu’il était adulte. Bloom, fils d’un célèbre diplomate dont les voyages avaient entraîné la famille dans des aventures pittoresques partout dans le monde, répondit simplement :
    Deux choses que mon père disait et qui m’ont impressionné et suivi tout au long de ma vie. L’une était celle-ci : Je me souviens qu’après les vacances, mon père me dit : « Je m’inquiétais pour toi. ». Je m’étonnai : « Pensais-tu que j’avais eu un accident ? » Il répondit : « Cela n’aurait pas eu grande importance… Je pensais que tu avais perdu ton intégrité. » Une autre fois, il me dit : « N’oublie jamais ceci : peu importe que tu sois vivant ou mort, ce qui importe est ce pour quoi tu vis et ce pour quoi tu es prêt à mourir. » Ces deux principes furent le fondement de mon éducation…
    Contrairement aux pères comme celui de Bloom, qui inspirent l’intégrité au lieu de l’enseigner, certains parents succombent à l’habitude mesquine de vouloir prendre leur enfant la main dans le sac et d’utiliser cette preuve pour démontrer sa culpabilité. C’est un acte de violence morale. De même que se défier d’un enfant, l’espionner ou lui attribuer de mauvaises intentions, autant d’attitudes qui l’affaibliront en le portant à douter de lui-même. Critiquer et reprendre constamment un enfant finira également par le décourager. Pire, il se verra ainsi ôter la meilleure raison de vous faire confiance : la certitude que vous le comprenez. Fröbel écrivit :
    Trop d’adultes blâment des enfants qui (même s’ils ne sont pas complètement innocents) ne dissimulent toutefois aucune culpabilité. Autrement dit, les enfants n’ont pas conscience des motivations et des incitations dont les adultes les accusent et qui rendent leurs actes « mauvais ». Les enfants sont souvent punis pour des choses qu’ils tiennent de ces mêmes adultes… Les parents leur inculquent alors de nouvelles fautes ou éveillent tout du moins leur attention à des idées qui n’auraient sans doute jamais germé spontanément dans leur esprit.
     
    Naturellement, chaque enfant a besoin d’être corrigé régulièrement. La plupart en ont besoin plusieurs fois par jour. Mais quand les enfants sont punis trop sévèrement, le but ultime de la correction(les aider à prendre un nouveau départ) est assombri par la discipline elle-même. C’est pourquoi il vaut toujours mieux croire en la puissance du bien et laisser à l’enfant le bénéfice du doute.
    Ainsi, une faute comme l’égoïsme est rarement identique chez les enfants et chez les adultes. Incapables de voir le monde autour d’eux autrement qu’à travers leur propre perspective limitée, les enfants y règnent en seigneurs absolus. En particulier lorsque, très jeunes, ils sont simplement (innocemment et avec raison) le centre de leur propre petit univers.

    La malhonnêteté est un autre problème que les parents ont tendance à vouloir régler sans considération pour le point de vue de l’enfant. Il est très certainement important, lorsqu’un enfant s’est montré malhonnête, d’examiner les faits et de l’encourager à les affronter, mais il est rarement bénéfique d’approfondir les motivations de l’enfant et toujours néfaste de le contraindre à une confession. Après tout, c’est peut-être seulement l’embarras ou la honte qui a poussé l’enfant à vouloir se sortir d’une position difficile au moyen d’une fausse vérité ou même d’un mensonge éhonté, pour peu qu’il ait été mis sous pression ou effrayé. Les adultes ne réagissent-ils pas de la même manière pour des raisons identiques ?
    Il est nécessaire de pardonner des dizaines de fois par jour, mais peu importe avec quelle fréquence un enfant s’attire des ennuis, ne perdez jamais foi en lui. A l’instar du mensonge, qui peut dire si le défaut dont un enfant cherche à se défaire n’est pas le reflet de la même erreur ou de la même propension chez ses parents ? Décréter qu’un enfant est sans espoir, c’est se laisser tenter parle désespoir et, dans la mesure où le désespoir est un manque d’espoir, il est aussi un manque d’amour. Si nous aimons réellement nos enfants, il peut nous arriver de lever les bras au ciel en signe de découragement, mais jamais nous ne renoncerons à leur sujet. Dieu a envoyé aux Hébreux non seulement la loi mosaïque mais aussi la manne, le pain du ciel. Sans un tel pain, à savoir sans chaleur, sans humour, sans tendresse et sans compassion, la discipline la plus soigneusement envisagée finit toujours par allumer un contre-feu.
    Se montrer un ami et un compagnon, ainsi qu’un parent, exige incontestablement une double dose de patience et d’énergie, mais comme le souligne David, l’avocat qui renonça à son emploi pour assumer son rôle de père, peu de choses sont aussi gratifiantes :
    Quand j’y songe, il est bien plus facile de vivre avec des enfants qui vous craignent qu’avec des enfants qui vous aiment, parce que si vos enfants vous craignent, quand vous rentrez chez vous, ils disparaissent. Ils se cachent. Ils vont dans leur chambre et ferment la porte, et vous leur facilitez la tâche en bourrant leurs chambres d’ordinateurs, de télévisions, de chaînes stéréo et plein d’autres choses. Mais si vous avez des enfants qui vous aiment, vous ne pouvez plus vous en défaire ! Ils s’accrochent à vos jambes, ils tirent sur votre pantalon, vous rentrez et ils réclament votre attention. Vous vous asseyez et ils vous grimpent dessus. Vous avez la sensation d’être un toboggan ambulant, mais vous vous sentez aussi aimé.
     
    Le désir d’être vulnérable est également un aspect important de l’éducation. Peu d’expériences nous ont autant rapprochés de nos enfants, ma femme et moi, que les cas où nous avons réagi excessivement, avant d’en prendre conscience et de leur demander pardon. Plus que toute autre chose, nos excuses nous rappelaient que les enfants dépendent eux aussi de la promesse de pouvoir tout recommencer chaque matin. Ils devraient toujours jouir de la même opportunité, peu importe à quel point ils ont été désobéissants la veille. Et peu importe ce qu’ils traversent, ils devraient toujours avoir l’assurance que nous sommes prêts à les soutenir, à nous tenir, non pas au-dessus d’eux, mais bien à leurs côtés.
    De toute évidence, chaque famille connaît ses hauts et ses bas, ses périodes d’épreuve et ses drames embarrassants. Il n’existe rien de plus complexe sur le plan émotionnel que la relation qui unit un parent à son enfant, mais il n’existe non plus rien d’aussi merveilleux. C’est à cela qu’il faut nous accrocher chaque fois que nous atteignons le bout de nos ressources.

    Plus tôt dans ce même chapitre, j’ai fait référence à Janusz Korczak, dont les écrits sur les enfants sont respectés à travers toute l’Europe. Enseignant dont le dévouement désintéressé envers les orphelins du ghetto de Varsovie lui avait valu le titre de « Roi des enfants », Korczak ne se lassa jamais de rappeler quelle impression cela faisait d’être un enfant dans un monde adulte et souligna l’importance de les éduquer non pas « avec sa tête », mais bien« avec son cœur ».
    L’insistance de Korczak sur ce qu’il appelait « se tenir du côté des enfants » ne resta pas pure théorie. Le 6 août 1942, alors que les deux cents orphelins confiés à ses soins étaient rassemblés et chargés dans des trains pour les chambres à gaz de Treblinka, Korczak refusa que des amis non-juifs organisent sa fuite en dernière minute et choisit plutôt d’accompagner ses protégés dans ce voyage horrible qui les amenait vers la mort.

    Peu de cas de dévouement sont aussi émouvants que celui de Korczak et aussi surréalistes, peut-être à cause du gouffre qui sépare nos conditions de vie de celles, innommables qui exigèrent son sacrifice. Pourtant, malgré la distance entre son époque et la nôtre, bien trop d’enfants dans le monde moderne souffrent faute d’un tel gardien : un seul adulte qui les prendrait par la main et les accompagnerait quoi qu’il arrive. Même à nous, qui vivons àune époque de paix et de prospérité relatives, les dernières paroles de Korczak nous rappellent non seulement son héroïsme, mais encore lancent un défi à tous ceux d’entre nous qui ont jamais élevé (ou espèrent élever) un enfant : « On ne laisse pas des enfants malades la nuit, dit-il. Et on n’abandonne pas des enfants dans un moment comme celui-ci. »

                                                                                                      Johann Christoph Arnold

    Pourquoi pardonner?

    Pourquoi pardonner?
     
     
    La plupart de nous n’aurons jamais à confronter un meurtrier, ou un viol. Mais nous sommes tous confrontés, journellement, avec le besoin de pardonner à notre partenaire, notre enfant, notre ami, ou collègue – peut-être une douzaine de fois par jour. Et, ce devoir n’est pas moins important. Dans son poème, “Un Arbre Empoisonné,” (A Poison Tree), William Blake décrit comment le plus léger ressentiment puisse fleurir et porter des fruits empoisonnés.
     
    Les petites rancunes de la vie sont les graines de cet arbre de Blake. Si elles tombent en terrain fertile, elles vont grandir, et si on les soigne, elles continuent à vivre. Elles semblent petites, insignifiantes, on les remarque à peine, mais il faut quand même les surmonter. Blake nous montre combien ce peut être facile: il nous faut confronter notre rage immédiatement et la déraciner, avant qu’elle grandisse.
    Il est moins difficile de pardonner à un étranger, que ce n’est de pardonner à une personne que nous connaissons bien, et en qui nous avons confiance. Voilà pourquoi il est si difficile de surmonter la trahison d’amis chers ou de collègues. Ils connaissent nos pensées, nos faiblesses, nos bizarreries – et s’ils nous font un mauvais service, la tête nous tourne.
     

    Sur la mort de Marie

    Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
    En sa belle jeunesse, en sa première fleur
    Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
    Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose :

    La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
    Embaumant les jardins et les arbres d’odeur :
    Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
    Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :

    Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
    Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
    La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.

    Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
    Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
    Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.

    Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie

    Capitale de la douleur - Paul Eluard
    L'AMOUREUSE

    Elle est debout sur mes paupières
    Et ses cheveux sont dans les miens,
    Elle a la forme de mes mains,
    Elle a la couleur de mes yeux,
    Elle s'engloutit dans mon ombre
    Comme une pierre sur le ciel.

    Elle a toujours les yeux ouverts
    Et ne me laisse pas dormir.
    Ses rêves en pleine lumière
    Font s'évaporer les soleils,
    Me font rire, pleurer et rire,
    Parler sans avoir rien à dire.



    Capitale de la douleur


    La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
    Un rond de danse et de douceur,
    Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
    Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
    C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

    Feuilles de jour et mousse de rosée,
    Roseaux du vent, sourires parfumés,
    Ailes couvrant le monde de lumière,
    Bateaux chargés du ciel et de la mer,
    Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

    Parfums éclos d'une couvée d'aurores
    Qui gît toujours sur la paille des astres,
    Comme le jour dépend de l'innocence
    Le monde entier dépend de tes yeux purs
    Et tout mon sang coule dans leurs regards.

    Paul Eluard (1895 - 1952), paru en1926

    Citations

    • « Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force. »
    • « Le moi est haïssable »
    • « Je ne peux pas comprendre le tout si je ne connais pas les parties, et je ne peux pas comprendre les parties si je ne connais pas le tout. »
    • « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie. »
    • « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
    • « Condition de l'homme. Inconstance, ennui, inquiétude. »
    • « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »
    • « Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison. » Pensées (214-253)
                                                                              Blaise Pascal

         L'albatros


    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.


    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d'eux.


    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!


    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

                                                               Charles Baudelaire

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