Déjà identifiée dans la réduction de la mortalité de cancers courants, la consommation d'aspirine serait également une bonne prévention contre le cancer colorectal chez les personnes souffrant du syndrome de Lynch. Explications.
La prise d'aspirine à long terme préviendrait le cancer colorectal chez des personnes à très haut risque héréditaire, selon une étude publiée vendredi, montrant chez elles une réduction de plus de moitié du nombre de cas observés.
Cette nouvelle étude, publiée dans The Lancet, vient confirmer les effets protecteurs de l'aspirine contre le cancer colorectal, avancés par de précédentes recherches.
L'étude
concerne des personnes atteintes du syndrome de Lynch qui présentent un
risque élevé de développer ce cancer intestinal ainsi que d'autres
cancers (ovaires, estomac...). Ce syndrome génétique rare ne concerne que 3 % de tous les cancers colorectaux.
Les personnes touchées par ce syndrome doivent faire l'objet d'une
surveillance médicale dès l'âge de 20 ans avec des examens par endoscopie colorectale tous les deux ans.
Sur l'image, un adénocarcinome
liebekunien, responsable du cancer colorectal. La consommation
d'aspirine permettrait de prévenir ce cancer, la dose et la durée de la
prise étant encore en question. © Wikipédia DP
Une réduction de 44 % du cancer colorectal grâce à l'aspirine
Sur les 861 participants, la moitié a pris 600 mg d'aspirine par jour pendant au moins deux ans, l'autre moitié un placebo (produit inactif).
La première analyse des données en 2007 n'a pas montré de différences entre les deux groupes. Mais en 2010 il y avait 34 cas de cancer colorectal dans le groupe placebo contre 19 dans le groupe aspirine, soit une réduction de 44 % de l'incidence de ce cancer.
En
centrant l'analyse sur ceux qui avaient pris l'aspirine pendant au
moins deux ans (60 % environ du total), les effets de l'aspirine
apparaissent plus prononcés : on observe une réduction de 63 % de
l'incidence du cancer colorectal
avec 23 cas dans le groupe placebo contre seulement 10 dans celui qui a
pris l'aspirine. L'effet commence à être visible cinq ans après le
début de la prise d'aspirine, selon la revue.
Aspirine : quelle dose et quelle durée de traitement ?
Des
études complémentaires sont nécessaires pour déterminer la dose
optimale d'aspirine et la durée du traitement, pour le Pr John Burnes
(Royaume-Uni, université de Newcastle) et ses collègues.