lundi 11 février 2013

Portable et tumeur : faut-il appliquer le principe de précaution ?


Dans un rapport de 750 pages, l’Agence européenne pour l’environnement consacre une partie de ses colonnes aux risques de tumeurs au cerveau encourus lors de l’utilisation de téléphones portables. Elle appelle les instances sanitaires à recourir au principe de précaution.
Les ondes électromagnétiques des téléphones mobiles sont-elles dangereuses pour la santé ? Les études contradictoires s’enchaînent, si bien que la science ne peut apporter de conclusion consensuelle à la question. Le débat reste donc ouvert.
Ce mercredi 23 janvier, l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié un ouvrage de 750 pages sur le thème du principe de précaution. Son nom original : Late lessons from early warnings (traduit en « Signaux précoces et leçons tardives »), deuxième édition après un premier texte paru en 2001.
Ce rapport traite de divers facteurs de risques connus ou présumés sur la santé humaine, parmi lesquels le tabac, le bisphénol A ou encore les technologies émergentes comme les OGM, les nanotechnologies ou les ondes électromagnétiques des téléphones portables.
Les ondes électromagnétiques, un cancérigène possible
Sur ce dernier point, l’AEE est claire : elle évoque un lien probable entre le risque de tumeur au cerveau ou aux glandes salivaires et l’utilisation du mobile. Les principales victimes seraient même les enfants et les adolescents, dont l’encéphale est en pleine maturation.
L’agence accuse les gouvernements et l’industrie du téléphone portable de négliger les recommandations du Centre international de recherche sur lecancer (Circ), la branche de l’OMS spécialisée dans la lutte contre cette maladie. En effet, dans sa classification de la cancérogénicité des produits ou des paramètres physiques, les téléphones mobiles puis les champs électromagnétiques ont rejoint la catégorie 2B, celle des cancérigènespossibles pour l’Homme. Des paramètres négligés, selon l’AEE, par les gouvernements et l’industrie de la téléphonie mobile qui devraient reconsidérer les travaux scientifiques.
L'utilisation de téléphones portables pourrait être nocive, mais les risques seraient encore plus élevés lorsque les appels sont passés dans les moyens de transport. Au-delà des accidents potentiels en voiture, c'est surtout le passage d'une antenne relais à une autre qui serait le plus risqué.
L'utilisation de téléphones portables pourrait être nocive, mais les risques seraient encore plus élevés lorsque les appels sont passés dans les moyens de transport. Au-delà des accidents potentiels en voiture, c'est surtout le passage d'une antenne relais à une autre qui serait le plus risqué. © Ta_Samaya,StockFreeImages.com
En s’appuyant sur des études, et en citant l’exemple d’un homme d’affaires italien ayant développé une tumeur au cerveau alors qu’il avait passé les 12 années précédentes à téléphoner cinq à six heures par jour, l’agence défend l’idée qu’il existe suffisamment d’éléments qui devraient inciter à la prudence. Elle appelle donc dès à présent à des mesures de précaution afin de réduire l’exposition de la tête aux ondes électromagnétiques. Ainsi, cela limiterait le risque, la taille et la gravité des tumeurs cérébrales qui pourraient apparaître.
Principe de précaution : la piste à suivre ?
La Commission européenne a déjà réagi à cette publication et a précisé qu’il lui fallait prendre davantage de recul pour intervenir en ce sens. La nouvelle ne sera probablement pas bien reçue par les lobbys de la téléphonie mobile. L’AEE calme le jeu et précise, sur la base d’expériences passées, que ce genre de contraintes stimule l’inventivité et l’innovation technologique : un argument pour tenter de convaincre une industrie qui pèse des milliards d’euros.
Face aux risques éventuels, quelques recommandations sont avancées. L’AEE préconise de ne pas coller le portable à l’oreille et de préférer l’utilisation d’une oreillette ou, dans le cas contraire, de changer de côté toutes les deux minutes.
Ce texte apporte donc de nouveaux éléments au débat mais ne permet aucunement de trancher. Cependant, comme il le précise, le principe de précaution se révèle presque toujours bénéfique. Sur 88 alertes lancées au nom de ce principe et que l'AEE a étudiées, seules quatre n’étaient pas justifiées. Alors la question se pose : devons-nous vraiment nous méfier de nos téléphones portables ?

Ces neurones qui aiment les massages et les caresses


Besoin d’un moment de détente ? Envie d’un bon massage ? Et si un simple médicament pouvait procurer cette sensation ? Cette semaine, la science décalée s’intéresse à ces neurones particuliers chez la souris qui ne s’activent que lors des caresses. En les stimulant à l’aide d’une substance chimique, les rongeurs ont semblé prendre du plaisir. La bonne nouvelle, c'est qu'il existerait semblable structure chez l’Homme…
Le toucher est un sens plus complexe qu’il en a l’air. Qu’on se pique sur des épines ou qu’on soit caressé par la plume d’un oiseau, les sensations émanant des nerfs sont complètement différentes et même antagonistes. L’organisme sait faire la distinction car les deux situations n’activent pas les mêmes populations de neurones.
Les recherches sur la douleur étant plus simples à mener, de nombreuses études traitent de la question. En revanche, la littérature est bien plus avare en travaux portant sur la neurologie de la caresse. Pourtant, le problème mérite bien un peu d’attention aussi, car s’il ne nous explique pas comment éviter de nous faire mal, il pourrait nous faire comprendre comment se faire du bien.
Le début de la réponse pourrait venir du California Institute of Technology(Caltech). Ces chercheurs, auteurs d’une publication dans Nature, ont montré qu’il existait bien des neurones qui s’activent spécifiquement chez la souris lors de séances de caresses, mais aussi que leur simple stimulationest source de plaisir.
Sous la peau, il existe plusieurs réseaux de neurones qui s'activent en fonction de la stimulation ressentie. Parmi eux, les fibres C tactiles sont plus lentes pour faire transiter l'information jusqu'au cerveau, mais pourraient bien procurer une sensation de détente et de bien-être.
Sous la peau, il existe plusieurs réseaux de neurones qui s'activent en fonction de la stimulation ressentie. Parmi eux, les fibres C tactiles sont plus lentes pour faire transiter l'information jusqu'au cerveau, mais pourraient bien procurer une sensation de détente et de bien-être. © Benedict Campbell, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Des neurones spécifiques à la caresse
Chez la plupart des mammifères, l’Homme ne faisant pas exception, des caresses sur la peau ou les poils procure des sensations agréables. Chiens et chats savent réclamer ces moments de tendresse, tandis que nos cousins sociaux, des rongeurs aux primates, se lancent dans des séances de toilettage indispensables à la cohésion entre individus.
Ainsi, les souris constituent un modèle intéressant pour étudier les aspects neurobiologiques de la question. Dans une première phase de l’expérience, les animaux ont été pincés, tapotés avec le manche d’un pinceau ou caressés avec sa brosse. Simultanément, les scientifiques pouvaient observer par fluorescence, sous la peau, les populations de neurones qui s’activaient en fonction des différentes stimulations. Seules étaient marquées les cellules nerveuses relargant beaucoup de calcium, évènement nécessaire pour leur activation.
Les auteurs ont remarqué une population de neurones qui étaient stimulés spécifiquement quand le pinceau passait sur le pelage des rongeurs et qui s’éteignaient lorsqu’on pinçait la peau.
Les souris prennent du plaisir !
Dans un second temps, les chercheurs ont voulu établir si ces cellules étaient associées à des évènements plaisants. Des souris ont été génétiquement modifiées afin d’activer spécifiquement ces neurones après l’injection d’un médicament. L’opération a été menée dans une chambre bien particulière.
Ensuite, il s’agissait d’observer les endroits préférés par les souris, ceux où elles passaient le plus de temps. Le plus souvent, les animaux préféraient traîner dans la pièce où ils avaient reçu l’injection et donc où leurs neurones sensibles à la caresse s’étaient activés. Pour les scientifiques, voilà le signe que la stimulation de ces cellules est renforcée positivement. D’autres analyses du comportement suggèrent que ces cellules nerveuses, une fois activées, réduiraient les symptômes de l’anxiété. Est-ce la raison qui pousse les rongeurs à se toiletter mutuellement ?
Une pilule en guise de massage ?
Des neurones semblables ont été observés chez l’Homme. Appelées fibres C tactiles, on les retrouve dans les régions de la peau susceptibles de porter des poils (donc pas sur la paume des mains par exemple). Réagissent-elles de la même façon que chez la souris ? Si cela venait à se vérifier, on disposerait d’éléments neurologiques nouveaux expliquant le plaisir ressenti lors d’un massage ou de caresses.
Si aucune application thérapeutique n’est pour le moment envisagée, certains suggèrent déjà que de ces recherches pourraient éventuellement aboutir un traitement de l’anxiété, voire de troubles psychiatriques. D’autres en revanche se tournent plutôt vers nos animaux de compagnie. Ils y voient là l’occasion potentielle de fournir un peu d’affection à un chien qui doit supporter l’absence de ces maîtres toute une journée. Quant aux plus terre-à-terre, ils espèrent peut-être retrouver la douceur et le bien-être procuré par un massage en avalant simplement une pilule…

Comment recharger un mobile avec du silicium et de l'eau


Votre portable tombe en panne au bord de la mer parce que la pile à combustible qui l’alimente a épuisé ses réserves d’hydrogène. Qu’à cela ne tienne : grâce à la découverte de chercheurs de l’université de Buffalo, il vous suffira bientôt de jeter des nanoparticules de silicium dans une bouteille d’eau pour libérer presque instantanément de grandes quantités d’hydrogène…
Nombreux sont les laboratoires engagés dans la recherche de nouvelles sources d’énergie qui utilisent les nanotechnologies. Il peut s’agir de tentatives de photosynthèse artificielle ou de stockage de l’hydrogène par des procédés sûrs et commodes, par exemple par l’intermédiaire desbuckminsterfullerènes. On place d’ailleurs beaucoup d’espoir dans l’hydrogène, que ce soit pour mettre en mouvement les voitures de demain ou alimenter divers dispositifs électroniques.
Il ne faut toutefois par perdre de vue que l’hydrogène n’est pas en soi une source d’énergie primaire, mais seulement un vecteur commode que l’on peut utiliser, par exemple, dans des piles à combustible. En général, cet hydrogène est obtenu initialement par électrolyse. Il faut donc produire de l’électricité d’une façon ou d’une autre, et de préférence à partir du Soleil.
Une vue au microscope électronique des nanoparticules de silicium capables de libérer de l'hydrogène à partir de l'eau. Pour cela, inutile de chauffer ou d'utiliser un courant électrique.
Une vue au microscope électronique des nanoparticules de silicium capables de libérer de l'hydrogène à partir de l'eau. Pour cela, inutile de chauffer ou d'utiliser un courant électrique. © Swihart Research Group, université de Buffalo
Bientôt, l’hydrogène disponible partout grâce aux nanoparticules
Des chercheurs de l’université de Buffalo aux États-Unis viennent justement d’annoncer dans un article des Nano Letters une découverte qui devrait avoir des applications dans le domaine des piles à combustible. Imaginez-vous en vacances sur les plages noires du Stromboli ou en excursion au fond du Grand Canyon. Votre téléphone ou votre ordinateur portable va rendre l’âme faute d’électricité fournie par la pile à combustible. Pas de panique ! Il suffit de sortir un petit tube contenant une poudre de nanoparticules de silicium, l’un des éléments les plus abondants sur Terre, et de la jeter dans un flacon rempli d’eau de la Méditerranée ou du fleuve Colorado. Un dégagement d’hydrogène se produit aussitôt (sans qu’il soit nécessaire de chauffer ni d’utiliser de la lumière ou de l’électricité), rechargeant du même coup la pile à combustible.
Comme l’ont découvert les chercheurs, il ne s’agit pas de n’importe quelles nanoparticules de silicium. Il faut qu’elles soient sphériques et que leur taille soit au plus de l'ordre de dix nanomètres. Avec des nanoparticules de 100 nm de diamètre, il faut 45 minutes pour dégager autant d’hydrogène qu’avec des nanoparticules plus petites en quelques minutes.
À nouveau, il ne s’agit pas d’une source d’énergie primaire, car il a fallu dépenser de l’énergie pour produire ces nanoparticules. Elles constituent juste un moyen pratique pour alimenter des piles à combustible dans des lieux où l’eau est abondante et dans des situations problématiques loin de sources d’électricité. Il va sans dire qu’une telle poudre va certainement intéresser l'industrie et l’armée.

De la bière pour traiter le diabète ou certains cancers ?


Il a été démontré que des composés de la bière issus du brassage du houblon, les humulones, pouvaient contribuer à traiter différentespathologies, comme le diabète ou le cancer. Leur conformationprécise vient d’être établie, ouvrant la voie au développement de nouveaux médicaments…
La bière serait-elle aussi vieille que la civilisation ? Il y a 5.000 ans déjà, le peuple sumérien louait Ninkasi, la déesse de la bière. Cette boisson alcoolisée s’obtient après un mélange de malt et d’eau chaude, entraînant après différents processus chimiques la formation d’un jus sucré. Une fois porté à ébullition, on y ajoute du houblon. Ce sont les molécules de cette plante, les humulones, dérivées de la lupuline, qui confèrent à la boisson son goût et sa mousse caractéristiques.
Des études publiées ces dix dernières années semblent montrer l’intérêt thérapeutique des humulones, utilisées en petite quantité, contre de nombreuses pathologies telles que le diabète, certains cancers ainsi que l’inflammation ou la prise de poids.
Cependant, il est encore un peu tôt pour en faire des médicaments. L’une des étapes essentielles avant d’atteindre ce but consiste à déterminer la structure tridimensionnelle de chacun de ses composés. C’est ce que viennent de faire des chercheurs de l’université de Washington (Seattle, États-Unis), permettant de mieux comprendre comment réagissent ces molécules et quels pourraient être leurs modes d’action.
La forme des humulones décryptée
Il existe plusieurs types d’humulones, de structures très proches, mais aux propriétés biologiques potentiellement différentes. Même si des composés chimiques sont proches, les variations qu'ils présentent sont fondamentales en médecine et peuvent entraîner des réactions inattendues. Par exemple, on se souvient du thalidomide, un médicament prescrit à la fin des années 1950 et au début des années 1960 aux femmes enceintes victimes de nausées matinales. Ce médicament a provoqué en grand nombre de terribles malformations congénitales. Mais des analyses ont montré qu’une seule molécule à la structure particulière était responsable des pathologies, tandis que les autres, pourtant chimiquement proches, ne présentaient aucun danger.
Les humulones, issues du houblon lors du brassage de la bière, confèrent à la boisson son goût particulier, permettent à la mousse de maintenir une certaine cohésion et ont des propriétés antibactériennes et antioxydantes. Ces molécules acides possèdent le plus souvent un cycle de cinq atomes de carbone.
Les humulones, issues du houblon lors du brassage de la bière, confèrent à la boisson son goût particulier, permettent à la mousse de maintenir une certaine cohésion et ont des propriétés antibactériennes et antioxydantes. Ces moléculesacides possèdent le plus souvent un cycle de cinq atomes de carbone. © Werner Kaminsky
Les scientifiques américains ont donc cherché à établir la conformation spatiale des humulones après extraction, au moment du brassage et de la purification des molécules. Après cristallisation de ces acides, les auteurs de ce travail, publié dans Angewandte Chemie International Edition, ont utilisé la cristallographie par rayons X pour déterminer la structure des molécules.
Non, la bière n’est pas un médicament
Lors du brassage de la bière, la lupuline se transforme et son cycle à six atomes de carbone initialement n’en a plus que cinq. À la fin du processus, deux groupes latéraux peuvent venir se placer au-dessus ou en dessous de l’anneau formé par le cycle, donnant naissance à quatre agencements possibles.
Ainsi, il est possible de déterminer avec quels autres composés chacune de ces molécules peut interagir pour, à terme, comprendre leur activité dans les organismes. L’étape est préliminaire mais essentielle dans le développement de médicaments. Elle permet de voir quelles molécules sont actives contre des maladies définies. Cette découverte permettra certainement d’accélérer le processus de mise au point de nouveaux traitements.
Malheureusement pour les amateurs de bière, la boisson en elle-même n’est pas vraiment préconisée pour améliorer la santé, surtout si elle est consommée sans modération. Seules les humulones, prises de manière isolée et en petite quantité, pourraient s’avérer bénéfiques. Malgré ses millénaires d’histoire, la bière ne connaît donc pas encore le même sort que le cannabis, qui est autorisé dans certains pays pour un usage thérapeutique même s’il est banni pour un usage récréatif. En revanche, elle pourrait être considérée comme le vin rouge : bénéfique à doses modérées.

Un lien entre Alzheimer et le diabète de type 2 a-t-il été découvert ?


Les personnes atteintes de diabète de type 2 ont davantage de risques de développer la maladie d’Alzheimer. Des scientifiques israéliens viennent de démontrer que des protéines impliquées dans les deux pathologies interagissent fortement entre elles et pourraient expliquer le lien de cause à effet. Les prémices d’un nouveau médicament ?
En apparence, le lien n’est pas évident. Pourtant, une étude récente a montré que les diabétiques de type 2 sont deux fois plus enclins que le reste de la population à souffrir de la maladie d’Alzheimer, principale cause dedémence en France et dans le monde. Il doit donc y avoir un processus biologique qui facilite le développement de la neurodégénérescence chez les patients insulinorésistants.
Ces deux pathologies, on le sait, ont des points communs. Toutes deux sont notamment favorisées par l’obésité. On les associe également à des amas de protéines de la même famille, celle des amyloïdes. Dans le cas du diabète, c’est l’amyline (protéine endogène à effet hyperglycémiant) qui s’agrège au niveau du pancréas. Pour Alzheimer, ce sont les bêta-amyloïdesqui s’accumulent en plaques entre les neurones. Cependant, fait intéressant, ces deux peptides ont été retrouvés dans le pancréas des personnes diabétiques et leur présence semble coïncider avec la progression des maladies.
Les scientifiques ont alors émis l’hypothèse que la démence apparaissait consécutivement à l’interaction entre amyline et bêta-amyloïdes. Pour le moment, cela n’a pas pu être démontré.
Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un taux de sucre dans le sang trop élevé. Cela est dû à une insensibilité à l'insuline, l'hormone faisant baisser la glycémie. Cette pathologie est associée à d'autres troubles, dont la maladie d'Alzheimer.
Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un taux de sucre dans le sang trop élevé. Cela est dû à une insensibilité à l'insuline, l'hormonefaisant baisser la glycémie. Cette pathologie est associée à d'autres troubles, dont la maladie d'Alzheimer. © Lesscholz, StockFreeImages.com
Des affinités entre bêta-amyloïdes et amyline
Cependant, une nouvelle étude vient d’être réalisée par Yifat Miller et ses collègues de l’université Ben Gourion du Néguev, en Israël. Ils viennent de présenter leurs travaux à la 57e rencontre annuelle de la Biophysical Society(Philadelphie), révélant les interactions entre les deux molécules.
En combinant ressources informatiques et données expérimentales, ils ont établi qu’il existait des régions de haute affinité entre l’amyline et les bêta-amyloïdes. Ensemble, elles forment facilement des dimères (association de molécules identiques) polymorphes. Si, pour l’instant, l’effet de cette association sur l’organisme n’est pas connu, les auteurs supposent que cela pourrait être le lien entre les deux pathologies.
Désormais, ils souhaiteraient développer un médicament capable d’empêcher la liaison entre les deux amyloïdes. Il s'agirait alors de vérifier si ce médicament diminue le risque de développer la maladie d’Alzheimer chez les personnes diabétiques. Ce serait une grande avancée qui permettrait de limiter l’incidence de la neurodégénérescence. Alors qu’on ne dispose encore d'aucun traitement efficace, on prévoit une augmentation du nombre de cas dans les décennies à venir. Limiter les risques d’apparition semble donc être pour le moment l’une des meilleures stratégies à adopter.

Plus de temps devant la télé, moins de spermatozoïdes


Une nouvelle étude suggère un lien entre le temps passé devant la télévision et la quantité de spermatozoïdes produits. L’inactivité physique pourrait être une des causes de la baisse de la fertilité constatée ces dernières décennies, mais ce ne serait probablement pas la seule.
Les dernières études n’ont rien de rassurant. Toutes concordent et semblent démontrer que le sperme des hommes perd en qualité et en quantité depuis quelques décennies. Pourquoi ? On ne le sait pas précisément. Plusieurs pistes sont lancées, avec comme principaux suspects notre mode de vie moderne ainsi que certains polluants de l’environnement.
Par exemple, l’obésité et les régimes hypercaloriques figurent sur la liste des accusés. Plusieurs études ont également semblé incriminer le sport : un excédent d’activité physique pourrait provoquer une baisse de la concentration en spermatozoïdes. Une thèse discréditée par une étude parue en novembre dernier.
Une nouvelle recherche, menée par Jorge Chavarro et ses collègues de laHarvard School of Public Health, va également dans ce sens. Elle montre que les hommes qui passent le plus de temps assis à regarder la télévision produisent beaucoup moins de spermatozoïdes que les plus sportifs.
Des spermatozoïdes n’aiment pas la télévision
Cette étude, publiée dans le British Journal of Sports Medicine, se base sur les échantillons de sperme et les réponses à un questionnaire de 189 jeunes américains âgés de 18 à 22 ans. Ils devaient notamment préciser le temps moyen hebdomadaire passé devant la télévision ou à pratiquer une activité physique.
Le sport favoriserait la production de spermatozoïdes quand la télé aurait l'effet inverse. Nos gamètes ne seraient donc pas faits pour l'inactivité.
Le sport favoriserait la production de spermatozoïdes quand la télé aurait l'effet inverse. Nos gamètes ne seraient donc pas faits pour l'inactivité. © Anna Tanczos, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Le constat semble clair. Chez ceux passant plus de 20 h par semaine à zapper sur leur canapé, le nombre de spermatozoïdes est inférieur de 44 % à celui de leurs homologues qui y consacrent moins de temps. À contrario, les hommes pratiquant au moins 15 h de sport par semaine disposent en moyenne de 73 % de gamètes en plus. En revanche, pour les autres paramètres, comme la motilité ou la morphologie, les auteurs n’ont constaté aucune différence entre les groupes. Que les amoureux de la télécommande se rassurent, aucun des participants ne se situait en dessous du seuil de fertilité, fixé par l’OMS à 15 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme.
D’autre part, il est impossible pour les chercheurs d’affirmer si de tels écarts peuvent effectivement influer sur la capacité à procréer, leur travail n’ayant pas évalué ce paramètre.
La télévision, un coupable idéal ?
Les chiffres sont inquiétants quand on sait qu’en 2012, les Français sont restés en moyenne 24 heures et 50 minutes par semaine devant le petit écran, soit 30 minutes de plus qu’en 2011. Cela pourrait-il expliquer pourquoi le taux de spermatozoïdes a diminué d’un tiers entre 1989 et 2005, au sein de l’Hexagone ?
La télévision est déjà associée à des pathologies cardiaques ou métaboliques, comme l’obésité ou le diabète, et la position assise qu’elle implique contribuerait à réchauffer le scrotum et les testicules, diminuant ainsi la concentration spermatique. Cependant, les études portant sur les travailleurs qui passent leur journée sur leur chaise de bureau sont plus contrastées. Jorge Chavarro et ses consorts suggèrent que l'effet néfaste de la télévision serait dû à la diffusion de publicités pour des aliments riches en calories et que son visionnage s’accompagne parfois d’une nourriture peu équilibrée.
Malgré tout, il existe d’autres facteurs de risques affectant les populations despermatozoïdes. Pour trouver les explications au phénomène, il faut probablement mixer tous les résultats qui nous parviennent afin de constater que les paramètres sont nombreux. Ce travail ne concerne en effet qu’un faible effectif et, de l’aveu même des auteurs, ne peut être généralisé. Des recherches complémentaires s’imposent afin de vérifier le lien de cause à effet. Une question demeure : se mettre à courir plutôt que de regarder unDVD permettrait-t-il aux hommes de restaurer leurs spermatozoïdes perdus ?

La pollution de l’air contribuerait à la naissance de bébés trop chétifs


Une étude portant sur trois millions de naissances à travers le monde semble montrer que la pollution atmosphérique pourrait avoir un effet sur le poids des nouveau-nés. Si le risque individuel est faible, les conséquences seraient nettement plus visibles à l’échelle de la population.
On le sait : la consommation de tabac, d’alcool ou d’autres drogues durant lagrossesse est mauvaise pour le bébé à naître. Il pourrait venir au monde en étant trop chétif (moins de 2,5 kg), une condition souvent associée à de plus grands risques de mortalité infantile, de troubles ou de maladies. Une analyse menée en 2010, aux États-Unis, révèle que cela concerne 8,3 % des accouchements.
Certaines études semblent montrer qu’une exposition à un air trop pollué pourrait avoir les mêmes conséquences. Cependant, d’autres recherches aboutissent à des résultats contradictoires, car les protocoles utilisés ne sont pas les mêmes. Difficile pour les spécialistes de trancher.
Cependant, un nouveau travail pourrait faire date en la matière. Publié dansEnvironmental Health Perspectives, il montre que les femmes enceintes qui respirent le plus de particules fines ont un risque modérément accru de donner naissance à un enfant chétif. Une étude intéressante, même si quelques défauts peuvent être pointés du doigt…
Des microparticules dans le viseur
Réalisée par une équipe de chercheurs issus du monde entier, sous l’égide de Tracey Woodruff, de l’université de Californie, à San Francisco (UCSF), cette étude se base sur des données récoltées auprès de 14 centres de recherches différents, situés dans neuf pays. C’est plus de trois millions de naissances qui ont pu être analysées.
Ces travaux se sont focalisés sur les particules atmosphériques de moins de 2,5 µm (PM2,5) et celles de moins de 10 µm (PM10). Elles sont principalement produites par la combustion d’hydrocarbures fossiles (desautomobiles, par exemple) ou de bois, ainsi que par les usines.
Les smogs, ces nuages de pollution urbaine, frappent les grandes villes, comme ici à Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie. Ils sont nocifs, et même pour les bébés encore dans le ventre de leur mère.
Les smogs, ces nuages de pollution urbaine, frappent les grandes villes, comme ici à Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie. Ils sont nocifs, et même pour les bébés encore dans le ventre de leur mère. © Servus, Flickr, cc by sa 2.0
La pollution atmosphérique fait maigrir les nouveau-nés
Concrètement, les auteurs ont estimé qu’à chaque fois que la pollution en PM10 augmente de 10 µg/m3, les risques d’accoucher d’un bébé trop léger augmentent de 3 %. En moyenne, dans ce même créneau, le poids à la naissance diminue de 9 g. À titre indicatif, les niveaux en PM10 varient de 12,5 µg/m3 à Vancouver jusqu’à 66,5 µg/m3 à Séoul.
Si tous les centres disposent de données concernant les particules les plus volumineuses, ce n’est pas le cas pour les PM2,5. Les auteurs ont malgré tout défini une nouvelle fois les risques associés à une augmentation des concentrations dans l’air de 10 µg/m3. Cette fois, les probabilités s’élèvent à 10 %.
Les conclusions peuvent paraître alarmistes, pourtant, à l’échelle individuelle, il y a peu de variations. En revanche, ces chiffres, rapportés à l’échelle de la population, sous-entendent que le phénomène n’est pas marginal et que la pollution atmosphérique serait peut-être responsable de nombreux cas de bébés chétifs à travers le monde.
Améliorer la qualité de l’air pour la santé des bébés
L’expérience est à relativiser, car elle pourrait présenter des biais. L'effet de la pollution atmosphérique sur la santé des bébés reste très faible et les différences observées peuvent être modulées par plusieurs facteurs qui n’ont pas toujours été précisément pris en compte. Par exemple, malgré les efforts des auteurs pour se renseigner sur la consommation de tabac, d’alcool ou de drogues durant la grossesse, ces résultats n’étaient pas systématiquement fournis par tous les centres. Ainsi, cette partie de l’analyse n’a pu être menée que partiellement.
Malgré tout, la relation établie ne paraît pas être le fruit du hasard. Pour l’heure, les explications restent floues. Certains supposent par exemple que les particules fines altèreraient le lien entre le fœtus et le placenta, limitant la quantité de nutriments parvenant jusqu’au bébé à naître. D’autres évoquent plutôt le stress biologique que la pollution engendrerait chez la mère, entraînant des répercussions pour son enfant. Ce ne sont que des hypothèses qui ne demandent qu’à être vérifiées.
Il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures afin d’améliorer laqualité de l’air que l’on respire. Un combat qui n’est pas gagné d’avance dans tous les pays du monde, à en croire un récent rapport. La Chine, par exemple, a de quoi s’inquiéter. La pollution atmosphérique à Pékin y atteint actuellement des records. Espérons que cela n’aura que peu de conséquences sur les nouveau-nés pékinois.

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