dimanche 16 septembre 2012

Notre vie sexuelle a-t-elle vraiment changé en cinquante ans ?


Le cinéma met à l’honneur Alfred Kinsey et son rapport, véritable bombe dans les années 1950 : pour la première fois, nos pratiques sexuelles étaient rendues publiques. En cinquante ans, la parole nous a libérés. Mais à quel point ?


A lire :
- Le Dictionnaire de la sexualité humaine, ouvrage collectif dirigé par Philippe Brenot, couvre un domaine qui va de l’amour à l’érotisme, en passant par le fonctionnement hormonal (L’Esprit du temps, 2004).
- Le Journal d’Arthur et Chloé de Philippe Brenot. Une initiation sentimentale et amoureuse à partir des cahiers secrets d’Arthur et Chloé qui, en classe de quatrième, découvrent leurs différences et leurs ressemblances, leurs interrogations et leurs inquiétudes (Odile Jacob, 2004).
- Le Journal d’un sexologue d’Alain Héril. L’auteur livre des pistes pour être à l’aise dans sa sexualité (Courrier du livre, 2003).
- De la sexualité en démocratie de Valérie Daoust. Ou comment l’époque permet à chaque individu d’inventer son comportement sexuel (PUF, 2005).
- La Sexualité des femmes n’est pas celle des magazines de Catherine Blanc. L’auteur nous fait partager son expérience de thérapeute à laquelle les femmes viennent parler de leur sexe, de leurs fantasmes, de leur plaisir et de son absence (La Martinière, 2004).

Si l’observation des insectes avait captivé le docteur Alfred Kinsey toute sa vie, la révolution sexuelle n’aurait peut-être jamais eu lieu. Nous sommes à la fin des années 1930, aux Etats-Unis. En bavardant avec ses étudiants, Kinsey, estomaqué par leur ignorance crasse, décide de délaisser l’entomologie pour une mission cruciale : explorer la sexualité masculine. Il accumule des milliers de témoignages et publie, en 1948, le rapport explosif qui porte son nom ("Sexual Behavior in the Human Male" - Indiana University Press, 1998, édition en anglais). Le livre est accueilli avec stupeur et enthousiasme outre-Atlantique et dans de nombreux pays occidentaux, dont la France. Pour la première fois, il dévoile à des sociétés muettes sur le sexe, impitoyables avec l’homosexualité et l’avortement, la réalité crue de la vie sexuelle des individus.
Cinq ans plus tard, Kinsey récidive avec une étude sur la sexualité féminine ("Sexual Behavior in the Human Female" - Indiana University Press, 1998, édition en anglais). Cette fois, c’est le scandale, le docteur devient un paria. Ce qui était acceptable pour les hommes ne l’est pas pour les femmes. Son courage et sa curiosité scientifique ont pourtant profité à tous et largement contribué à la libération des mœurs.
Celle-ci a balayé des tabous majeurs. Mais si, il y a à peine cinquante ans, on jugeait anormal tout individu qui s’intéressait trop au sexe, une nouvelle culpabilité a surgi : aujourd’hui, ce sont ceux qui ne s’y intéressent pas qui sont mal jugés. En matière de comportement sexuel, la société nous impose des normes qui nous rendent beaucoup moins libres que nous l’imaginons. « J’entends beaucoup parler de simulation par mes patientes, rapporte Alain Héril, sexologue et psychothérapeute. Elles le font par crainte que leur partenaire ne se détourne d’elles. Les hommes veulent faire jouir les femmes comme si c’était la seule façon de se rassurer sur leur virilité, et comprennent difficilement que certaines d’entre elles préfèrent parfois une relation moins performante. »
D’après Philippe Brenot, psychiatre et thérapeute de couple, ce sont ces mêmes peurs de perdre l’autre qui poussent les femmes à accepter, à l’encontre de leur désir pour la plupart, l’échangisme ou la sodomie, pratiques souvent proposées par les hommes. L’essor de la pornographie, l’érotisation extrême de notre environnement ont grandement désacralisé la sexualité. Au point de la vulgariser et d’en désamorcer les enjeux réels. « La société fabrique des normes, notamment pour rentabiliser les plaisirs de l’individu (messageries, sex-shops, échangisme) », observe Valérie Daoust, sociologue et professeur à Ottawa, au Canada.
Pour autant, dans l’intimité, les pratiques sexuelles ont-elles évolué au diapason de cette marchandisation et des images dont nous sommes bombardés ? Pas sûr. Beaucoup ne veulent pas céder à ces diktats. « L’’individu contemporain, selon Valérie Daoust, a les moyens de refuser ces modèles au profit d’une multitude de possibilités, qui vont de la rencontre sexuelle sans sentiment aux amours les plus romantiques. »
Parmi les changements flagrants de modèles, la hiérarchie entre identités féminine et masculine s’atténue. « Les femmes empruntent aux hommes leur vocabulaire, leur façon de prendre les devants, observe Catherine Blanc, psychothérapeute et sexothérapeute. Mais ont-elles acquis une vraie liberté ? Est-ce là la bonne voie pour que les femmes soient au plus près de leurs vrais désirs, ou n’est-ce qu’une manière de s’approprier le masculin ? C’est à cette question que sont confrontées les femmes d’aujourd’hui. »
Une question qui oblige à une réflexion profonde sur « comment aimer » et « comment vivre à deux ». La relation au sein du couple a elle aussi connu une vraie mutation. « La parole s’est installée à l’intérieur des couples, parfois avec l’aide d’une tierce personne lorsqu’il y a des difficultés particulières, souligne Philippe Brenot. C’est révolutionnaire, car parler, c’est déjà délier. Ainsi certains symptômes comme le vaginisme, que je rencontrais souvent lorsque j’ai commencé à exercer, ont quasiment disparu. »
Cette parole libérée, ce sont surtout les femmes qui l’ont prise en charge, révélant aux hommes que la sexualité féminine avait ses propres données. « Grâce à ce dialogue instauré, les préliminaires se sont développés, poursuit Alain Héril. La parole a fait tomber la culpabilité, et les femmes se sentent en droit de réclamer certaines caresses comme le cunnilingus. Elles n’en sont plus à penser que l’orgasme clitoridien est moins valorisant que le vaginal. Leur souci premier est de prendre du plaisir. »

Le troisième âge du sexe

A voir :
Dr Kinsey, parlons sexe ! de Bill Condon, avec Liam Neeson et Laura Linney. Comment Alfred Kinsey, entomologiste mondialement reconnu, a mis la même passion à observer les comportements sexuels de ses contemporains que celle qu’il avait déployée, pendant vingt ans, à comprendre la vie des guêpes.
L’autre grand bénéficiaire de cette révolution est la génération qui l’a initiée, dans les années 1960. Cet actuel « troisième âge », après avoir impulsé des changements majeurs, entend bien continuer à les savourer, aidé par les progrès de la médecine et une espérance de vie qui est passée, en un siècle, de 50 à 82 ans. « La ménopause ne signifie plus l’arrêt de la vie sexuelle, explique Philippe Brenot, et lorsque des individus se retrouvent seuls aux alentours de 70 ans, ils se sentent autorisés à engager une relation sans craindre le ridicule. » Il n’est plus tabou de dire qu’un sexagénaire est tout aussi sensible au désir et à l’amour qu’un trentenaire. « Et puis les générations se mélangent joyeusement, ajoute Alain Héril, pas seulement des hommes de 60 ans avec des femmes de 35, mais aussi des femmes de 50 avec des jeunes gens. L’énergie circule. »
L’individu est donc aujourd’hui libre d’être libre. La sexualité devient l’occasion d’un extraordinaire approfondissement de la connaissance de soi-même et du monde. La transparence des comportements sexuels qui s’est instaurée grâce à Kinsey depuis les années 1950 nous a appris qu’il n’y avait pas une sexualité, mais des sexualités. A chacun aujourd’hui d’inventer la sienne.

Libération sexuelle : les dates clés

  • 1948 Rapport Kinsey sur la sexualité masculine : 90 % des hommes disent pratiquer la masturbation ; 50 %, avoir des liaisons extraconjugales. Alfred Kinsey invente le concept de bisexualité et fait reconnaître les homosexuels.
  • 1953 Rapport Kinsey sur la sexualité féminine : 62 % des femmes déclarent se masturber ; près de la moitié, avoir eu des relations sexuelles avant le mariage ; et 26 %, entretenir une liaison en dehors de leur mariage.
  • 1967 En France, la loi Neuwirth libéralise la vente et l’utilisation des moyens de contraception féminins. Procréation et sexualité sont dès lors dissociables.
  • 1968 Rapport de William Masters et de Virginia Johnson, deux médecins américains. En plus de s’interroger sur le quantitatif, ils questionnent aussi sur le plaisir ou le déplaisir apporté par les pratiques sexuelles.
  • 1972 Premières données récoltées auprès des Français par le docteur Pierre Simon. Il révèle la réalité de la pratique de la masturbation et de la fellation, l’existence de la sodomie, et parle de l’homosexualité, alors considérée comme inacceptable.
  • 1974 Vote de la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
  • 1993 Rapport d’Alfred Spira, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui étudie l’évolution des comportements sexuels depuis l’épidémie de sida. En vingt ans, le nombre de partenaires par individu a augmenté : autour d’une dizaine pour les trentenaires, hommes ou femmes. L’âge de la première relation sexuelle est devenu identique pour les garçons et pour les filles, en moyenne 17 ans, alors qu’il était auparavant plus précoce pour les garçons.

Laisser bébé pleurer (un peu) n’est pas mauvais pour sa santé


Il y a les pour et il y a les contre. Faut-il laisser le bébé pleurer un peu durant la nuit ? Une nouvelle étude vient de renvoyer les deux parties dos à dos : dans un cas ou dans l'autre, les enfants se portent aussi bien…
  • Un dossier pour tout savoir sur les bébés 
Lorsque le bébé se réveille en pleine nuit et se met à pleurer, que faut-il faire ? Se précipiter pour le rassurer ou le laisser s’exprimer un peu avant de venir le retrouver ? Les pédiatres ne se sont toujours pas mis d’accord sur cette question.
Les uns pensent que délaisser l’enfant conduit d’une part à affaiblir l’attachement qu’il a pour sa mère et à faire baisser l’estime de soi. De plus, une étude publiée en décembre dernier montrait que le stress engendré durant les premiers temps de la vie pouvait avoir de sévères répercussions sur le développement neurologique du bébé, et lui causer des traumatismesdurables.
Les autres en revanche considèrent que laisser pleurer le nourrisson est une expérience formatrice (si on ne le laisse pas trop longtemps), qu’il n’en souffre pas et qu’en plus, l’anxiété maternelle finit par diminuer. Pour apporter des réponses à ce débat, des scientifiques du Royal Children’s Hospital de Victoria (Australie) ont suivi des enfants pendant plus de cinq ans pour voir si ceux qu’on avait laissé pleurer se portaient plus mal que les autres. Apparemment non, d'après les résultats publiés dans la revuePediatrics.
Bébés pleureurs ou non, tous se portent aussi bien
En tout, 326 familles ont été recrutées. Chacune était libre d’élever son bébé selon les différentes méthodes. Une partie d’entre elles ont opté pour la technique du pédiatre Richard Ferber, dite des pleurs contrôlés, qui invite les parents à habituer le bébé à se plaindre un peu plus longtemps nuit après nuit avant l'intervention des parents. D’autres ont pratiqué la méthode du camping out, à savoir venir dans la chambre du nourrisson quand il est en pleine crise de larmes mais simplement se placer à côté de lui, sans le prendre dans ses bras. Un troisième lot regroupait les enfants « contrôle », ceux qui étaient aussitôt rassurés par leurs parents.
Dors bébé, dors. Au moins la question de savoir si tes parents doivent te laisser pleurer ou non ne se pose pas...
Dors bébé, dors. Au moins la question de savoir si tes parents doivent te laisser pleurer ou non ne se pose pas... © Ambrozinio, StockFreeImages.com
Régulièrement, des mesures pour évaluer le développement affectif, la santé mentale ou la capacité à gérer le stress ont été entreprises depuis l’âge de 7 mois jusqu’à leurs 6 ans. Et l'analyse est formelle : à aucun moment ces bambins n’ont présenté de différences avec leurs homologues. Pas de trouble du comportement, des émotions, des relations sociales ou dusommeil. Pas de problème d’attachement avec les parents ou avec les personnes extérieures, pas plus de conflits dans la famille. Les parents ne sont pas affectés non plus par les techniques d’apprentissage du sommeil : pas de problème de dépression, d’anxiété ni d’autorité.
Pas de consigne pour les parents
Les auteurs sont allés encore plus loin : ils ont mesuré les taux de cortisol, l’hormone du stress. À ce niveau non plus, aucune différence...
Les méthodes classiques conseillées par les pédiatres semblent donc toutes sans danger pour l’enfant. Ainsi, les chercheurs invitent les parents à opter pour la technique qui leur convient, sans se préoccuper de la santé de leur enfant puisque celle-ci ne sera pas affectée.
En revanche, il est important de ne pas commencer trop tôt. Avant l’âge de 6 ou 7 mois, les spécialistes conseillent de se lever systématiquement et de prendre le bébé dans les bras à chaque crise de larmes. Après, il devient possible de le laisser pleurer un peu. Mais pas toute la nuit !

Web designer CJRoumain

Contacts: www.facebook.com/cjroumain
www.twitter.com/cjroumain
www.youtube.com/CJRoumain
cjroumain@facebook.com

Ecoutez

Speech by ReadSpeaker

Mes Articles

Widget par cjroumain.blogspot.com
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger... www.cjroumain.blogspot.com

Translate

Followers