lundi 11 février 2013

Une unique protéine pourrait-elle soigner cancers, Alzheimer et infections ?


Un remède miracle ? Des chercheurs américains ont montré qu’uneprotéine, appelée Tat-bécline 1, stimule un mécanisme cellulaire qui préserverait d’un spectre très large de pathologies, allant descancers aux infections en passant par les maladies neurodégénératives… Une piste à creuser absolument !
Un pour tous, tous pour un. Cette formule célèbre des mousquetaires d’Alexandre Dumas père pourrait s’appliquer à un éventuel médicamentpotentiellement capable de prévenir (et pourquoi pas de traiter) une largegamme de maladies parmi les plus terribles rencontrées par l’espècehumaine. Rien que cela...
C’est du moins ce qu’espère une équipe de chercheurs affiliés à l’University of Texas Southwestern Medical Center (Dallas, États-Unis). À ce stade d’expérimentation, ils sont conscients que leur protéine modifiée, Tat-bécline 1, est encore bien loin de devenir le remède miracle au cancer, aux maladies neurodégénératives ou aux infections. Cependant, les premières analyses publiées dans Nature suscitent l’optimisme.
L’autophagie comme moyen de prévention des maladies
Ce peptide correspond à une partie de la séquence d’une protéine humaine, la bécline 1. De précédentes études ont mis en avant son rôle clé dans le déclenchement d’un processus fondamental : l’autophagie. C’est le moyen utilisé par les cellules pour recycler leurs protéines et les autres moléculesusagées afin de récupérer les briques nécessaires à l’élaboration de nouveaux composés. Pour ce faire, la cellule utilise des enzymes qui digèrent une partie du cytoplasme.
La maladie d'Alzheimer, la principale cause mondiale de démence, se caractérise par l'accumulation de protéines, nommées bêta-amyloïdes et Tau, dans le cerveau. Une autophagie efficace, induite par la bécline, pourrait débarrasser l'encéphale de ces déchets.
La maladie d'Alzheimer, la principale cause mondiale de démence, se caractérise par l'accumulation dans le cerveau de protéines nommées bêta-amyloïdes et Tau. Une autophagie efficace, induite par la bécline, pourrait débarrasser l'encéphale de ces déchets. © Mark Lythgoe, Chloe Hutton, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
L’autophagie est nécessaire à l’équilibre de la cellule et à sa bonne santé. Certains troubles ou maladies, comme le vieillissement, les cancers, certaines pathologies neurologiques ou infectieuses sont parfois associées à un dérèglement de ce processus naturel. L’activité de la bécline 1 a également été montrée dans la protection contre les cancers du sein, dupoumon ou des ovaires.
Les auteurs ont donc voulu tester les propriétés pharmacologiques de leur molécule particulière, dotée d’une affinité pour le VIH, le virus du Sida. Les souris traitées sont restées insensibles à deux infections potentiellement mortelles, que ce soit par le virus du Nil occidental ou celui du chikungunya. Expérimenté sur des cellules humaines, le VIH n’est jamais parvenu à pénétrer ses cibles.
Tat-bécline 1, le médicament pour sauver l’humanité ?
Ce travail n’en est qu’à un stade très préliminaire, mais toutes ces recherches cumulées suggèrent que la Tat-bécline 1 serait dotée d’unpouvoir préventif plutôt efficace. Les chercheurs misent également sur son pouvoir thérapeutique et souhaitent creuser davantage la piste.
Qu’en attendre ? Les remèdes miracles annoncés à l’avance se sont souvent révélés impuissants. La preuve : le Sida se traite à l’aide detrithérapies (associations de trois médicaments) sans pour autant éliminer le virus, quand les cancers nécessitent plusieurs traitements, différents selon les cas et les patients. Quant à Alzheimer ou les autres maladies neurodégénératives, les succès sont pour l’heure très limités, et les pathologies ne cessent de progresser avec l’âge. Au mieux, la Tat-bécline 1 pourrait servir de complément aux thérapies déjà proposées… Mais ne devrait pas à elle toute seule sauver le monde !

samedi 19 janvier 2013

Laisser bébé pleurer pour garantir son sommeil... et celui des parents


Quand le bébé pleure la nuit, il n’est pas indispensable de venir systématiquement à son chevet. Ainsi, l’enfant apprend à s’endormir seul et a moins tendance à se manifester par des cris les mois qui suivent. Le sommeil de tout le monde est garanti !
À l'heure du coucher ou au milieu de la nuit, les jeunes parents se trouvent presque tous face à un dilemme : laisser pleurer son bébé ou le calmer au premier cri. Une étude américaine offre des éléments de réponse sur la conduite à tenir.
Des chercheurs de l'université Temple à Philadelphie se sont intéressés au sujet et ont interrogé plus de 1.200 parents de jeunes enfants sur les réveilsnocturnes de leurs petits âgés de 6, 15, 24 et 36 mois.
Les petits garçons irritables nourris au sein se réveillent plus
Au début de l’expérience, 66 % des nourrissons se réveillent la nuit une à deux fois par semaine, mais 34 % se réveillent sept nuits par semaine au même âge. Les chiffres baissent à deux nuits par semaine pour la majorité des petits âgés de 15 mois et à une nuit par semaine pour ceux de 24 mois.
« À l'âge de 6 mois, la plupart des bébés dorment toute la nuit, ne réveillant leur mère qu'environ une fois par semaine, a expliqué un des auteurs de l'étude, Marsha Weinraub. Cependant, tous les enfants ne suivent pas ce schéma de développement. »
Les bébés sont bien plus mignons quand ils dorment paisiblement. Mais parfois, ils se mettent à pleurer au milieu de la nuit. Se précipiter pour les rassurer ne serait pas toujours la meilleure façon d'agir...
Les bébés sont bien plus mignons quand ils dorment paisiblement. Mais parfois, ils se mettent à pleurer au milieu de la nuit. Se précipiter pour les rassurer ne serait pas toujours la meilleure façon d'agir... © Etolane, Flickr, cc by nc nd 2.0
Parmi les enfants étudiés qui ne dorment pas toute la nuit, la majorité d'entre eux est masculine avec pour certains une tendance à l'irritabilité et pouvant facilement être distraits. Ces enfants sont aussi majoritairement nourris au sein.
Résister aux pleurs de bébé
Marsha Weinraub explique que la notion clé qui ressort de cette étude est le fait que les bébés ont besoin d'apprendre à s'endormir seuls. « Lorsque les mères répondent présentes à tous ces réveils nocturnes ou si un bébé prend l'habitude de s'endormir au sein, il peut lui être difficile d'apprendre à s'apaiser, ce qui est très important pour un sommeil régulier. » La chercheuse ajoute que « lorsque les troubles du sommeil persistent au-delà de 18 mois, on conseille aux parents de consulter ».
Et de conclure dans la revue Developmental Psychology que « le meilleur conseil est de mettre les enfants au lit à des horaires fixes chaque nuit, de leur permettre de s'endormir seuls et de résister à la tentation d'aller les voir immédiatement en cas de réveil ».
Une étude précédente publiée en septembre 2012 dans la version en ligne de la revue Pediatrics avait montré que le fait de laisser pleurer les nourrissons ne les affectait pas émotionnellement ni ne mettait à mal la relation parents-enfant.

Le lait maternel contiendrait plus de 700 espèces de bactéries


Le lait maternel, dont dépend la composition de l’indispensable flore intestinale du bébé, contiendrait plus de 700 espèces de bactéries. Une diversité synonyme de bonne santé. Cependant, le surpoids de la mère ou un accouchement par césarienne semblent diminuer la qualité du lait…
L’Homme est un être symbiotique. En son sein, ou plutôt dans ses intestins, il dispose d'une armada de bonnes bactéries facilitant sa digestion. Ensemble, elles forment la flore intestinale, sorte d’organe impliqué dans de nombreuses fonctions tout au long de la vie.
Elle commence à coloniser les bébés dès les premiers temps de leur vie extra-utérine, mais dépend aussi de leur alimentation. En effet, les bactéries sont apportées par le lait, mais celui d’origine maternelle semble plus approprié que le lait en poudre pour le bon développement de la flore intestinale.
Pourquoi ? Parce que la mère semble fournir à son nouveau-né une partie des bactéries indispensables à sa bonne santé, qui peuvent par exemple prévenir l’obésité et favoriser l’immunité. Combien sont-elles exactement ? Et comment leur composition varie-t-elle ? Ces questions restaient en suspens, mais des scientifiques espagnols de l’université de Valence apportent des éléments de réponse.
Les bactéries du lait maternel séquencées
Dix-huit nouvelles mamans ont accepté de participer à cette étude et de donner des échantillons de leur lait à la naissance, un mois après et enfin six mois après l’accouchement. Grâce à une technique d’amplification d’ADN et de séquençage, les chercheurs ont pu déterminer la composition dumicrobiote dans le lait maternel en fonction du temps. Les résultats sont publiés dans l'American Journal of Clinical Nutrition.
Dans les extraits les plus riches, ils ont comptabilisé plus de 700 espèces, un nombre supérieur aux estimations avancées jusque-là. Les bactéries les plus communes appartenaient aux genres WeissellaLeuconostoc,StaphylococcusStreptococcus et Lactococcus.
Même si l’on ne le retrouve pas chez tout le monde et surtout en petite quantité, le redoutable staphylocoque doré (ici vu au microscope électronique à balayage en fausses couleurs) compose parfois la flore intestinale de certains patients en bonne santé.
Même si l’on ne le retrouve pas chez tout le monde et surtout en petite quantité, le redoutable staphylocoque doré (ici vu au microscope électronique à balayage en fausses couleurs) compose parfois la flore intestinale de certains patients en bonne santé. © M. Arduino, CDC, DP
En revanche, après 1 et 6 mois apparaissent d’autres microbes des genresVeillonellaLeptotrichia et Prevotella. Ces microorganismes s’épanouissent typiquement dans nos cavités buccales. Les scientifiques sont pour l’heure dans une impasse : ces bactéries viennent-elles du lait pour coloniser la bouche des bébés, ou au contraire passent-elles du nourrisson à la mère pendant la tétée ?
Surpoids et césarienne abaissent la qualité du lait
Ce ne sont pas les seuls résultats marquants. L’expérience de la mère peut altérer la composition microbienne. Les femmes en surpoids ou ayant pris trop de kilos durant leur grossesse disposent d’un lait moins riche en espèces bactériennes. Cette perte de diversité s’avèrerait plutôt préjudiciable pour la santé de l’enfant.
L’accouchement revêt lui aussi son importance. Les mères qui prévoient de donner la vie sous césarienne ont elles aussi un lait plus pauvre en microbes par rapport à celles qui accouchent naturellement. En revanche, lorsque la césarienne est décidée à la dernière minute, la qualité du lait n’est pas dégradée.
Les scientifiques supposent que l’état hormonal a sa part de responsabilités. Dans ces deux derniers cas, la mère effectue le travail d’accouchement de la même façon et seule l’issue diffère. La physiologie reste semblable. En revanche, lorsque l’opération est programmée à l’avance, certains paramètres de stress, comme des hormones, peuvent manquer, se répercutant in fine sur la composition bactérienne du lait.
Donner une flore intestinale adaptée aux bébés
L’utilité précise de la flore intestinale reste cependant mal définie. Aide-t-elle le bébé à mieux digérer ? Contribue-t-elle à stimuler le système immunitairedu nourrisson ? Et si elle participe à tout cela, comment le fait-elle ?
Les réponses à ces questions ne sont pas sans importance, car elles permettraient de mieux définir l’intérêt d’une telle diversité microbienne. Ainsi, on pourrait enrichir le lait artificiel en bactéries indispensables afin de fournir aux enfants qui ne sont pas nourris au sein les mêmes avantages nutritionnels que leurs homologues alimentés directement depuis les tétons de leur mère. Cela pourrait les prémunir par exemple de certaines allergies, contre lesquelles ces microorganismes pourraient nous préserver.

samedi 5 janvier 2013

Notre mémoire à long terme est-elle plus complexe que prévu ?

Depuis quelques années, on pensait que notre mémoire à long terme ne dépendait que d’une seule molécule : la PKMzeta. Cependant, deux études américaines indépendantes viennent de montrer que même sans elle, des souris n’avaient aucun problème pour se souvenir de tout. Si notre mémoire est sûrement moins fragile qu’on le pensait, elle est aussi plus complexe…
 
Tout commence en 2007. Todd Sacktor, brillant chercheur au SUNY Downstate Medical Center de New York parvient, avec son équipe, à effacer des souvenirs d’odeurs désagréables chez des rats. Ces scientifiques avaient effectivement remarqué qu’une enzyme, nommée PKMzeta (protéine kinase M-zeta) semblait jouer un rôle clé dans les processus de mémorisation à long terme. En injectant son inhibiteur, la protéine ZIP, les mauvais souvenirs avaient disparu.
D’autres ont réitéré la manipulation chez différents modèles animaux, avec succès. En 2011, Todd Sacktor a même réalisé l’inverse : cette fois, il a injecté des virus porteurs du gène de la PKMzeta pour que ses rongeurs la produisent en excès. À la fin de l’expérience, la mémoire des goûts déplaisants des rats était renforcée.
Cette enzyme joue donc un rôle central dans la mémoire, puisqu’en l’inhibant spécifiquement, tous les souvenirs disparaissent alors qu’en l’activant, de nouveaux souvenirs se forment plus intensément. La mémorisation repose donc sur un modèle simple mais fragile, puisque sous la dépendance d’une seule et unique molécule…
La mémoire passe par les neurones, et obligatoirement par les connexions qui les réunissent : les synapses. Seulement, même chez les souris qui n'expriment pas la PKMzeta, les synapses ne présentent aucun signe d'altération...
La mémoire passe par les neurones, et obligatoirement par les connexions qui les réunissent : les synapses. Seulement, même chez les souris qui n'expriment pas la PKMzeta, les synapses ne présentent aucun signe d'altération... © Emily Evans, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
La PKMzeta tombe de son piédestal
Cependant, le rôle précis de la PKMzeta reste inconnu. Deux laboratoires américains ont décidé, chacun de leur côté, d’en découvrir un peu plus sur cette enzyme cruciale. Richard Huganir, de la John Hopkins University de Baltimore, et Robert Messing, de l’université de Californie à San Francisco (UCSF), ont tous deux entrepris de développer des lignées de souris génétiquement modifiées pour ne pas exprimer la PKMzeta. Ainsi, l’objectif était de voir à quel niveau la protéine intervenait en observant les défauts d’apprentissage et de mémorisation des souris. Les travaux sont publiés dans la même édition de la revue Nature.
Les résultats obtenus n’étaient pas du tout ceux attendus par les scientifiques. Sur la côte est, Richard Huganir et son équipe se sont focalisés sur les cerveaux de leurs cobayes. La mémoire à long terme se caractérisant par le renforcement des liaisons entre neurones (ou synapses), ils s’attendaient à observer de profondes lacunes. Que nenni ! Ils n’ont observé aucune différence avec les cerveaux des souris normales.
Sur la côte ouest, Robert Messing et ses collègues ont préféré observer la mémoire par l’expression des comportements. Leurs rongeurs ne manifestaient aucun problème pour se souvenir de peurs persistantes, des objets, des lieux et même des mouvements à suivre lors d’une batterie de tests comportementaux. Ces animaux avaient toute leur tête malgré l’absence de PKMzeta.
Les souris génétiquement conçues pour ne pas synthétiser de PKMzeta n'en perdent pas pour autant la mémoire. Mettez-les dans un labyrinthe qu'elles connaissent déjà et elles retrouvent la sortie très vite !
Les souris génétiquement conçues pour ne pas synthétiser de PKMzeta n'en perdent pas pour autant la mémoire. Mettez-les dans un labyrinthe qu'elles connaissent déjà et elles retrouvent la sortie très vite ! ©
Mise en place d’un phénomène compensatoire pour la mémoire ?
Dans les deux expériences, les souris ont eu droit à une injection de ZIP, cet inhibiteur de l’enzyme qui, rappelons-le, est absente. Pourtant, c’est seulement à ce moment que les souris ont commencé à perdre la mémoire. ZIP efface toujours les souvenirs malgré l’absence de sa cible.
Est-ce le signe que PKMzeta n’est d’aucune utilité dans la mémoire ? Pas forcément, répondent les scientifiques. Il a régulièrement été observé des mécanismes de compensation : quand un gène important disparaît, un autre, apparenté, peut prendre le relais. C’est un peu comme une personne non-voyante qui exacerbe l’utilisation de ses autres sens afin de pallier sa cécité. Une cousine comme la PKMlambda aurait-elle assumé ce rôle ?
La mémoire à long terme, pas aussi simple que prévu
Richard Huganir et ses collègues ont mis au point une nouvelle expérience pour déterminer l’importance relative de la PKMzeta. Cette fois, ils disposaient de rongeurs chez qui l’enzyme s’inactivait à l’injection d’un médicament. Les scientifiques ont laissé les souris grandir jusqu'à l'âge adulte et assimiler des souvenirs. Puis ils ont éteint la protéine. Là encore, ils sont retournés regarder dans le cerveau : tout était normal. Et pourtant, dans ce cas, l'organisme n'a pas eu besoin de mettre en œuvre des mécanismes compensatoires...
De tels résultats compliquent la donne. Les neurobiologistes pensaient détenir une explication simple et logique aux processus de mémorisation, mais la réalité semble plus complexe. Si la PKMzeta intervient probablement à un niveau ou un autre, d’autres voies sont nécessaires à l’établissement des souvenirs. Lesquelles ? Cela reste encore un mystère, qu’il ne sera pas simple de résoudre.

L’apprentissage de la langue se fait déjà chez les foetus !

Les bébés ne parlent qu’aux alentours de deux ans, mais leur apprentissage commence bien plus tôt : dès qu’ils ont des oreilles qui fonctionnent. Ainsi, dès la 30e semaine de gestation, les fœtus sont déjà attentifs à la voix de leur mère et sont capables, à la naissance, de différencier des voyelles de leur langue natale de celles d’une langue étrangère.
 
Il n’y a pas d’âge pour apprendre. Et si l’on ne sera jamais trop vieux pour en découvrir davantage sur notre monde, on ne sera aussi jamais trop jeune. La preuve avec cette étude américano-suédoise parue dans Acta Paediatrica révélant que les fœtus se familiarisent avec leur langue maternelle alors même qu’ils baignent encore dans l’utérus de leur mère.
De précédentes recherches avaient montré que les bébés étaient très forts pour discriminer des syllabes d’un langage familier de celles d’une langue inconnue dans les premiers mois de la vie. Mieux : à six mois déjà, ils comprennent le sens de certains mots qu’on leur adresse. L’acquisition de toutes les règles de la communication est pourtant extrêmement complexe, mais les nourrissons sont dotés dès la naissance d’un très grand pouvoir d’apprentissage.
Tout commencerait plus tôt encore. Aux alentours de la 30e semaine de gestation, le système auditif devient fonctionnel : les sons entrent par l’oreille et sont interprétés dans le cerveau. Le fœtus commence à entendre les sons environnants, y compris ceux de sa mère lorsqu’elle parle durant les dix dernières semaines avant l’accouchement. Et le fœtus semble les utiliser pour se familiariser avec le monde extérieur.
Bien que l'anglais soit très parlé en Suède, la langue scandinave se cantonne à la seule Europe du Nord. Pourtant, les bébés suédois comme les américains sucent davantage leur tétine à l'écoute de sons voyelles étrangers, preuve qu'ils ont commencé à apprendre à discriminer leur langue des autres dans le ventre de leur mère.
Bien qu’en Suède, l'anglais soit très parlé, le suédois se cantonne à la seule Europe du Nord. Pourtant, les bébés suédois comme américains sucent davantage leur tétine à l'écoute de voyelles étrangères, preuve qu'ils ont commencé à apprendre à différencier leur langue des autres dans le ventre de leur mère. ©
La tétine ne ment jamais
Des scientifiques des universités de Washington et de Tacoma ont mené une expérience similaire en parallèle avec un chercheur du Karolinska Institutet de Stockholm. Dans chaque pays, 40 enfants étaient recrutés dans la pouponnière dans les heures suivant leur naissance (entre 7 et 75 h).
Étaient alors diffusés des voyelles quasi identiques émises par des Suédois ou des Américains. Les deux langues, bien que d’origine germanique, présentent des divergences qui s’entendent à la diction pour les oreilles exercées. Les nourrissons avaient en bouche une tétine qu’ils suçaient à loisir, reliée à un ordinateur qui déterminait les mouvements et les durées de succion.
En effet, ce comportement bien anodin chez le nourrisson révèle pourtant les appétences du petit. De plus, si dans les deux situations, les nouveau-nés réagissent de manière différente, c’est bien la preuve qu’ils ont été sensible à une prononciation plutôt qu’à une autre et donc qu’il y a des signes d’apprentissage.
Des bébés plus que précoces qui apprennent à parler
Aussi bien en Suède qu’aux États-Unis, les bébés sucent davantage leur tétine à l’écoute de voyelles qui leurs sont étrangères, tandis qu’ils manifestent plus de calme pour des sons émis dans leur langue maternelle. Les auteurs y voient donc le signe d’une discrimination entre des sonorités nouvelles et d’autres déjà entendues.
Les fœtus ont donc commencé leur apprentissage qui durera toute leur vie. Cependant, le cerveau n’est jamais aussi enclin à apprendre que dans les premiers temps de la vie, jouissant alors d’une plasticité inégalée. Les scientifiques essaient donc de décrypter les secrets sous-jacents à ce pouvoir enfantin pour peut-être, un jour, tenter de le transposer chez les adultes.

samedi 29 décembre 2012

S’énerver plus pour vivre plus


Manifester son mécontentement permettrait de vivre plus longtemps. Ce sont les conclusions étonnantes d’une étude allemande qui montre que ceux qui intériorisent leurs émotions ont davantage de risques de développer un cancer ou de souffrir d’hypertension
Certains gardent leur calme quand d’autres se font entendre dès que le moindre désagrément les perturbe. Ceux-là détiendraient l’une des clés de la longévité. C’est du moins ce que montre une méta-analyse menée par deux chercheurs de l’université d’Iéna, en Allemagne.
Le contexte : la santé passe aussi par l’humeur
Le comportement influe sur la santé. En effet, les émotions s’expriment par un certain nombre d’hormones qui affectent la physiologie de l’organisme. Ainsi, l’anxieux de nature, à coup d’adrénaline et surtout de glucocorticoïdes, va abaisser son immunité et augmenter les risques de tomber malade.
Qu’en est-il de celui de réprimer sa colère ? La question a interpellé des scientifiques allemands qui ont fouillé dans les archives pour ressortir 22 études sur le sujet. Leurs conclusions, présentées dans le journal Health Psychologies, révèlent qu’il est meilleur pour la santé physique et morale de dire tout ce que l’on a sur le cœur !
L’étude : des répresseurs qui se font mal au cœur
À travers l’étude de 6.775 patients, les auteurs ont observé l’évolution de certains paramètres physiologiques dans une situation stressante, en fonction du tempérament de la personne. Les « répresseurs », comme les appelait Freud, ceux qui gardent leurs émotions négatives pour eux, voyaient leur rythme cardiaque s’emballer.
Manifester sa colère, ça a du bon pour la santé. On évite à son cœur de monter en régime, limitant les risques d'hypertension artérielle et de cancer.
Manifester sa colère, ça a du bon pour la santé. On évite à son cœur de monter en régime, limitant les risques d'hypertension artérielle et de cancer.
Ils essaient de camoufler au mieux les signes attestant de la peur et se mettent sur la défensive. Plusieurs paramètres objectifs révèlent malgré tout leur anxiété. Ils souhaitent tout contrôler, aussi bien eux-mêmes que leur environnement.
À long terme, une telle situation favorise le développement de certaines maladies, surtout l’hypertension et, moins prévisible, le cancer. En revanche, les personnes qui arrivent à donner de la voix en situation crispante s’avèrent plus à risque de déclencher des maladies coronariennes. Aucune différence n’a été constatée pour les autres maladies cardiovasculaires, les attaques cardiaques ou l’asthme.
L’œil extérieur : l’espérance de vie expliquée par la colère
Pour les auteurs, c’est peut-être l’explication au fait qu’Espagnols et Italiens, réputés pour leur sang chaud, vivent en moyenne deux années de plus que les Britanniques, dont le flegme n’est pas qu’une légende. Un peu léger comme explication dans la mesure où l’espérance de vie ne tient pas qu’à un coup de gueule. L’alimentation, pour laquelle les pays latins sont bien plus réputés, y joue beaucoup, et les taux d’obésité, à l’origine de nombreux troubles cardiovasculaires, sont beaucoup plus élevés sur l’île de Sa Majesté. Par exemple.
Que tous les introvertis se rassurent quand même : leur comportement ne leur joue pas que des vilains tours. Si la moindre petite épreuve les secoue beaucoup, le retour à la sécurité est bien mieux vécu. Tout va bien quand on a le contrôle…

jeudi 27 décembre 2012

Alzheimer : sait-on enfin pourquoi les neurones dégénèrent ?


Des américains ont un début d’explication à la neurodégénérescence observée dans la maladie d’AlzheimerBêta-amyloïdes et protéineTau, toujours retrouvées dans les cerveaux des patients, collaboreraient pour faire entrer les neurones dans le cycle cellulaire, ce qui finirait par les détruire. On tient peut-être là une grande découverte !
A-t-on levé un coin du voile sur le grand mystère Alzheimer ? La maladie neurodégénérative la plus fréquente s’accompagne toujours de plaquesextracellulaires d’une protéine appelée bêta-amyloïde et d’un enchevêtrement d’une seconde, appelée Tau. Si le caractère anormal de l’accumulation de ces molécules avait frappé les neurologues, étaient-elles la cause ou une conséquence de la mort des neurones ?
La plupart des études les rangeaient plutôt dans le camp des coupables, même si aucune ne pouvait expliquer la neurodégénérescence. Une nouvelle recherche, annoncée lors du congrès annuel de l’American Society for Cell Biology, à San Francisco, tend à confirmer cette intuition : bêta-amyloïde et Tau inciteraient les cellules nerveuses à enfreindre la règle numéro 1 pour rester en bonne santé, celle qui proclame qu’il faut rester en dehors du cycle cellulaire. Les neurones entameraient alors un nouveau cycle de division qui n’aboutirait pas mais entraînerait leur mort.
Alzheimer : un problème de cycle cellulaire ?
En temps normal, la plupart des neurones se trouvent dans un état postmitotique, que l’on appelle G0. Dans cette phase, les cellules ne montrent aucun signe de division imminente ou à plus longue échéance : elles sont en latence.
Le cerveau humain est probablement l'organe le plus secret. De ce fait, il rend la compréhension de certaines maladies qui l'affectent, comme la maladie d’Alzheimer, plus difficile aussi !
Le cerveau humain est probablement l'organe le plus secret. De ce fait, il rend la compréhension de certaines maladies qui l'affectent, comme la maladie d’Alzheimer, plus difficile ! © Heidi Cartwright, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Cependant, des scientifiques de l’université de Virginie (Charlottesville, États-Unis) ont remarqué que la bêta-amyloïdes pouvaient changer la donne. Ils ont exposé des neurones de souris à la protéine. Après 24 heures, l’ADN des neurones avait commencé à se dupliquer, étape caractéristique du cycle cellulaire. Sauf si la cellule nerveuse était dépourvue de protéine Tau, auquel cas elle restait en G0. Les deux molécules auraient donc un lien direct entre elles…
Et il a été déterminé. La bêta-amyloïde activerait des enzymes appelées protéines kinases, dont la fonction est d’ajouter des groupements phosphateà des composés. Trois d’entre elles (nommées Fyn, CaMKII et PKA) sont nécessaires pour que le neurone entame sa division, car chacune modifie la protéine Tau en un endroit spécifique. Les bêta-amyloïdes déclencheraient donc indirectement la prolifération de Tau.
Bêta-amyloïde et Tau, les coupables parfaits
L’étape suivante consistait à vérifier l’hypothèse in vivo. Toujours chez la souris, mais les rongeurs avaient été modifiés génétiquement pour présenter une mutation qui favorise l’accumulation des bêta-amyloïdes, conférant aux souris des troubles de la mémoire et de l’apprentissage très semblables à ceux que l’on retrouve chez les patients atteints d’Alzheimer. En parallèle, cette lignée a été croisée avec d’autres souris déficientes en protéine Tau.
Six mois plus tard, les cerveaux étaient disséqués. Avec la conjonction des deux molécules, les scientifiques ont relevé la présence de protéines caractéristiques du cycle cellulaire, nouvelle preuve que les neurones avaient commencé une division qui n’a jamais abouti. En revanche, comme ils s’y attendaient, les animaux ne produisant pas la protéine Tau ne présentaient pas de signes de division cellulaire.
Les scientifiques imaginent déjà cibler les kinases ou les protéines Tauphosphorylées pour lutter contre la maladie. En bloquant l’entrée dans le cycle cellulaire, ils espèrent pouvoir préserver les neurones de leur déclin. Cela fonctionnera-t-il ?

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