Une étude portant sur trois millions de naissances à travers le monde semble montrer que la pollution atmosphérique pourrait avoir un effet sur le poids des nouveau-nés. Si le risque individuel est faible, les conséquences seraient nettement plus visibles à l’échelle de la population.
On le sait : la consommation de tabac, d’alcool ou d’autres drogues durant lagrossesse est mauvaise pour le bébé à naître. Il pourrait venir au monde en étant trop chétif (moins de 2,5 kg), une condition souvent associée à de plus grands risques de mortalité infantile, de troubles ou de maladies. Une analyse menée en 2010, aux États-Unis, révèle que cela concerne 8,3 % des accouchements.
Certaines études semblent montrer qu’une exposition à un air trop pollué pourrait avoir les mêmes conséquences. Cependant, d’autres recherches aboutissent à des résultats contradictoires, car les protocoles utilisés ne sont pas les mêmes. Difficile pour les spécialistes de trancher.
Cependant, un nouveau travail pourrait faire date en la matière. Publié dansEnvironmental Health Perspectives, il montre que les femmes enceintes qui respirent le plus de particules fines ont un risque modérément accru de donner naissance à un enfant chétif. Une étude intéressante, même si quelques défauts peuvent être pointés du doigt…
Des microparticules dans le viseur
Réalisée par une équipe de chercheurs issus du monde entier, sous l’égide de Tracey Woodruff, de l’université de Californie, à San Francisco (UCSF), cette étude se base sur des données récoltées auprès de 14 centres de recherches différents, situés dans neuf pays. C’est plus de trois millions de naissances qui ont pu être analysées.
Ces travaux se sont focalisés sur les particules atmosphériques de moins de 2,5 µm (PM2,5) et celles de moins de 10 µm (PM10). Elles sont principalement produites par la combustion d’hydrocarbures fossiles (desautomobiles, par exemple) ou de bois, ainsi que par les usines.
Les smogs, ces nuages de pollution urbaine, frappent les grandes villes, comme ici à Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie. Ils sont nocifs, et même pour les bébés encore dans le ventre de leur mère. © Servus, Flickr, cc by sa 2.0
La pollution atmosphérique fait maigrir les nouveau-nés
Concrètement, les auteurs ont estimé qu’à chaque fois que la pollution en PM10 augmente de 10 µg/m3, les risques d’accoucher d’un bébé trop léger augmentent de 3 %. En moyenne, dans ce même créneau, le poids à la naissance diminue de 9 g. À titre indicatif, les niveaux en PM10 varient de 12,5 µg/m3 à Vancouver jusqu’à 66,5 µg/m3 à Séoul.
Si tous les centres disposent de données concernant les particules les plus volumineuses, ce n’est pas le cas pour les PM2,5. Les auteurs ont malgré tout défini une nouvelle fois les risques associés à une augmentation des concentrations dans l’air de 10 µg/m3. Cette fois, les probabilités s’élèvent à 10 %.
Les conclusions peuvent paraître alarmistes, pourtant, à l’échelle individuelle, il y a peu de variations. En revanche, ces chiffres, rapportés à l’échelle de la population, sous-entendent que le phénomène n’est pas marginal et que la pollution atmosphérique serait peut-être responsable de nombreux cas de bébés chétifs à travers le monde.
Améliorer la qualité de l’air pour la santé des bébés
L’expérience est à relativiser, car elle pourrait présenter des biais. L'effet de la pollution atmosphérique sur la santé des bébés reste très faible et les différences observées peuvent être modulées par plusieurs facteurs qui n’ont pas toujours été précisément pris en compte. Par exemple, malgré les efforts des auteurs pour se renseigner sur la consommation de tabac, d’alcool ou de drogues durant la grossesse, ces résultats n’étaient pas systématiquement fournis par tous les centres. Ainsi, cette partie de l’analyse n’a pu être menée que partiellement.
Malgré tout, la relation établie ne paraît pas être le fruit du hasard. Pour l’heure, les explications restent floues. Certains supposent par exemple que les particules fines altèreraient le lien entre le fœtus et le placenta, limitant la quantité de nutriments parvenant jusqu’au bébé à naître. D’autres évoquent plutôt le stress biologique que la pollution engendrerait chez la mère, entraînant des répercussions pour son enfant. Ce ne sont que des hypothèses qui ne demandent qu’à être vérifiées.
Il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures afin d’améliorer laqualité de l’air que l’on respire. Un combat qui n’est pas gagné d’avance dans tous les pays du monde, à en croire un récent rapport. La Chine, par exemple, a de quoi s’inquiéter. La pollution atmosphérique à Pékin y atteint actuellement des records. Espérons que cela n’aura que peu de conséquences sur les nouveau-nés pékinois.
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