Quelle sexualité pendant la grossesse ?

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Quelle sexualité pendant la grossesse ?

Devenir mère, tout en restant femme. La plupart des futures mamans y aspirent. Ainsi, elles sont nombreuses à revendiquer le droit à une sexualité épanouie et ce, à toutes les périodes de leur vie. Grossesse comprise. Alain Héril, sexothérapeute et psychanalyste, nous en dit plus sur ces neufs mois, qu’il perçoit surtout comme un « bon prétexte à la découverte et à la créativité. »


« Et côté sexualité, tout se passe bien ? » Voilà une question que peu de femmes enceintes ont du entendre au cours de leur grossesse. Car si de nombreux aspects psychologiques ou médicaux sont abordés par les différents spécialistes rencontrés tout au long de ces neufs mois, le sexe demeure souvent absent. « L’idée qu’une femme enceinte ne devrait consacrer son énergie, sa pensée et son corps qu’à la gestation est encore très présente », constate Alain Héril. Résultat ? Les ouvrages sur la grossesse abondent chez les libraires, mais la sexualité n’y est, au mieux, évoquée qu’au détour d’un chapitre, voire de quelques pages. « Et d’une manière générale, souligne le sexothérapeute, cela reste très confidentiel et mis de côté. » Pourtant, en dehors de certaines positions morales et de quelques rares contre-indications, rien n’empêche de concilier grossesse et sexualité épanouie. Bien au contraire.

La grossesse, une révolution

Rares sont les femmes à confier qu’être enceintes n’a rien changé à leur vie sexuelle. Si la grossesse n’est pas une maladie, elle entraîne néanmoins un véritable bouleversement hormonal, corporel et psychique, qui ne laisse ni les femmes, ni leurs compagnons, indifférents. « Parce qu’elle joue sur leur humeur, sur leur comportement, sur leur corps, la grossesse a inévitablement un impact sur leur sexualité, affirme Alain Héril. Le contraire serait même étonnant. La future maman, lorsqu’elle est enceinte, n’est plus seule. Elle est habitée par cet enfant qui grandit en elle. Cela amène forcément un certain nombre de questions qui ne se posaient pas avant. »
Il s’agit donc, pour les femmes, d’appréhender leur intimité dans un nouvel état d’esprit, mais aussi, dans un nouveau rapport au corps. « Pour nombre d’entre elles, la grossesse est une occasion de découvrir de nouveaux plaisirs. Pour d’autres, il arrive que cela soit plus compliqué. Parce qu’elles sont plus crispées, ou plus inhibées, et qu’elles ont plus de mal à se laisser aller. Mais dans tous les cas, les sensations sont toujours différentes, » explique le sexothérapeute. Et pour les pères ? C’est un peu le même topo. « Chez les hommes, habités par de nombreux fantasmes, la grossesse peut soit entraîner une hyper-érotisation de leur compagne, soit, à l’inverse, engendrer une hypo-sexualisation, voire, parfois, des blocages. »

Premier trimestre : l’installation

Les neuf mois que composent une grossesse ne sont pas tous identiques, et c’est la raison pour laquelle la sexualité évolue et change en fonction des étapes et des modifications corporelles, hormonales ou psychiques traversées. Dans l’esprit de beaucoup de femmes, le premier trimestre est vécu comme celui de l’installation, de la nidification, avec les inquiétudes que cela peut générer. « Souvent, explique le sexothérapeute, le troisième mois est très attendu, parce qu’il est celui où le risque de fausse couche commence à disparaître. »
Pour le corps, c’est aussi un trimestre riche en bouleversements, car c’est toute une machine qui se met en route au service du bébé à venir. « L’organisme réagit à l’installation de la grossesse, avec son lot de petits désordres. Maux de têtes, nausées, vomissements, fatigue… sont autant d’obstacles à une sexualité réellement épanouie. La femme porte l’essentiel de son attention sur ce qui se passe en elle, se prépare à accompagner la gestation de son enfant. Il est donc courant que ce ne soit pas le moment de la grossesse où circule le plus de désir dans son couple. »

Deuxième trimestre : la plénitude

De rares contre-indications
Sauf avis contraire du médecin (généralement en cas de menace d’accouchement prématuré), il est tout à fait possible de continuer à avoir des relations sexuelles jusqu’à l’accouchement. L’unique bémol concerne l’usage des sextoys vibrants, qui, au premier et au dernier trimestre, ne doivent être utilisés qu’en caresses clitoridiennes et non vaginales. Les premiers mois pour éviter d’accentuer les risques de fausse couche, les derniers parce que les vibrations peuvent être ressenties par le bébé ou favoriser l’ouverture du col de l’utérus.
Le deuxième trimestre, en revanche, signe souvent le début d’un réel mieux être et le retour de la libido. « De nombreuses femmes vivent, dès le quatrième mois de grossesse, une sorte d’état de plénitude dans lequel leur désir sexuel va se réveiller, et parfois même, prendre des formes plus fortes encore que ce qu’elles avaient pu connaître avant d’être enceintes, explique Alain Héril. Il en est même certaines qui découvrent et vivent pour la première fois l’orgasme à ce moment-là de leur vie. »
Un épanouissement soudain qui s’explique notamment par l’optimisation des cinq sens de la femme pendant la grossesse. De la même manière que celle-ci perçoit mieux les odeurs ou les goûts, sa sensorialité, son toucher sont décuplés. « Il ne s’agit pas simplement de dire que les femmes ont subitement plus envie de faire l’amour, mais de bien comprendre que leurs sensations, ainsi que la perception qu’elles ont du monde et d’elles-mêmes, sont modifiées. Elles s’interrogent sur leur corps, leur façon de le regarder, de l’appréhender, et à l’intérieur de cela, la question de la sexualité se pose de manière tout à fait naturelle. »


Troisième trimestre : la créativité

Enfin, le troisième trimestre est celui que le sexothérapeute perçoit comme le plus « créatif » de tous. Et ce, pour une raison à la base purement anatomique : gênés par un ventre qui prend de plus en plus de place, le couple doit faire preuve d’ingéniosité pour contourner cette nouvelle contrainte. « Si les rapports sexuels deviennent inconfortables, les amants peuvent laisser libre court à leur imagination dans le choix des positions, mais aussi, pourquoi pas, dans leurs scénarios sexuels et leurs fantasmes, affirme le sexothérapeute. La grossesse est un bon prétexte à la créativité, et il serait dommage de s'en priver. »
Ainsi, nombreux sont les couples à mettre de côté la pénétration au dernier trimestre pour laisser plus de place aux caresses, et à des rapports érotiques plus sensuels que sexuels. « Certaines personnes craignent de faire mal au bébé en faisant l’amour, ajouter Alain Héril. Une peur qui n’est pas justifiée (l’homme pénètre le vagin de sa partenaire, alors que le bébé, lui, se trouve dans l’utérus), mais qui doit néanmoins être entendue. »

Ce que ressent le bébé

S’il est donc impossible de faire mal au bébé, et même d’entrer en contact avec lui, pendant le rapport, il n’en n’est pas moins vrai que certaines informations peuvent passer jusqu’à lui. « Il n’a en aucun cas conscience que ses parents sont en train de faire l’amour, rassure d’emblée Alain Héril, mais ce qu’il peut recevoir, ce sont des effluves, des vibrations, des flux hormonaux… qui vont s’inscrire en lui sur le terrain du plaisir, du contentement, de la joie. Et ce, de la même manière qu’il perçoit les émotions négatives de sa mère si celle-ci est stressée ou en colère. » Le tout, bien sûr, de façon très ouatée et différée, un peu comme s’il était assis au fond d’une piscine : il peut entendre le son des voix, la musique, mais tout cela reste pour lui très lointain et feutré.

Quand le sexe pose problème

« Dans tous les cas, la base de toute sexualité épanouie reste le désir, rappelle le sexothérapeute, et si celui-ci n’est pas au rendez-vous, pour l’un ou l’autre des partenaires, le plaisir ne le sera pas non plus. Les troubles du désir ne touchent pas tous les couples de futurs parents, mais ils sont néanmoins une réalité pour quelques-uns d’entre eux qu’il ne faut pas négliger. » Il est fréquent que la libido soit fluctuante pendant la grossesse, et ce, tout aussi bien du côté des hommes que des femmes. « D’ailleurs, nous sommes quasiment tous concernés par un désir qui va et vient, pendant la grossesse comme à tous les autres moments de la vie, rationalise Alain Héril. Ce qui change par contre, c’est que la grossesse entraîne parfois des projections qui peuvent annihiler le désir. »
Ainsi, certaines femmes enceintes peuvent être touchées par ce que la psychanalyse appelle un investissement libidinal de l’enfant à naître : « Pour elles, explique le sexothérapeute, c’est comme si le fait d’entrer dans la fonction maternelle les privait de leur fonction d’amante. Après l’accouchement, certaines retrouvent naturellement leur sexualité, d'autres surinvestissent leur bébé et délaissent leur partenaire. » Plus ou moins de la même façon, certains hommes peuvent eux aussi êtres troublés et souffrir de ce qu’Alain Héril nomme l’hypo-sexualisation : leur compagne, parce qu’elle est enceinte et porte leur enfant, devient intouchable, perdant son statut de femme en devenant mère. « Il ne faut surtout pas que ces hommes se forcent, car souvent, tout revient comme avant à l’issue de la grossesse. Néanmoins, je déconseille que ceux-ci assistent à l’accouchement, car ils sont plus sensibles au traumatisme que cela peut être, et risquent même, pour certains, de ne pas réussir ensuite à rexesualiser leur femme. »
Dans tous les cas, un travail sur soi et sur leurs projections peuvent aider les partenaires à renouer avec leur désir, et l’aide d’un thérapeute, ou d’un sexologue, peut être parfois bénéfique. « Certains couples me consultent parfois juste pour s'entendre dire que leur vie sexuelle peut être satisfaisante pendant la grossesse, même si elle est différente. Par exemple sans pénétration, avec simplement des caresses, des massages et beaucoup de sensualité. Comme s'ils avaient besoin de ma caution. Il ne faut pas que les couples hésitent à envisager leur vie sexuelle d’une nouvelle façon pendant ces neuf mois. » Libre à chacun, ensuite, de prolonger les découvertes faites pendant la grossesse ou de retrouver, nostalgiquement, sa sexualité d’avant.



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