Haïti : une jeunesse sacrifiée

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  Une jeunesse sacrifiée

           
 Lorsqu'on décide de sacrifier l'avenir de la jeunesse haïtienne au profit d'un petit groupe, c'est décider d'assassiner volontairement la République. Or, dans toute société, la jeunesse est toujours considérée comme l'axe pivot de la nation. Pour être explicite, la jeunesse est l'avenir de la nation. Un Etat qui traite sa jeunesse comme une entité négligeable, est un Etat sans avenir.
En Haïti, la jeunesse ne doit pas être considérée comme l'ennemi de l'Etat, car, le drame de la jeunesse haïtienne n'est pas une fatalité. Si un individu vit avec son poumon infecté, sa première réaction, en tant qu'être responsable, il va voir un spécialiste pour se faire soigner ; sinon, il est considéré comme un mort vivant. C'est aussi valable pour l'Etat haïtien, qui vit avec une jeunesse désintégrée, sans repère, sans emploi et sans avenir. De tout cela, c'est le coeur de l'Etat qui est malade. S'il continue à ignorer ce drame, il peut être considéré comme un Etat mort. Si les dirigeants continuent à considérer cette jeunesse comme une quantité négligeable, alors, je peux dire, c'est une jeunesse sans secours, une jeunesse en danger.
Pour ma part, je décide de poser certaines questions aux responsables politiques haïtiens :

-La jeunesse haïtienne est-elle une machine de guerre que l'on fabrique ?
-La jeunesse haïtienne est- elle l'avenir de la République ?
-Y a-t-il un coût budgétaire pour une politique sociale au profit de la jeunesse ?
-Pourquoi une République si pauvre n'arrive pas à prendre en compte l'avenir de ses jeunes ?

Selon moi, ce serait en tout cas, manquer de politesse, du coeur et du regard, de voir ces pauvres jeunes aux mains nues sans chercher à comprendre leur extrême détresse.
A quoi peut-on s'attendre quand la jeunesse tombe dans l'oisiveté ? Elle est devenue fragile, perméable à tout, monnayable et influençable !
Nous pouvons constater que la crise actuelle des différentes facultés, c'est le résultat de l'abandon d'une politique sociale à l'égard de cette jeunesse.

Aujourd'hui, la majorité des jeunes Haïtiens ne peuvent pas comprendre les conséquences que peuvent avoir sur leur avenir d'accepter une poignée de dollars pour se lancer dans des actes de banditisme et de criminalité. Cette catégorie des jeunes mérite notre attention, elle ne peut et ne doit pas rester en dehors du système éducatif.
En effet, l'origine des maux et des malaises de ces jeunes, est l'absence d'instruction, l'absence d'un projet professionnel et aussi le manque d'intérêt pour cette catégorie délaissée.

Trop longtemps, notre société n'a pas mesuré l'ampleur et les conséquences fatales qu'il pouvait avoir sur la stabilité de notre pays de laisser une grande partie des jeunes dans l'oisiveté. La saine notion du devoir, la conception du civisme demeure chez nous une fantaisie pour les uns, lettre morte pour les autres. On ignore que, c'est par le cerveau et par le coeur que s'établit la valeur de l'être humain ; c'est par la puissance de devenir qu'il porte en lui; c'est par la volonté et son désir de se perfectionner et de s'élever sans cesse.

Je considère qu'il est nécessaire de donner une orientation à la jeunesse haïtienne, elle a besoin de repères, je pense que si l'instruction est utile dans la vie, l'éducation de la jeunesse haïtienne est encore beaucoup plus nécessaire. Il est inéluctable, dans ce pays de développer : la discipline, le civisme et l'esprit d'initiative. Nous devons avoir la sagesse d'expliquer à la jeunesse, que la voie de la facilité a des conséquences fallacieuses dans le futur. Ne partons point à la conquête de jouissances faciles et éphémères. Apprenons à cette jeunesse à aimer Haïti, à respecter certaines valeurs républicaines.

Ce que je souhaiterais voir, à cette époque de disette patriotique où la puissance du bien semble râler sur le génie du mal. Pour cela, tous les acteurs sociopolitique doivent faire preuve d'une grande combativité pour avoir un écho massif dans leurs actions auprès des jeunes, l'avenir de la jeunesse, n'est pas simplement l'affaire d'un gouvernement, c'est l'affaire de toute une nation.

Je constate que la jeunesse haïtienne a peur de l'avenir, peur de prendre des risques, peur de ne pas pouvoir trouver un poste de travail après la fin de leur cycle d'études professionnelles ou universitaires, peur de ne pas pouvoir terminer leur cycle d'études secondaires, professionnelles ou universitaires, peur de ne pas se faire tuer en allant à l'école ou à la faculté, peur de ne pas être accusée de libertaire , peur de ne pas être comprise par les aînés, peur de ne pas être entendue et enfin peur de ne pas être respectée. Je me demande, comment ce pays peut-il être encore debout, lorsqu'on ignore que la jeunesse est une valeur sure pour la République ?

Recommandations

1. Création de centres professionnels pour les jeunes qui n'ont pas la capacité de boucler leurs études secondaires.
2. Création de maisons de civisme pour apprendre aux jeunes à connaitre leurs droits et leurs devoirs à l'égard de la République
3. Activer le service civique obligatoire afin de permettre aux jeunes d'apprendre une profession durant cette période et de se découvrir
4. Renforcer la capacité des associations de quartier pour mieux encadrer les jeunes défavorisés
5. Construire des universités d'Etat dans les dix départements de la République afin d'éviter que les jeunes ne viennent souffrir dans la capitale
6. Supprimer le concours d'entrée à la faculté après le baccalauréat
7. Inciter les jeunes à créer des projets d'entreprise privée
8. Mettre en place un fonds de solidarité pour les jeunes entrepreneurs haïtiens
9. Renforcer la capacité du centre sportif de Croix-des-Bouquets afin d'accueillir plus de jeunes
10. Organiser une campagne de prévention et de sensibilisation pour les jeunes contre le VIH
11. Renforcer la capacité de la maison de la culture afin de permettre à plus de jeunes d'y accéder
12. Mettre en place un médiateur de la Republique dans chaque université et dans les dix départements de la République en vue d'un dialogue permanent avec les jeunes.

Docteur Frantz TOYO
Docteur en science politique et Doctorant en Droit
-Professeur de Droit International Public à L'INAGHEI
-Professeur de Droit pénal Spécial, pour la maitrise de criminologie de L'UEH
-Conseiller auprès de l'ONU dans le domaine de sécurité Publique.
-Membre de Cabinet du secrétaire d'Etat à la sécurité Publique.

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