Une équipe américaine vient de montrer que
les études de référence sur le sujet avaient probablement surestimé les
risques d’avoir un accident causé par l’utilisation d’un téléphone
pendant la conduite. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que
téléphoner au volant ne présente pas de danger.
Il y avait comme une incohérence. Les conclusions des dernières études sur les dangers de l’utilisation du téléphone durant la conduite
ne sont pas alarmantes, tandis que des travaux antérieurs, faisant
office de référence, accusent le portable de multiplier par 4 la
probabilité d’accident. Il fallait donc trancher.
Si les résultats publiés dans Epidemiology par Richard Young et ses collègues de l’université de Détroit (États-Unis) ne permettent pas de conclure sur la réelle incidence du portable au volant, ils ont au moins le mérite de mettre en avant un biais dans le protocole
des études les plus pessimistes. Les méthodes utilisées lors d’un
travail de recherche canadien décrit en 1997 et dans un article
australien publié en 2005 ont été testées.
Dans ces deux cas, les auteurs recrutaient des personnes impliquées dans un accident de voiture.
Ils comparaient alors, grâce à leur facture téléphonique, l’utilisation
de leur portable au moment de leur accident avec celle répertoriée une
semaine plus tôt dans la même période. Ils demandaient alors aux
conducteurs accidentés si, dans ce laps de temps, ils avaient pris la
voiture.
Des protocoles erronés surévaluaient les risques
En voulant vérifier la pertinence de cette
extrapolation, les chercheurs américains se sont alors rendu compte
qu’elle était biaisée. Les conducteurs passent en moyenne 4 fois plus de
temps dans leur voiture lors des jours d’accident que dans les journées
où ils rentrent sans encombre. Voilà qui change la donne, et si l’on
tente d’intégrer ces données aux études testées, aucun résultat
significatif n’en ressortirait.
Une étude américaine antérieure avait montré que lors de l'écriture d'un SMS
au volant, le regard du conducteur pouvait quitter la route durant 6
secondes, soit le temps nécessaire pour parcourir 150 m à 90 km/h. De
quoi terminer sa course dans les champs. © Ian Britton, Fotofree, cc by
nc nd 3.0
Des chercheurs extérieurs à toutes ces études
reconnaissent effectivement l’intérêt des travaux de Young et acceptent
l’idée que les risques avaient probablement été surévalués. Mais cela ne
signifie pas pour autant que téléphoner au volant ou écrire des SMS n’a
pas d’incidence sur le risque d’accident. « Un certain nombre
d’études utilisant des protocoles différents suggèrent que l’utilisation
du portable – et particulièrement les textos – est dangereuse sur la
route » commente Fernando Wilson, spécialiste de la question à l’université du Texas et étranger à cet article. Et d'ajouter que « toutes les études ont des limites et ne peuvent évaluer précisément le risque d’écrire ou de parler au volant ».
Si l’on ne peut pas chiffrer précisément l’impact du
téléphone, on peut tout de même rappeler qu’il serait impliqué dans 7 %
des accidents de la circulation et serait la quatrième cause de mortalité au volant derrière l’alcool, la vitesse excessive et le non-port de la ceinture de sécurité.
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