Des chercheurs américains viennent de démontrer
l’efficacité d’une thérapie préventive contre le Sida sur des souris, sans passer par un vaccin. La technique, qui consiste à faire
produire des anticorps par un muscle, est prometteuse : son
efficacité contre le virus est totale. Les premiers tests sur les
humains pourraient être lancés dès la fin 2012.
Ce n’est sûrement pas un hasard du calendrier. Alors que l’on
marque aujourd’hui même la Journée mondiale de
lutte contre le Sida, la revue Nature a publié dans son édition de la veille les travaux
très encourageants d’une équipe américaine dirigée par le prix Nobel David
Baltimore. Les chercheurs du California Institute of Technology (Caltech)
sont parvenus à protéger des souris contre une infection par le VIH grâce à une technique analogue à la thérapie génique. Baptisée VIP pour vectored
immunoprophylaxis, cette technique consiste en une injection dans les
muscles de la patte d’un rongeur d'un virus inoffensif (un adénovirus
modifié) équipé d’un gène codant pour des anticorps capables de
combattre le VIH.
Après l'injection, ces anticorps sont synthétisés à fortes
concentrations dans les cellules musculaires, puis diffusent dans la circulation
sanguine. Ils peuvent alors détruire le virus du Sida lorsque celui-ci est
injecté via intraveineuse. Il ne s’agit pas d’un vaccin à proprement parler, qui implique une stimulation du système immunitaire naturellement présent.
Néanmoins, ce procédé est bien préventif et protège les souris d’une infection
par le VIH sur le long-terme.
En réalité, sur les cinq anticorps différents utilisés, deux –
nommés b12 et VRC01 – se sont révélés efficaces au point de neutraliser
complètement le virus du Sida, même quand celui-ci se retrouvait à des doses
cent fois supérieures à une infection naturelle. Un an après l’injection unique
de l’antidote, les taux d’anticorps détectés étaient
encore suffisamment élevés pour prévenir une nouvelle intrusion du VIH.
« Une solution de repli » contre le
VIH
Cependant, il ne faut pas crier victoire trop vite !
Premièrement, il arrive régulièrement que des résultats prometteurs sur des
souris ou même des singes se révèlent négatifs chez l’Homme. De plus, Dennis
Burton, spécialiste américain de l’immunologie et du Sida, reste mesuré dans son
optimisme, à cause du procédé utilisé. « Le meilleur de tous les traitements
reste le vaccin. C’est une méthode éprouvée et testée qui présente très peu de
risques. Mais si cela ne fonctionne pas, nous devons opter pour une solution de
repli. Nous avons ces anticorps sous la main. Si cela fonctionne chez l’être
humain, et c’est une idée concevable, nous disposerions d’une réponse dès
maintenant. »
Le VIH tue toujours près de 2 millions de personnes chaque
année mais ses jours sont peut-être en danger. © visualscience.ru/en/
Désormais, les chercheurs du Caltech espèrent changer de
cobaye et expérimenter leur méthode sur des Hommes. Les tests pourraient même
commencer d’ici un an, à la fin de l’année 2012. Là, les scientifiques se
confronteront probablement aux difficultés intrinsèques à la méthode. Par
exemple, il est pour le moment impossible d’éteindre le gène d’origine exogène. Alors que faire en cas de réaction
allergique ?
Il reste donc quelques réponses à apporter, mais si cette
piste débouchait sur des résultats satisfaisants, alors on aurait franchi un
grand pas. Rappelons que plus de 30 millions de personnes sont infectées et que chaque année, 2
millions de nouveaux cas sont déclarés. La promesse d’un traitement préventif
semble se rapprocher, néanmoins nous ne touchons pas encore du doigt cette
réalité. Mais plus le temps passe, et plus les heures du Sida sont comptées...
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