Quoi de plus insupportable, et de plus banal, que de se croire trompé, remplacé, oublié, nié ? En plus, c’est un sentiment inavouable. Sans doute parce qu’il cache des frustrations inavouées. La jalousie, porte ouverte sur l’inconscient ?
Sommaire
- D’où vient la jalousie ?
- Peut-on être jaloux parce qu’on se sent soi-même infidèle ?
- Les femmes sont-elles plus jalouses que les hommes ?
- Peut-on ne pas être jaloux ?
- Quand tombe-t-on dans le pathologique ?
- Peut-elle cacher un désir homosexuel ?
- En quoi la jalousie diffère-t-elle de l’envie ?
- De quel genre de rival a-t-on peur ?
- Pourquoi est-il si difficile de renoncer à la jalousie ?
- Témoignage : “A travers mon mari, j’étais jalouse de mon père”
- Conseils
Nous avons tous un jour éprouvé cette douleur terrible. Sous son emprise, il a même pu nous venir l’envie de tuer… ou de mourir. Pour, après coup, nous demander : mais qu’est-ce qui m’a pris ? La réponse sera différente pour chacun. Car la jalousie est un sentiment aussi répandu que complexe et trompeur : elle cache souvent des frustrations, des désirs inavoués. Nul besoin de psys pour le deviner : elle nous vient de très loin, du fond de notre enfance. Parfois, la jalousie se cache elle-même, au point d’être méconnaissable. En effet, de tous les sentiments humains, c’est sans doute celui qu’on (se) dissimule le plus. Parce qu’elle est mal jugée, on en a honte et on ose à peine s’interroger sur son fonctionnement. Pourtant, elle a beaucoup à nous apprendre.
D’où vient la jalousie ?
D’après les psychanalystes, on n’aurait jamais été jaloux qu’une seule fois, dans sa toute petite enfance. Une jalousie si terrible qu’elle nous a marqués à vie. Lorsqu’on est jaloux, on ne ferait jamais que revivre cette douleur-là, celle du tout petit enfant qui ne supporte pas de voir sa mère se détourner de lui. Tout d’un coup, son monde s’écroule : il se sent abandonné, trahi.
Pour Lacan, cette souffrance, nécessaire car elle permet de sortir de la fusion avec la mère, intervient à la fin de la période du sevrage, déjà difficile en soi, et au moment où l’enfant s’apprête à vivre un traumatisme important : réaliser qu’il n’est plus tout seul, qu’il existe un autre (par exemple, à l’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille). Tout dépend donc de la manière dont cette première blessure aura été vécue. Que certains avalent les couleuvres plus difficilement que d’autres, et les voilà marqués au fer rouge du manque. Aucun amour ne sera jamais assez grand. Aucun être ne sera jamais assez fiable.
Peut-on être jaloux parce qu’on se sent soi-même infidèle ?
C’est un phénomène assez courant. Avant son mariage, Jean-Jacques, grand séducteur, faisait du charme à tout va et accumulait les conquêtes. Depuis, il s’est « rangé ». Son épouse lui est fidèle. Elle s’habille avec sobriété et se comporte sans provocation. Pourtant, Jean-Jacques, terriblement jaloux, blêmit dès qu’elle converse avec un autre homme. « Ce que cet homme projette sur son épouse, ce sont ses propres désirs, commente Jean-Pierre Winter, psychanalyste. Pour lui, le désir équivaut au passage à l’acte. Donc il se sent coupable, refoule son envie de la tromper et la lui attribue. » Cette jalousie porte un nom : il s’agit de la fameuse « jalousie de projection » que Freud a définie dans son ouvrage Névrose, psychose et perversion, Puf, 1992.
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