L’oléocanthal, un composé retrouvé dans l’huile d’olive, pourrait protéger de la maladie d’Alzheimer en chassant des neurones lesprotéines bêta-amyloïdes, qu’on suppose impliquées dans ladémence. Faut-il se mettre dès maintenant au régime méditerranéen?
On connaissait les vertus du resvératrol, entrant dans la composition du vin rouge. Maintenant, il faudra sûrement faire avec l’oléocanthal, retrouvé dans l’huile d’olive. Une étude menée par des chercheurs américains de l’université de Louisiane à Monroe vient de révéler les effets protecteurs de la molécule sur les neurones : elle faciliterait l’expulsion des protéines bêta-amyloïdes, qu’on accuse d’être responsables de la maladie d’Alzheimer.
Le constat n’est en fait pas tout à fait nouveau. À l’origine, les scientifiques ont remarqué que la prévalence de cette démence était inférieure dans les pays du pourtour méditerranéen, amateurs d’huile d’olive. Un lien entre l’aliment et la maladie a très vite été établi. Les premières suggestions considéraient que les hautes teneurs en acides gras mono-insaturéspouvaient en être la cause.
Mais des travaux plus récents ont commencé à montrer que la clé résidait peut-être dans l’oléocanthal. Cependant, ces intuitions n’avaient pas été vérifiées. Ce qui vient désormais d’être fait dans la revue ACS Chemical Neuroscience.
Cette image prise au microscope montre en marron les agrégats de bêta-amyloïdes par immunomarquage dans le cortex cérébral. Cette protéine vient s'accumuler entre les neurones et pourrait être la cause de la maladie d'Alzheimer, même si on n'a pas encore pu le prouver. © Nephron, Wikipédia, cc by sa 3.0
L’oléocanthal, éliminateur de bêta-amyloïdes
L’expérience a été menée sur une souche de souris faisant office de modèles de la maladie d’Alzheimer. Les observations ont été menées à deux niveaux : in vitro avec des neurones issus de ces rongeurs, et in vivo en observant directement dans le cerveau.
Dans les deux cas, un traitement à base d’oléocanthal extrait d’huile d’olive extra vierge a permis la surexpression de deux protéines, la glycoprotéine P et le LRP-1 (LDL lipoprotein receptor related protein-1). Toutes deux sont des transporteurs des bêta-amyloïdes du neurone vers la circulation sanguine, au-delà de la barrière hémato-encéphalique.
Effectivement, à l’aide de bêta-amyloïdes marqués à l’iode radioactif, les chercheurs ont observé que la protéine caractéristique de la neurodégénérescence était davantage éliminée des cellules nerveusesaprès administration de l’oléocanthal.
L’huile d’olive, la solution contre la maladie d’Alzheimer ?
Les auteurs soulignent donc l’intérêt d’un régime méditerranéen enprévention de la maladie d’Alzheimer, puisqu’une alimentation à base d’huile d’olive diminuerait les risques de développer la démence.
Cependant, ceci n’est pour l’heure qu’une supposition. Les scientifiques n’ont pas mesuré l’effet de cette élimination sur le comportement des souris. Développent-elles les symptômes de la maladie plus tardivement que celles qui n’ont pas reçu d’oléocanthal ? Ont-elles meilleure mémoire ? Apprennent-elles plus rapidement ?
De nouvelles études s’avèrent donc nécessaires afin de conclure si la diminution de la concentration neuronale en bêta-amyloïde suffit pour ralentir voire éradiquer la principale cause de démence dans le monde.
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