Le seul médicament recommandé en cas d’AVC s’accompagne de risques d’hémorragie cérébrale. Mais si on ajoute au traitement des HDL, ce qu'il est convenu d'appeler le « bon cholestérol », on pourrait diminuer ces risques de 90 %.
Des travaux de recherche menés dans le service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat et l’unitéInserm associée 698 ont mis en évidence les bienfaits du bon cholestéroldans la réduction des complications hémorragiques du seul traitement disponible des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les résultats de cette expérimentation, conduite sur le rat, viennent d’être publiés dans Stroke.
À ce jour, le traitement de référence reconnu par l’ANSM en cas d’AVC par occlusion d’une artère cérébrale consiste en l’injection intraveineuse (au pli du coude) d’un médicament appelé Actilyse (altéplase) qui a pour objectif de dissoudre le caillot. Celui-ci permet de guérir le patient dans 40 % des cas, seulement si l’injection est débutée moins de 4 heures 30 après les premierssymptômes d’AVC. Mais la complication redoutée de l’injection intraveineuse de ce médicament est la survenue d’une hémorragie cérébrale avec aggravation neurologique pouvant aller jusqu’au décès dans 6 % des cas, ou sans aggravation neurologique visible dans 20 % des cas.
Le bon cholestérol, combattant de l’AVC
Ce traitement est constitué de lipoprotéines de haute densité (HDL ou bon cholestérol), isolées à partir de plasma humain. Les HDL sont des particules chargées d’évacuer le mauvais cholestérol depuis l’intérieur des artères jusque vers le foie où il est éliminé. Elles ont d’autres actions favorables : elles sont anti-inflammatoires, anti-oxydantes, anti-protéases, évitent l’infiltration des globules blancs dans la zone d’infarctus…
Les AVC sont de deux types : dans 80 % des cas ils sont ischémiques (suite à l'obstruction d'un vaisseau), le reste du temps ils sont hémorragiques (un vaisseau percé par lequel le sang s'écoule). À l'image, on peut voir un AVC ischémique dans une grande partie de l'hémisphère droit (la partie sombre à gauche de l'image). © Lucien Monfils, Wikipédia, cc by sa 3.0
En émettant l’hypothèse que, par leur effet protecteur sur la barrière hématoencéphalique (entre le sang et le cerveau), les HDL pourraient protéger contre les complications hémorragiques de l’altéplase, l’équipe a administré chez des rats l’altéplase trois heures après avoir bouché une artère du cerveau par un filament ou par un caillot.
Altéplase + HDL : la solution pour éviter l’hémorragie cérébrale ?
Une hémorragie a été obtenue chez 62 % des rats après retrait du filament et chez 46 % des rats dont l’artère a été bouchée par un caillot. Dans les deux cas, lorsque l’altéplase a été injectée conjointement avec des HDL, on observait 90 % de moins de complication hémorragique. Les deux modèles (occlusion par un filament ou par un caillot) ont été utilisés pour vérifier l’effet du traitement. Le fait de trouver le même type de résultat renforce la véracité de l’effet des HDL.
« Cette découverte, si elle est confirmée chez l’Homme par un essai cliniqueque nous comptons mener, pourrait révolutionner la prise en charge de l’attaque cérébrale et offrir de nouvelles perspectives pour améliorer laguérison des patients victimes d’AVC. On pourrait même imaginer dans l’avenir la production par génie génétique de particules qui ressembleraient aux HDL » indique le Professeur Amarenco, chef du service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat et co-directeur de l’équipe « Recherche clinique en athérothrombose ».
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