Migraines : pourquoi a-t-on mal à la tête quand on mange une glace ?

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Les maux de tête, bien que fréquents dans la population, restent mal compris. Pour mieux les étudier, des chercheurs ont eu l'idée de s'intéresser aux douleurs temporales qui apparaissent quand on mange une glace ou qu’on boit un liquide bien frais. Une telle exposition au froid influerait sur le débit sanguin dans le cerveau, expliquent-ils. Comme certaines migraines pourraient fonctionner selon ce principe, les scientifiques espèrent prochainement mettre au point un médicament.
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Les glaces, ça ne se dévore pas, ça se déguste ! Sinon, gare à la douleur, brève mais intense, qui remonte jusque dans les tempes. Chacun, plus ou moins, en a fait l'expérience, qui peut aussi bien se produire lorsqu’on avale une boisson bien fraîche. Pourtant, les mécanismes derrière ce phénomène n’ont pas été clairement identifiés par les spécialistes.
On sait malgré tout que les personnes qui ont souvent des migraines sont plus enclines que les autres à présenter ces douleurs lorsqu’elles consomment très froid. Et certains scientifiques supposent aussi que ce mal de tête présente des points communs avec d’autres formes de céphalées, comme celles que subissent les vétérans de guerre après avoir survécu à une explosion. Ainsi, s’attacher à mieux cerner les mécanismes permettrait de mieux les contrecarrer.
Un pas vient d’être franchi par des chercheurs du Département américain des anciens combattants du New Jersey, qui ont annoncé lors de la conférence Experimental Biology 2012 (San Diego, Texas) avoir mis en évidence le lien qui existait entre douleur et débit sanguin dans le cerveau.
La glace fait affluer le sang dans le cerveau
Ils ont dû innover quant au protocole, car les précédents travaux s’intéressant aux céphalées présentaient souvent des biais expérimentaux. Dans certains d’entre eux par exemple, on injectait un médicament qui stimulait la douleur, pour en observer les mécanismes. Or les substances entraînaient des effets secondaires pouvant modifier les résultats. Dans d’autres, on s’intéressait aux maux de tête des patients migraineux. Mais il n’était pas possible de regarder les processus qui se déroulaient en amont de la douleur car celle-ci était imprévisible, ni forcément de les suivre jusqu’à la fin. Avec la céphalée induite par la glace, la situation est mieux contrôlée.
La plupart du temps, un mal de tête est sans gravité. Mais cela ne l'empêche pas parfois d'être très douloureux. S'il dure quelques secondes lorsqu'on mange trop vite une glace, il peut perdurer plusieurs jours dans d'autres situations.
La plupart du temps, un mal de tête est sans gravité. Mais cela ne l'empêche pas parfois d'être très douloureux. S'il dure quelques secondes lorsqu'on mange trop vite une glace, il peut perdurer plusieurs jours dans d'autres situations. © Victorivanovich | Stock Free Images & Dreamstime Stock Photos
Treize volontaires ont subi un Doppler transcrânien (un procédé d’imagerie basé sur les ultrasons) dans plusieurs artères du cerveau pendant qu’ils buvaient de l’eau glacée à la paille, l’embout de celle-ci étant directement placé au niveau du palais, de manière à déclencher facilement la douleur. On leur a également demandé de boire la même quantité d’eau à température ambiante. Quand le mal de tête se manifestait, les sujets devaient lever la main, et la relever lorsqu’il s’estompait.
Parmi les vaisseaux observés, les artères cérébrales antérieures, qui passent au milieu du cerveau, derrière les yeux, se dilatent et un afflux desang monte au cerveau, simultanément à la douleur. Quelques secondes plus tard, une vasoconstriction rapide se produit. C’est au même moment que les volontaires manifestaient la disparition de leur céphalée.
Un inhibiteur de la vasodilatation contre la migraine
Les scientifiques pensent donc que la dilatation est un mécanisme de défense du cerveau, qui permettrait à cet organe fondamental de maintenir sa température idéale en étant mis au contact de davantage de sang bien chaud. Cependant, cette dilatation entraînerait une augmentation de la pression à l’intérieur de la boîte crânienne, qui se manifesterait par une douleur. La contraction de ces vaisseaux interviendrait au moment où la compression deviendrait trop importante, et évacuerait la douleur en même temps que le sang en excès.
Si ces résultats se confirment, les chercheurs y voient l’occasion de traiter un certain nombre de maux de tête, fonctionnant selon ce principe. Il suffirait de bloquer la vasodilatation, à l’aide d’un médicament, pour soigner certaines migraines. Cependant, si comme les auteurs le pensent, ce mécanisme est un réflexe de défense et de protection, il faudra encore s’assurer que les dommages qui découleront de la thérapie ne deviendront pas plus conséquents.

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