Est-ce normal pour un jeune homme de 20 ans d’avoir à tout moment des érections imprévisibles? Pour une fille de 30 ans de vouloir de plus en plus de sexe? Pour un homme de40 ans de voir faiblir ses érections? Pour un couple d’âge mûr de vouloir encore « faire des folies »?
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Bien sûr, il n’y a pas de réponses universelles à toutes ces questions. Chaque cas est particulier et dépend d’une multitude de facteurs : éducation, culture, expériences sexuelles bonnes ou mauvaises, maladies, prise de médicaments, etc. Mais, il semble y avoir certaines constantes qu’il peut être rassurant de connaître avant de se demander : « Qu’est-ce qui m’arrive? Suis-je normal? »
Nous avons demandé au psychologue et sexologue Yvon Dallaire1, qui a publié différents ouvrages sur ces questions, quelles étaient les principales caractéristiques de la sexualité aux diverses périodes de la vie.
Le sexe avant 20 ans : l’emprise des hormones
Les filles ne subissent pas cette poussée d’hormones, et vont plutôt plonger dans le romantisme. Bien sûr, elles peuvent avoir des pulsions sexuelles et utiliser la sexualité pour trouver des partenaires ou séduire un garçon. Mais ce qui les intéresse, ce sont davantage les dimensions relationnelles et sensuelles. Tandis que bien des garçons de 15 ans se masturbent chaque jour, les filles s’en tiennent en moyenne à une fois toutes les deux semaines. En général, elles se sentent plus dans la sensualité que dans la génitalité.Autour de 15 ans à 20 ans, les hommes et les femmes sont biologiquement à deux extrêmes. Le corps des garçons de 15 ans se charge de testostérone, le carburant sexuel par excellence. Pour plusieurs, cela se traduit par une soudaine obsession de la performance sexuelle génitale. « On a le sexe au plafond, il faut se prouver qu’on est des hommes », rappelle Yvon Dallaire.
Le sexe de 20 à 30 ans : profiter de « l’expertise » de l’autre
En général, les hommes sont au summum de leur performance génitale pendant la vingtaine. Pour les femmes, le plaisir génital se développe plus graduellement et n’atteint souvent son apogée que vers 30 ans, à condition qu’elles aient accumulé des expériences relationnelles et érotiques agréables.Hommes et femmes sont encore dans leurs pôles respectifs. Quel homme dans la vingtaine ne s’est pas déjà fait dire : « Tu ne penses qu’à ça... tu es un vrai obsédé sexuel... » Pendant ce temps, certains soupçonnent leur partenaire d’être « frigide » parce qu’elle veut plus parler d’amour que faire l’amour. Durant cette période, le défi est d’accepter de se laisser influencer et d’apprendre de l’autre.
L’apprentissage de l’orgasme étant plus complexe chez la femme que chez l’homme, le jeune homme peut aider sa partenaire à développer sa génitalité. C’est d’ailleurs un des grands désirs et plaisirs de l’homme de faire en sorte que sa partenaire connaisse les mêmes plaisirs intenses qu’il ressent sur le plan génital.
De son côté, le garçon doit cesser de penser que la fille a le même désir et la même libido que lui. Il doit rester ouvert à ce qu’elle peut lui apporter dans les domaines de la sensualité, de la tendresse, de l’intimité et des sentiments. Il peut aussi apprendre d’elle la délectation de se laisser désirer, de cultiver l’attente, de faire durer le plaisir, de jouer, de rire.
Contrairement à l’homme, la femme peut avoir plusieurs orgasmes d’affilée. Mais si, ensemble, ils savent moduler les stimulations, l’homme pourra apprendre à retarder son éjaculation et à laisser monter le plaisir en plusieurs paliers de plus en plus intenses, jusqu’à l’orgasme. Il s’agit d’un véritable apprentissage. « Il est primordial de savoir que c’est tout à fait normal de ne pas y arriver à tout coup : la majorité des mammifères éjaculent dès l’intromission », souligne Yvon Dallaire.
Parallèlement, la femme peut apprivoiser et explorer tout ce qui gravite autour de l’orgasme, de la montée du plaisir, même d’une certaine agressivité, et réaliser que pour elle aussi il s’agit d’unapprentissage normal. Enfin, c’est l’occasion pour bien des femmes de cesser d’espérer l’arrivée de l’homme parfait...
Le sexe de 30 à 40 ans : la maturation
Lors d’une conférence organisée par l’Université McGill, Julie Larouche, psychologue clinicienne et coordonnatrice du Programme de santé sexuelle du Centre universitaire de santé McGill, a donné 2 conseils à ce propos2. D’abord, dire « non » aux choses qui prennent trop de notre temps, la télévision venant en tête de liste! (Les Canadiens regardent plus de 20 heures de télévision par semaine.) Puis, fixer ses priorités etinscrire la vie sexuelle à l'agenda. Prévoir un temps pour l'amour en vaudrait vraiment la peine, même si, au départ, cette idée ne semble pas très romantique...Pendant cette période, ce sont souvent des contraintes d’ordre familialou de carrière qui font obstacle à la vie sexuelle. Pourtant, c’est aussi l’occasion de poursuivre les découvertes faites dans la vingtaine. Le défi est alors d’utiliser sa créativité pour garder le désir vivant et poursuivre sur la lancée du plaisir malgré les enfants, le travail et les soucis du quotidien.
Au cours de la trentaine, si le désir sexuel de l’homme est régulièrement comblé, de diverses façons, il devient de moins en moins obsédant. Et la pression des hormones commence aussi à se faire moins insistante. De son côté, la femme ayant connu et exploré le plaisir génital et orgasmique devient de plus en plus réceptive à la sexualité. Elle voudra souvent tenter de nouvelles expériences et mettre plus de piquant et de fantaisie dans sa vie sexuelle. C’est à ce moment que bien des personnes en profitent pour approfondir leur plaisir et apprendre à donner et à recevoir davantage.
Le sexe de 40 à 50 ans : l’équilibre, à condition que...
Par contre, de nouveaux dangers guettent les personnes qui n’ont pas trouvé cet équilibre. Par exemple, les hommes insatisfaits sexuellement verront surgir le « démon du midi » et voudront enfin vivre leur adolescence... Certaines femmes qui n’ont pas réussi à s’épanouir sexuellement pourront à l’inverse être complètement désabusées par la sexualité.C’est pendant la quarantaine que les différences au plan sexuel sont à leur minimum entre les hommes et les femmes. De part et d’autre, on retrouve souvent un équilibre entre la sensualité et la génitalité. « Pour plusieurs couples, c’est un moment d’apogée sexuel », constate Yvon Dallaire.
D’autre part, la quarantaine entraîne une multitude de changements, particulièrement au plan physique. Tant chez l’homme que chez la femme, la libido peut diminuer. De plus, les érectionspeuvent être moins spontanées, moins fermes et moins durables. Les éjaculations et les orgasmes peuvent être moins puissants. Chez la femme, les seins ont tendance à s’affaisser, la lubrificationpeut devenir plus lente et moins abondante et le nombre de contractions orgasmiques diminuer.
Le grand danger est de considérer tous ces changements, pourtant normaux, comme desdysfonctions sexuelles. Les pensées négatives et les doutes concernant sa virilité, sa beauté ou son pouvoir de séduction peuvent alors créer un état psychologique et émotif très néfaste. C’est le fait d’ignorer que ces modifications sont normales, et la panique qui s’ensuit, qui serait la principale cause des problèmes d’impuissance ou de perte de désir des personnes de plus de 40 ans.
« Pourtant, il est clair que la capacité de plaisir n’est aucunement réduite, au contraire », affirme le sexologue. Le plaisir sexuel peut continuer de s’intensifier, la complicité peut grandir et il est encore possible d’explorer de nouvelles zones érogènes.
Le sexe à 50 ans et plus : et ça continue...
Mais vers la cinquantaine, bien des femmes à l’aube de la ménopause, et voyant leur corps flétrir, se sentent moins désirables. Au même moment, la libido de l’homme et ses performances génitales peuvent beaucoup diminuer. Certaines femmes risquent de penser que c’est peut-être parce qu’elles sont moins belles et attirantes. Elles peuvent pourtant continuer à être actives sexuellement et ainsi entretenir la sexualité du couple. La femme doit, par exemple, réaliser que, désormais, elle doit contribuer davantage à stimuler l’érection de son partenaire qui ne se produit plus « automatiquement » comme à 20 ans. En outre, lorsque l’on vit une longue période d’abstinence sexuelle, il est plus difficile, tant physiquement que psychiquement, de revenir à une vie sexuelle active.À partir de 50 ans, on assiste à une baisse graduelle de l’importance dusexe dans la vie. Biologiquement, les personnes âgées peuvent pourtant tout à fait poursuivre leurs activités sexuelles, mais le font généralement avec moins de fréquence. « Les études montrent que les 50 ans à 70 ans qui continuent de faire l’amour ou de se masturberrégulièrement vivent plus vieux, en meilleure santé et plus heureux! », insiste Yvon Dallaire. Cela s’expliquerait de façon physiologique, mais aussi psychologique parce que le corps continue d’avoir du plaisir.
Concernant les produits comme le Viagra, il faut savoir qu’ils fonctionnent mieux avec les hommes qui ont des difficultés érectiles dont l’origine est d’ordre psychologique. Le Viagra peut être fort utile et facilite bien sûr l’érection. Mais cela amène surtout l’homme à se sentir moins tendu et moins axé sur la performance. Il peut alors se laisser aller davantage, ce qui facilite les érections.
Avant de se tourner vers le Viagra, l’homme pourrait apprivoiser l’idée que ses érections sont désormais plus longues à obtenir, qu’il lui faut plus de stimulation, et qu’il n’est plus obligé d’atteindre l’orgasme à tout coup. Accepter cela minimise l’anxiété qui est à la base de la majorité des difficultés érectiles d’ordre psychologique. Et le plaisir peut revenir au rendez-vous.
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