Pour beaucoup, la jalousie est une preuve d’amour. Si notre partenaire en est dénué, il n’est pas rare qu’on le lui reproche. C’est à son aune que nous mesurons la force de la passion. La jalousie fait donc partie du plaisir de l’amour : elle réveille, galvanise, érotise ! C’est un aphrodisiaque. Relancer son désir sur la jalousie est d’ailleurs une pratique courante. La violence du désir est décuplée, liée à l’agressivité, à l’envie d’écraser, le rival… « Mon mari m’a toujours fait des scènes de jalousie tout à fait injustifiées, raconte Marie. J’en étais très agacée jusqu’au jour où je me suis rendue compte qu’il aimait cela. Après ces scènes, il me faisait l’amour avec une ardeur accrue. »
Mais la jalousie n’est pas gouvernée par la seule passion. Pendant des siècles, elle a été avant tout une affaire d’honneur à régler entre hommes. Le Méditerranéen, par exemple, se doit d’être jaloux : cela relève du code social. « Mais, aujourd’hui, les codes se transforment, tournant souvent le dos à l’héritage culturel », explique Catherine Anthony.
Nous avons tous des stratégies – inconscientes – de protection. Certains se blindent au point qu’ils ne peuvent ou ne veulent plus tomber amoureux : leur refus d’aimer est un refus d’être trahi. D’autres parviennent à se convaincre qu’ils gardent toujours la place préférentielle. D’autres encore s’inventent des échappatoires assez surprenantes : ainsi Henri pousse sa femme dans les bras d’un autre et désire assister à la scène. « Ce n’est pas qu’il ne soit pas jaloux, souligne Michèle Montrelay, mais sa jalousie est au contraire si aiguë qu’il lui faut à tout prix y échapper. En lui appliquant des figures concrètes, il l’exorcise… »
Il existe d’autres remèdes… L’écriture, par exemple, a apaisé bien des jaloux. « Ecrire, c’est tuer ! » pour reprendre les mots d’Henri Michaux. Combien de pièces de théâtre, de romans, de scénarios n’ont-ils pas été bâtis sur ce sentiment ! Nathalie, elle, est entrée en psychothérapie : « Cela m’a aidée à changer de regard, à prendre du recul et, surtout, à mieux supporter les moments de crise », confie-telle. « Mais on ne “guérit” pas de la jalousie, prévient Jean-Pierre Winter. Pas plus qu’on ne guérit de l’amour. L’analyse n’est pas une anesthésie. »
En clair, nous ne pouvons pas refuser d’être jaloux, mais nous pouvons refuser de nous laisser détruire par la jalousie.
En clair, nous ne pouvons pas refuser d’être jaloux, mais nous pouvons refuser de nous laisser détruire par la jalousie.
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