L’être humain est sensoriel. Certes. Mais il lui faut parfois explorer de nouvelles sensations pour intensifier son rapport au monde. Comment être plus réceptif aux plaisirs que le corps propose ? Sept experts ès sens nous ouvrent la voie.
Aurore Aimelet
Sommaire
- 1. Offrir sa peau au toucher… et habiter son corps
- 2. Enrichir sa palette olfactive… et mieux se souvenir
- 3. Savourer la routine… et être à l’écoute de ses émotions
- 4. Cuisiner de bons petits plats… et rendre heureux
- 5. Bouger son corps… et se relier au monde
- 6. Écouter vibrer son organisme… et entrer en résonance
- 7. Cesser d’intellectualiser… et accueillir les sensations
Pour en savoir plus sur la pratique de Galya Ortega : www.galyaortega.com
1. Offrir sa peau au toucher… et habiter son corps
Être « bien dans sa peau » tient au fait de reprendre contact avec elle. « Le massage permet de se reconnecter avec une sensualité naturelle, dont l’éducation et les diktats socioculturels nous ont éloignés, affirme Galya Ortega, praticienne en soins holistiques et spécialiste du massage. Notre peau est notre premier moyen de communication, notre premier capteur sensoriel lors de la vie intra-utérine. La toucher, la sentir nous ramène à une sécurité de base. » Pour repartir sur le chemin de ces sensations archaïques, massons-nous les uns les autres !
Sans préjugés, de la même façon que l’on masse un nourrisson, geste ô combien recommandé par les pédiatres. Des scrupules ? « On peut alors confier sa peau aux mains d’un spécialiste, suggère Galya Ortega. Ou l’offrir aux éléments extérieurs : fouler le sable pieds nus, sentir le soleil ou le vent sur son visage, l’eau de la douche sur son corps… Il s’agit de saisir le plus souvent possible les messages de bien-être que la peau ne cesse d’envoyer au cerveau. Et se demander : “Qu’est-ce que mon enveloppe, ce lien précieux entre mon monde intérieur et le monde extérieur, m’apprend, à moi, être vivant ?” » Une façon d’habiter son corps, de redevenir sujet de soi-même.
2. Enrichir sa palette olfactive… et mieux se souvenir
Orthophoniste au service de rééducation neurologique de l’hôpital de Garches, dans les Hauts-de-Seine, Christiane Samuel y a organisé avec l’association Cosmetic Executive Women (CEW) des ateliers d’éveil olfactif pour des patients victimes de traumatismes et atteints de troubles de la mémoire ou du langage. Elle est l’auteure, avec Samuel Socquet-Juglard et Patty Canac, d’Êtes-vous au parfum ?
Entrer dans une parfumerie et dénicher la fragrance que portait sa grand-mère. Se souvenir. « Le relais entre une odeur et le cerveau limbique, siège de l’émotion, est très rapide, explique Christiane Samuel, orthophoniste en stimulation olfactive. Une senteur a le pouvoir de faire resurgir à la conscience des pans entiers du passé. » Et l’émotion de pointer son nez, à l’improviste. « L’odeur est immédiatement traduite en ces termes : “Je connais/Je ne connais pas.” Donc “J’aime/Je n’aime pas.”
Apprendre à maîtriser son odorat, créer son répertoire d’odeurs permettent de mieux connaître ses préférences olfactives. » Et, in fine, de mieux nous connaître, tant nos goûts en la matière sont liés à notre histoire personnelle.
Comment enrichir sa palette ? « On peut apprendre à distinguer les épices, les arômes, ceux qui nous plaisent, ceux qui nous gênent, poursuit l’orthophoniste. Pour, plus tard, innover en cuisine ou choisir un parfum d’ambiance qui nous corresponde. On peut plus simplement partir en balade olfactive, dans la nature, bien sûr, mais aussi en ville. Faire les boutiques est une véritable exploration : chacune à son odeur. À nous de découvrir celle dans laquelle on se sent bien, celle qui nous rappelle un événement… » Christiane Samuel est formelle : la madeleine qui ramenait Proust vers son enfance est une réalité neurologique…
3. Savourer la routine… et être à l’écoute de ses émotions
Michèle Freud est l’auteure deRéconcilier l’âme et le corps, quarante exercices faciles de sophrologie (Albin Michel, 2007).
La sensualité serait-elle compatible avec le train-train ? C’est en tout cas l’avis de la psychothérapeute et sophrologue Michèle Freud : « Pourquoi ne pas commencer par une activité routinière et décider de la faire plus consciemment ? Ralentissez tous vos gestes, donnez-leur du temps et emparez-vous de cette foule de détails auxquels vous n’accordiez pas d’importance : repassez des vêtements et percevez l’odeur du linge; empruntez ce chemin mille fois effectué en observant les maisons, les bosquets; buvez votre thé et attardez-vous sur son arôme, sa couleur, sa chaleur, etc. »
Le quotidien regorge de ces petits moments que l’on vit sans y penser, pressé d’en terminer avec nos obligations. « Ils déclenchent pourtant autant de sensations que d’émotions, dès lors que l’on y prête attention, ajoute la thérapeute. Une chose est sûre : la sensualité s’éduque. Elle se cultive et, avec un peu de pratique, distille un plaisir quotidien dans notre corps et dans notre vie. »
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