Le rythme circadien serait plus rapide de 6 minutes chez les femmes que chez les hommes. Cette découverte permettrait d’expliquer certaines différences biologiques entre les deux sexes, notamment des décalages des heures de lever et de coucher.
Du latin circa, « autour », et diem, « jour », le rythme circadien correspond au cycle biologique d’une durée de 24 heures, retrouvé chez la majorité des organismes. S’il régule l’ouverture des feuilles et des pétales chez les végétaux, chez les animaux et l’Homme, il contrôle notamment les périodes de sommeil et la température corporelle.
Bien qu’aligné sur l’alternance quotidienne du jour et de la nuit, le rythme circadien est en réalité contrôlé de façon endogène par ce que l’on appelle l’horloge interne. Celle-ci est située dans une région du cerveau, le noyau suprachiasmatique, constitué de 10.000 cellules hébergées par l’hypothalamus. Informée par les neurones en provenance du système visuel, cette horloge perçoit l’absence de lumière du jour et commande en conséquence la synthèse de mélatonine par la glande pinéale, également située dans le cerveau.
Des différences de l’horloge liées au sexe chez les animaux
Cette neurohormone induit le déclenchement du sommeil, mais est aussi impliquée dans la régulation de nombreuses hormones et de nombreux systèmes biologiques (digestif, immunitaire, cardiovasculaire…). En cas de dérèglement de sa production, elle peut notamment entraîner certains phénomènes de dépression ou de prise de poids.
Si les hormones sexuelles ne semblaient pas être impliquées dans la régulation de l’horloge biologique, des modèles animaux ont néanmoins permis de mettre en évidence des différences de périodes circadiennes liées au sexe, suggérant une réalité biologique des tendances observées chez les humains (les femmes se lèveraient et se coucheraient plus tôt et seraient plus sujettes aux insomnies).
Mesurer la durée du cycle
Car si une journée dure bel et bien 24 heures (le temps d’une rotation de la Terre sur elle-même), le cycle circadien est quant à lui un peu moins précis. Il varie selon les individus de 23 heures et 30 minutes à 24 heures et 30 minutes. Chaque jour, grâce à l’ensoleillement, l’horloge corrige son erreur. Mais si l’on enlève ce repère, le rythme circadien ne peut plus se corriger et le cycle se décale. La durée du cycle prévue par l’horloge peut donc être mesurée.
Pour mettre en évidence une éventuelle différence du cycle liée au sexe, une équipe constituée de chercheurs de l’Université de Harvard mais aussi de l’Inserm ont mesuré le rythme circadien de 157 personnes. Placés dans un environnement particulier en absence de toute information temporelle, 52 femmes et 105 hommes âgés de 18 à 74 ans ont ainsi été suivis pendant 2 à 6 semaines, au cours desquelles des mesures des taux de mélatonine et de leur température corporelle ont été réalisées.
Les femmes en décalage par rapport aux hommes
Selon les résultats parus dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, la moyenne de la durée du cycle biologique, hommes et femmes confondus, est légèrement supérieure à 24 heures (24 heures et 9 minutes), ce qui est habituel. En revanche, les chercheurs ont été surpris de découvrir une différence significative entre les deux sexes, puisque les femmes ont en moyenne un cycle plus court de 6 minutes. De plus, il apparaît que les femmes sont 2,5 fois plus susceptibles que les hommes d’avoir un rythme circadien de moins de 24 heures.
L’ensemble de ces données montre que si les femmes ne parviennent pas à réajuster leur horloge quotidiennement, elles auront effectivement tendance à se lever et se coucher plus tôt que la veille. En cas de troubles du sommeil, des thérapies adaptées au sexe (dose et heure) pourraient alors être imaginées.
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