Un test sanguin basé sur l'analyse des chromosomes pourrait permettre, selon ses inventeurs, de déterminer l'âge biologique des patients, et ainsi d'estimer leur espérance de vie. Le public sera-t-il séduit par ce concept ?
Un test sanguin promettant de déterminer l’âge biologique des personnes l’utilisant, et donc potentiellement d’estimer le temps qu’il leur reste à vivre, devrait être commercialisé dès cette année, d’après le journal britannique The Independant. La société espagnole, Life Length, à l’origine de ce test déjà controversé a été créée en septembre dernier. Se considérant comme « la première entreprise de biotechnologie qui mesure les télomères », cette entreprise s’appuie sur la spécialité de l’une de ses fondatrices, María Blasco, une scientifique qui travaille au Centre national de recherche oncologique (CNIO) à Madrid.
Les télomères, ces morceaux d’ADN retrouvés aux extrémités de chaque chromosome, sont une sorte d’embout de protection du patrimoine génétique. Objets du prix Nobel de médecine et de physiologie en 2009, ils se présentent sous la forme de courtes séquences (six nucléotides, TTAGGG) répétées un grand nombre de fois, si bien que leur succession confère aux télomères une longueur pouvant atteindre 15.000 bases, voire davantage.
L’âge biologique n’est pas l’âge chronologique
Mais tout dépend de l’ « âge biologique » des cellules. En effet, les télomères ont tendance à raccourcir avec le temps et les événements qu’ils subissent. Car à chaque cycle de mitose, l’ADN est dupliqué par l’enzyme chargée de la copie du génome (l’ADN polymérase) pour qu’une seule cellule mère puisse donner naissance à deux cellules filles possédant chacune l’intégralité du patrimoine génétique. Les télomères, qui sont tout au bout du chromosome, sont difficilement copiés par l’ADN polymérase, et perdent finalement quelques-unes des nombreuses séquences répétées.
Les télomères constituent les extrémités des chromosomes.
Ce n’est pas grave en soi, puisqu’il s’agit d’un phénomène inévitable, correspondant au processus naturel de vieillissement. C’est l’accumulation de ces raccourcissements qui finit par être néfaste, entraînant la mort de la cellule, des maladies voire des cancers. En plus des divisions cellulaires, d’autres événements, comme l’oxydation ou les inflammations peuvent favoriser un raccourcissement prématuré des télomères. Une hygiène de vie peu saine (tabac, alcool, fatigue, stress…) peut alors provoquer un vieillissement accéléré, où l’âge chronologique (la durée réelle) n’est plus en adéquation avec l’âge biologique (l’état des cellules).
Des travaux avaient d’ailleurs déjà permis de faire une corrélation entre la longueur des télomères et le risque de développer plus précocement des maladies liées à l’âge, comme la maladie d’Alzheimer, les maladies cardiovasculaires ou des troubles du système immunitaire. Selon certaines études, la longueur des télomères influencerait donc directement l’espérance de vie.
Connaître l’heure de sa mort pour 500 euros
Le test proposé par Life Length permet alors d’estimer l’âge cellulaire des clients, en mesurant la longueur des télomères des cellules sanguines. La technologie s’appuie sur la Q-Fish (ou hybridation quantitative de fluorescence in situ), où une sonde fluorescente se fixe sur les télomères, de façon proportionnelle à la longueur de ceux-ci. Selon la société, l’intensité de fluorescence est donc représentative de l’âge biologique.
Un communiqué de Life Length assure qu’il s’agit d’un test bien plus précis que d’autres actuellement commercialisés (notamment par SpectraCell Laboratories). Il serait en effet capable de déterminer cellule par cellule la longueur des télomères et ainsi de déterminer la séquence la plus courte (et la plus dangereuse), là où d’autres se contentent de mesurer une moyenne globale. Son coût s’élèverait à 500 euros et devrait intéresser les patients qui aimerait savoir s'ils vivront longtemps ou non...
Il est important de rappeler que les résultats de ce test ne sont qu’indicatifs et ne peuvent pas, à l'heure actuelle, déterminer le temps qu'il reste à vivre. Des scientifiques s’inquiètent déjà quant à l’utilisation qui peut en être faite par des personnes mal intentionnées, tentant de profiter de cette indication pour vendre des produits miracles antivieillissement, ou pour refuser certaines prestations pour cause de télomères trop courts.
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